Everybody has a chapter they don't read out loud

SAMEDI 9 SEPTEMBRE 2017

La rentrée avait une saveur amère. Bien que Seito soit heureux d'être sur le campus, loin du drama familial, il n'en restait pas moins désabusé et aigri. Cette semaine tout particulièrement. Il avait retrouvé le bureau intimidant d'un psychologue et en était ressorti profondément agacé. Quelle question à la con que de lui demander ce qu'il pensait faire là. Comme s'il était venu de son plein gré. Comme si qui que ce soit aimait s'infliger ces discussions stériles sur le pourquoi du comment. Le problème était simple, il résidait en un petit être soit disant innocent, avec qui faire la paix semblait inconcevable. L'exercice de parler à un psychologue lui était familier et avait fait ressurgir de sombres souvenirs à la surface. Notamment ce foutu journal de bord à remplir tous les jours, censé apaiser sa douleur et l'accompagner au quotidien. Comme tout ce qu'il avait entrepris, cela avait marché un temps jusqu'à ce que la vérité se dévoile dans toute son immondice. A se demander s'il faisait réellement parti de ce monde.

Son humeur avait été tantôt massacrante, tantôt enjouée. Il avait tout fait pour le dissimuler au mieux mais certains mots plus hauts que d'autres avaient été prononcés malgré ses efforts. Il en ressortait épuisé et ses cauchemars de la nuit n'avaient rien arrangé. La matinée s'était écoulée dans le calme. Peu motivé, il avait fait ses devoirs. Il n'avait rien prévu avec Mitsuki et l'après-midi lui semblait interminable avant qu'il ne se décide à bouger. Peu de chance de trouver âme qui vive au club de littérature. Il avait déjà été deux fois dans la semaine au club de foot et l'idée de courir le rebutait. Il ne lui restait plus que le club de kyudo. Lui et son arc, en solitaire, face à ses démons. Comme un besoin impérieux de se concentrer sur un unique but, une cible circulaire, et trouver son compte en la transperçant. Le lycéen n'avait pas réfléchi plus longtemps et se trouvait à présent dans les vestiaires du club, arrêté en plein milieu du passage.

Marshall-senpai était déjà présent. Ce qui est jusque là logique pour le président du club. Ce qui l'était moins par contre résidait dans le fait que, plutôt que de se mettre en tenue, il semblait ranger ses affaires. Les sourcils froncés, Seito finit par franchir le seuil de la porte et s'assoit sur le banc, juste à côté du sac de l'étudiant. Ne dérogeant pas à ses habitudes, il ne passe pas par quatre chemins et confirme sa présence en s'exclamant, souriant :

« Salut Senpai ! Tu fais quoi, tu t'mets pas en tenue ? »

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