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- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1905■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 19 ans
❖ Chambre/Zone n° : L-1
❖ Arrivé(e) en : Fin Novembre 2016
SAMEDI 23 DÉCEMBRE 2017
Premièrement, admets que tu es malheureux.
Ses pieds claquent sur le goudron. A chaque foulée, la gare se rapproche. Plus que quelques minutes avant la fermeture des portes. Son sac lui cisaille les épaules, sa valise vole derrière lui. Négocier un jour de plus sur le campus avait requis la mention de ses amis. Ce qui avait soulevé un tas de nouvelles questions auxquelles il avait promis de répondre dès l'instant où il poserait un pied chez lui. Pour l'heure, seul lui importait ce train et la nécessité qu'il soit dedans.
Plus aucune promesse ne pouvait être rompue. Mettre à plat ses sentiments, dévoiler ses tourments, avait été bénéfique. La brèche à présent ouverte, il était trop tard pour la colmater. Les conséquences de cet épanchement résultaient en une confiance renouvelée qui, d'après le psychologue, devait aller dans les deux sens. Seito s'était senti prêt à jouer le jeu, du moment que la réciprocité était effectivement de la partie. Un gâteau d'anniversaire avait servi d'appât. Nul ne savait à quelle sauce il serait mangé ensuite.
Et cet inconnu était terrifiant.
La machine bipe en absorbant son ticket, il se rue sur le quai. Manque de bousculer un contrôleur, se rattrape et saute dans le premier wagon. Un coup de sifflet annonce le départ alors que les portes se referment. Son bonnet et écharpe subissent le contrecoup d'une bouffée de chaleur et s'échouent sur sa valise. Il s'autorise un instant avant de chercher sa place. Le KFC pèse sur son estomac. Mais quel agréable moment il venait de passer ! Ses doigts écartent les mèches de cheveux collées à son front puis il inspecte son billet.
Il aurait été trop beau qu'il soit dans le premier wagon. Ajustant les sangles de son sac à dos après avoir avoir fourré ses accessoires dedans, le japonais fait rouler sa valise dans le couloir jusqu'à atteindre le sas suivant. Un petit garçon lui jette un regard insistant, il l'ignore et poursuit son chemin. Finalement le troisième wagon l'accueille tout aussi silencieusement que les précédents. Ses yeux repèrent un vieux monsieur lisant un journal, se glissent sur un couple dissimulant leur hilarité puis inspectent le fond de la rame où deux enfants sont penchés sur une Switch.
Sa place l'attend, vide.
Le lycéen range sa valise dans le rack prévu à cet effet et se glisse sur son siège. L'instant d'après, ses doigts pianotent un message à Nolan et Pablo : Je l'ai fait... je suis dans le train. Merci pour ce midi. Il hésite à ajouter qu'il les apprécie beaucoup, mais à la place il écrit : J'espère qu'on a pas trop soûlé ta cousine avec nos conneries, enfin surtout moi. Un sourire gêné étire ses lèvres. Il met la pagaille dans ses cheveux et repose sa tête contre le dossier avant de fermer les yeux. Le trajet passe en un éclair. Il somnole jusqu'à ce que le train le dépose à la gare de Kawachingano.
Deux petits jours avant de partir au ski. Cette constatation fait fleurir un sourire plus franc sur son visage embrumé. La performance des vacances se jouera à son retour pour le nouvel an. Dix longues journées pendant lesquelles il devra faire des efforts et prouver à tout un chacun qu'il a pour volonté de changer. Mais encore une fois, ce n'est pas à sens unique. Seito place de grands espoirs face au revirement de ses parents. Cela peut paraître puéril mais il a hâte de leur raconter sa vie dernièrement et bien sûr, leur annoncer ses résultats aux examens.
La maison éclaire le fond de la rue tel un phare.
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1905■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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DIMANCHE 24 DÉCEMBRE 2017
Puis admets pourquoi.
« 72/100. » déclare-t-il fièrement. Le japonais observe alternativement son père et sa mère et finit par rencontrer les yeux de son père.
« C'est surprenant mais ça fait plaisir à entendre mon fils. » Son paternel hoche la tête, approuvant le résultat. Si la surprise teinte ses propos, son visage n'en montre rien.
« J'ai encore du progrès à faire dans certaines matières mais j'ai vraiment beaucoup révisé cette fois-ci. » La justification n'est pas utile, pourtant cela le soulage d'être pleinement honnête. Il baisse les yeux et sourit faiblement.
« Et très vite, tu excelleras dans tous les domaines. »
« Tu pourras alors prétendre à n'importe quelle université de renom par la suite. » intervient sa mère, le soulagement se lisant aisément sur son visage.
« Il a fait quoi Onii-chan ? » demande une voix fluette. Seito tourne son attention sur la fillette, comme s'il se souvenait soudain de sa présence.
« Il a bien travaillé à l'école, Megumi. » répond tranquillement son père. « Et quand on travaille bien... »
« On a droit à un bonbon ? »
Sa mère laisse échapper un rire tandis que Seito lève les yeux au ciel. Il n'est pas un animal que l'on doit dresser à l'aide de croquettes.
« Je ne pense pas que la maîtresse te donne des bonbons. Ce ne serait pas plutôt des bons points qu'elle distribue ? »
« Siiii, j'ai plein de bons points ! » pétille-t-elle de joie. Sa cuillère fait des cercles chaotiques et elle renverse quelques grains de riz.
« Et bah figure-toi que j'en ai eu 72. Mais j'suis sûr que j'peux faire mieux. » lui annonce Seito.
« Tu ne le peux pas, tu le dois. » conclut son père.
L'adolescent ne cherche pas de réparti. En temps normal, il l'aurait fait. Il aurait pris la mouche et se serait agacé de ne pas être assez. C'était ce qui s'était produit aux vacances d'été. Cependant, de l'eau avait coulé sous les ponts. La rivière était même sortie de son lit. Et avait fini par être redirigée. Plus d'écarts, plus de zigzags dans son parcours, voilà ce qui importe aux yeux de ses parents. Essayer n'est plus permis, il doit réussir. Et ce, du premier coup. C'était le dernier test avant la grande ligne droite, la fin de l'année scolaire. S'il maintient le cap, il passera en troisième année. Cela ne lui parait plus aussi compliqué maintenant qu'il a explosé sa moyenne. Les bouchées de riz se succèdent sans qu'il ajoute quoi que ce soit.
« Dans quelles matières tu as des difficultés ? » Sa mère rompt le court silence.
« Ma pire note est en anglais. Sinon c'est en mathématiques. J'ai rattrapé mon retard un peu mais y'a encore une logique qui m'échappe par moment. Un tiers de l'examen portait sur les probabilités. Et ça a clairement pas augmenté la probabilité que j'ai une bonne note. »
« Les mathématiques sont pourtant d'une logique claire et limpide. » répond son père.
« Tout le monde ne veut pas devenir comptable. » répond Seito en faisant la moue. Sans vouloir diminuer le travail de son père, il ne parvient pas à comprendre son engouement des chiffres.
« C'est bien dommage, c'est un métier honorable qui assure une sécurité pérenne. »
« Tu sais très bien ce que je veux faire plus tard. »
Voyant que la situation pourrait dégénérer, sa mère rebondit sur sa question initiale.
« Pour l'anglais, tu es pourtant entouré d'étrangers. Tu ne parles jamais anglais avec eux ? »
« Pourquoi je ferais ça ? Ils savent très bien parler japonais. »
Seito la regarde, incrédule. Est-ce une maladresse ou doute-t-elle de la capacité d'un étranger à apprendre la langue du pays ?
« Peut-être qu'ils ne savent pas encore tout. Ils peuvent avoir des difficultés. »
Il est donc tombé juste... c'est une remarque volontairement dégradante.
« Si c'était l'cas, c'est pas à moi qu'ils demanderaient. Rien que Pablo et Nolan sont espagnol et français. Ce serait trop compliqué d'apprendre toutes ces l... »
« Oh. Tu es ami avec des étrangers ? »
« Haha, je peux aller jouer ? » demande la petite fille.
« Bien sûr ma chérie. » Sa mère enlève la serviette autour du cou de la Chose et lui débarbouille la bouche et les mains avant de la laisser sortir de table.
« J'avais oublié de vous le dire ? » ré-attaque Seito.
« Nous dire quoi ? »
« Pour mes amis. » répète-t-il en insistant sur le dernier mot.
« Peut-être, je ne sais plus trop... » Sentant que la situation lui échappe, elle se met à débarrasser la table et saupoudre le tout de bienveillance. « Mais le plus important est que tu te sois fait des amis. »
Seito s'aperçoit qu'il broie ses baguettes et les pose lentement sur la table.
« C'est vrai qu'il était inquiétant qu'un jeune homme de ton âge ne sache pas s'entourer. D'ailleurs, qu'en est-il des filles ? » demande son père.
Ses yeux s'écarquillent de stupeur et il doit se faire violence pour ne pas sortir de table aussi sec.
« L-les filles ? »
« Et bien oui. As-tu une petite amie ? » Au tour de son père de braquer son regard sur lui. Il sent celui de sa mère se glisser dans son dos.
« Pas dep- Non, j'en ai pas. » bégaye Seito. Pas moyen qu'il leur parle de Mitsuki.
« Hum. Garde l’œil ouvert dans ce cas. C'est au lycée que ta mère et moi nous nous sommes rencontrés. Et regarde où nous en sommes aujourd'hui. Une famille accomplie. » déclare-t-il. Son paternel sourit à sa mère qui lui retourne le compliment en pressant sa main sur l'épaule de son mari.
L'adolescent préfère soudain mourir plutôt que d'avoir à supporter un autre discours suranné. Un sourire de fortune se colle sur ses lèvres tandis qu'il se lève.
« Promis. Je garde l’œil ouvert... et le bon. »
Son ironie passe inaperçue, fort heureusement, et il se plonge dans la vaisselle que le repas a induit. Sa mère n'est pas raciste. Son père n'est pas macho. Ils ne sont pas non plus bêtes. Ils sont juste ignorants. Et l'ignorance n'a jamais été vecteur de progrès. Après-demain, il sera sur les pistes, de la neige jusqu'aux genoux. C'est ce vers quoi il redirige ses pensées alors qu'il récure les bols.
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
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- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1905■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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LUNDI 25 DÉCEMBRE 2017
Alors, comprends que tu dois lâcher prise.
Seito revient du konbini le plus proche. En plus d'acheter deux-trois bricoles demandées par sa mère, il a jeté son dévolu sur trois cartes de vœux et une sucette Kawarinbo. Tout n'avait pas encore été dévalisé et, même si les illustrations ne sont pas incroyables, cela reste une façon idéale de souhaiter une bonne année à ses amis. Et en profiter pour les remercier de leur présence et de leur soutien au cours de l'année bientôt écoulée.
La cuisine est vide lorsqu'il dépose les courses et il ne faut pas bien longtemps pour en ranger le contenu. Les nengajo en main, le lycéen s'isole dans le bureau. Son fief est en bordel. Des livres jonchent le sol, un caleçon pend sur la chaise. Il l'envoie sur le matelas plus bas et prend place devant le bureau. Puis il dispose les trois cartes devant lui. Elles sont similaires.
2018 signe l'année du Chien. En témoigne l'illustration ultra kitsch de ce shiba. Seito ricane et les écarte pour saisir son carnet ainsi qu'un stylo-feutre. Ses doigts attaquent l'emballage de la sucette et il l'enfourne dans sa bouche sans plus de cérémonie. L'acidité du citron est bien vite contrebalancée par la douceur du melon. Suçotant la friandise, il réfléchit à comment tourner ses phrases sans paraître pompeux ou trop irrespectueux.
Il n'avait pas eu à le faire l'année dernière. Pour la simple et bonne raison qu'il n'avait alors pas d'amis. Et qu'il pensait dur comme fer ne jamais en avoir. Amusant comme le sort en avait décidé autrement. On dit que la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Cette affirmation est erronée. La cafétéria avait été témoin de ce phénomène météorologique à deux reprises et il en porterait les cicatrices jusqu'à ce que l'oubli ou la mort les sépare.
Mais avant de trouver les mots justes, le japonais échauffe sa main gauche. Le trait est timide, dans un premier temps, mais se fait plus affirmé au fur et à mesure que les kanjis remplissent la page vierge. Écrire à la verticale n'est pas un exercice quotidien, aussi il s'applique. Il trace des idées, sans réelle cohérence. Tout ce qui lui passe par la tête échoue sur le papier. Jusqu'à ce qu'il perfectionne ses kanjis de bonne année.
Lorsque finalement il se sait plus confiant, il s'empare de la première et s'élance. Il souhaite en premier lieu une excellente année à sa destinataire. Puis il exprime sa gratitude. Celle d'avoir conservé leur amitié malgré ses sentiments avortés. Il termine en lui souhaitant une bonne santé et la réussite dans ses études. Il appose le prénom de Mitsuki sur l'envers et y inscrit l'adresse.
La seconde lui vient tout aussi naturellement. L'image du français s'impose à lui, souriant. Une bonne année à son acolyte, le seul et unique Rinbo rouge ! Il le remercie chaleureusement de son aide tout au long de l'année. Réitérant son amitié, il se permet d'émettre le souhait de passer la prochaine à ses côtés. Puis il conclut en lui souhaitant la réussite dans le domaine de l'athlétisme. Il réalise alors ne pas avoir l'adresse de Nolan et ne perd pas de temps en lui demandant par sms.
Arrive la dernière. La plus compliquée... Seito pose son stylo et se masse les tempes. Souhaiter une bonne année comme aux deux autres ne requiert pas de réflexion particulière. C'est la suite qui nécessite une vigilance accrue. Ses yeux verts le soupèsent du regard, réprobateurs. Des amis. Des amis qui se prennent dans les bras. Des amis qui s'offrent des cadeaux. Des amis qui vont au cinéma ensemble. Des amis qui mangent un KFC la veille de Noël. Le français et l'espagnol sont logés à la même enseigne. A la différence près que Seito n'est jamais véritablement serein quand Pablo est dans les parages. Son cœur joue des mêmes notes mais le tempo est plus élevé. Il soupire. Ce blocage est idiot.
Ses doigts saisissent le stylo et il écrit. Les kanjis de bonne année introduisent son message. Il marque une pause, inspire à nouveau. Stabilisant sa main, il poursuit en le remerciant d'avoir laissé une chance à leur amitié. Il lui souhaite de la réussite dans tout ce qu'il entreprend. Puis s'arrête. La pointe en l'air, le stylo assiste à son dilemme. Il se mord la lèvre, abandonne l'idée. Pose le stylo. Pour aussitôt le reprendre et ajouter qu'il espère continuer à démontrer sa fiabilité l'année prochaine.
Les joues rouges, il dépose les armes, stylo et sucette, et passe ses deux mains dans ses cheveux. Le vibreur de son téléphone le sort de sa torpeur. Il a l'adresse. Mais il ne dévoilera pas la raison de sa demande. Il ne laisse pas le temps à sa conscience de s'activer et sort du bureau en emportant deux cartes. Celles de Mitsuki et Nolan sont déposés à la Poste. Pour Pablo, il la glissera dans son casier au retour des vacances de ski.
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
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- Seito MoriElève ; en 3ème année■ Age : 33■ Messages : 1905■ Inscrit le : 27/02/2021■ Mes clubs :
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DIMANCHE 31 DÉCEMBRE 2017
Accorde-toi un moment.
Dix heures. Seito est réveillé depuis trois heures déjà. La faute au boucan dans le couloir. Sa tante et son oncle arrivent en fin d'après-midi pour fêter le Nouvel An en famille puis restent ensuite quelques jours pour profiter de la petite merveille, comme ils aiment à l'appeler. C'est l'occasion ou jamais de montrer qu'il peut être raisonnable. Ses cheveux gouttent alors qu'il sort de la douche après avoir avalé un petit-déjeuner frugal. Une longue journée l'attend. Sa mère est toujours nerveuse quand des invités sont attendus. Et puis il y a le dîner de ce soir qui occupe une grande part de ses préoccupations. Surtout que, pour une raison obscure, elle a décidé de faire des mochis maison. Le japonais est ravi mais, à voir dans quel état cela la met, il y a de quoi se demander si ça en vaut la peine. Le miroir reflète son corps que le football a commencé à dessiner. Son torse est toujours mince mais le tracé de certains muscles est plus prononcé par endroits. Il en est de même pour ses jambes et ses bras. Un détour sur son entrejambe l'informe qu'il n'y aura pas d'amélioration de ce côté-là. Qu'importe, ce n'est pas comme s'il en avait l'utilité.
« SEITOOO ! »
La voix de sa mère le fait sursauter et interrompt définitivement sa contemplation.
« J'suis dans la salle de bain, j'arrive. »
« Dépêche-toi, ta sœur aussi doit se laver. »
Ce serait pourtant drôle qu'elle pue. Il serait curieux de savoir ce qu'en dirait sa tante. Mais il s'abstient de tout commentaire.
« J'ai presque fini. » répond-il simplement.
Les couches de vêtements recouvrent successivement son corps jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière un gros pull à capuche noir. Il est en train de se brosser les dents quand trois coups successifs le surprennent à nouveau.
« Je ne vais pas avoir le temps de m'occuper de ta sœur, j'ai trop à faire. Aide-la à se laver s'il te plaît. »
La surprise le fait avaler de travers. Il a de la mousse plein la bouche et en recrache la moitié dans l'évier en toussant. Sans prendre le temps de rincer, il ouvre la porte de la salle de bain en grand et fait un pas en arrière en tombant nez à nez avec sa mère.
« Pourchkoimoua ? » baragouine-t-il, la brosse à dents pendue aux lèvres. Il a l'air d'un chien enragé.
« Votre père est parti faire quelques achats de dernière minute, il n'y a que toi. Bon sang Seito, tu as du dentifrice partout sur ton pull ! » Elle lève les yeux au ciel et appelle la cadette. « Megumi, viens ! Seito va s'occuper de toi. »
Ayant constaté les dégâts, Seito opère un demi-tour stratégique vers le robinet et se rince la bouche. Il retire son pull et l'asperge d'eau pour en frotter les éclaboussures blanchâtres. La Chose arrive en courant. Il entend ses pieds d'éléphanteau tambouriner sur le parquet. Quelle plaie.
« Elle sait se laver toute seule mais tu dois la surveiller. » indique sa mère.
« Tu veux pas t'en occuper et moi j'fais ce que tu dois faire ? » demande Seito en se retournant, abandonnant son pull dans l'évier.
« S'il te plait Seito, je n'ai pas le temps de discuter. »
« D'accord, d'accord... »
« Merci. »
Sa mère se volatilise plus rapidement qu'un ninja et le laisse seul en compagnie d'un petit cauchemar. Seito ferme la porte et l'observe silencieusement. La petite fille paraît tout aussi intimidé, ce qui accentue drastiquement le malaise.
« Bon, tu te déshabilles ? » la questionne soudain l'adolescent. « A moins que Haha fasse la lessive en même temps qu'elle te lave. T'es une machine à laver ? »
Les yeux de l'enfant pétillent puis elle pouffe de rire.
« Je suis pas une machine à laver ! »
« Ah bon ? T'es quoi alors ? »
« Je sais pas. » Il semblerait qu'elle appréhende sa réaction.
« Enlève tes habits et saute dans la baignoire, moussaillon. »
« C'est quoi un moussaillon ? »
« C'est un jeune marin. Les gens qui sont sur les bateaux. »
La petite fille le regarde émerveillée et s'empresse de retirer ses vêtements. Malgré lui, Seito détourne le regard et ne repose les yeux sur elle qu'une fois la baignoire enjambée.
« Ils font quoi sur le bateau ? »
« Ils font de la mousse. » répond Seito en s'agenouillant à côté. Il actionne le robinet et s'assure que l'eau ne soit pas brûlante avant de la laisser couler.
« Pourquoi ? »
« Parce qu'ils font la fête tous les jours et c'est plus rigolo de danser dans la mousse. »
La petite fille marque un temps de réflexion. Le japonais coupe l'eau, supposant que le fond est assez important pour qu'elle se lave sans problème. Et s'il en avait trop mis... Après tout, c'est la première fois qu'il fait ça. Il se mord la lèvre.
« Moi aussi je peux danser dans la mousse ? »
La voix fluette éclate la bulle d'angoisse. Seito inspecte la baignoire. Il ignore le savon et porte plutôt son attention sur plusieurs gels douche. Sa mère lui a demandé à ce que la Chose soit propre, elle n'a pas précisé de quelle manière. Il s'empare d'un gel douche et arrose copieusement l'eau, réactivant le robinet pour un meilleur résultat. L'enfant suit le moindre de ses faits et gestes tandis que la mousse prend de l'ampleur.
« De la mouuuuuuusse ! » s'exclame-t-elle joyeusement. Elle agite alors ses bras et ses jambes. Des paquets de mousse se détachent et virevoltent au-dessus d'eux. L'un d'eux vient se poser sur la tête de Seito qui ne peut cacher sa satisfaction.
« Maintenant, frotte moussaillon. Tu pourras faire la fête après. »
Et c'est ce qu'elle fait, sous l’œil admiratif de son grand-frère. Pendant un instant, il réalise qu'elle est assez grande pour se laver toute seule. Il devrait en être horrifié mais aucun sentiment négatif ne le submerge. Et il faut une fois de plus que sa mère intervienne pour le mettre devant le fait accompli. La porte s'entrouvre.
« Seito, ne ferme pas complètement la porte quand tu- » Un silence.
« Hahaaaa, regarde ! J'ai un chapeau sur la tête ! » s'extasie sa sœur.
« C'est... Oui, il est très beau Megumi. Une vraie pirate ! » Sa mère l'observe interloquée.
« J'suis pas un pirate, j'suis un moussaillon ! C'est Seito qui l'a dit ! »
« Oh pardon mademoiselle la moussaillon ! Je retourne à mes mochis. Tu- Ça va aller Seito ? »
Leurs regards se croisent. A la recherche de la catastrophe imminente. Qui n'arrivera pas. Car il connaît son rôle. Il ne croyait pas avoir les épaules pour l'endosser et pourtant, il y parvient. Naturellement. Dans ses pupilles se lit la peur. De décevoir principalement.
« Je nettoierai tout, promis. » se justifie-t-il, penaud.
« Pas tout de suite. Jouez encore un peu. » souffle-t-elle. Son sourire est emprunt de tendresse.
Seito se noie dedans.
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LUNDI 1ER JANVIER 2018
Respire pleinement ce moment.
L'année 2017 s'était achevée sur des mochis délicieux. Seito en avait mangé plus que de raison. Le simple fait de ne pas être sermonné pour sa gourmandise avait été une motivation suffisante. Ou peut-être que complimenter sa mère avait joué dans la balance. Repu, il s'était endormi rapidement. Converser avec les adultes ne l'intéressait pas, d'autant qu'il n'était pas réellement en bon terme avec sa tante. Juste avant il avait pris le temps d'envoyer un sms de bonne année à ses deux amis. Il espérait qu'ils allaient bien et qu'ils avaient passé un moment moins fébrile que lui. La sensation de marcher constamment sur des œufs l'avait maintenu en alerte. Mais il avait mené à bien sa mission sans causer d'esclandre. Le miracle ne se concrétiserait qu'en réitérant le processus les trois prochains jours.
L'adolescent avait passé la matinée à aider de diverses façons dans la maison. Il avait fait la vaisselle de la veille, avait sorti les poubelles, avait rangé le bureau et les futons dans la salle à manger – là où dormaient son oncle et sa tante pendant leur séjour. Entre temps, il s'était nourri puis douché. Toute cette agitation avait repris à l'heure du déjeuner et c'est déjà fatigué qu'il se vautre sur son matelas après le repas. Pas de messages sur son téléphone. Il attrape son iPod et enclenche la musique dès l'instant où les écouteurs sont sur ses oreilles. La playslist n'a pas changé depuis les vacances d'été. Les sons de Pablo se mêlent aux siens et il ferme les yeux.
Dans le salon, plus loin, se joue une toute autre mélodie. Une discussion sérieuse entre sa mère et sa tante prend place. Le ton est bas, presque chuchoté, prévenant les oreilles indiscrètes.
« Comment ça se passe avec Seito depuis son anniversaire ? »
« Il est nettement plus calme. C'est vraiment étonnant. » l'informe sa mère.
« Pas d'autres heures de colle ? De nouvelles prises de tête ? »
« Non, rien. Il a même réussi ses examens. Il n'a eu que 72 mais c'est un début. »
Sa tante la dévisage, soudain muette. Seito aurait adoré assister à ça car il n'est pas chose aisée que de couper la chique à cette femme.
« Je t'avais dit que le gâteau d'anniversaire serait une bonne idée. Il ne s'y attendait pas j'imagine. » finit-elle par répondre, un sourire satisfait lui barrant le visage.
« Ça faisait tellement longtemps que j'ai cru pendant un instant qu'il allait pleurer. »
« Pour un gâteau ? » rigole sa tante.
Sa mère hoche la tête, soudain pensive.
« Ce professeur avait raison. Dès l'instant où on lui a ouvert les bras, il s'est ouvert comme une fleur. » dit-elle finalement.
« Tout ça pour ça, quel gâchis ! Ce n'est pas faute de lui avoir dit des centaines de fois quand Megumi est née. »
« Ne m'en parle pas... Je ne le comprends pas. Il n'a pas voulu de notre amour pendant tout ce temps et là, parce qu'il s'est fait des amis, parce qu'un professeur semble l'apprécier, il se montre soudain coopératif. »
« Tu ne m'avais pas dit qu'il s'était fait des amis ! » s'étonne sa tante.
« Oui, deux. Un espagnol et un français de ce que j'ai compris. »
« Évidemment... »
Sa mère soupire et balaye d'un geste nonchalant l'air devant elle.
« Ça n'a pas d'importance. Il ne reste plus tant de temps que ça avant sa majorité. »
Seito a soif. Deux chansons que la soif le tenaille mais qu'il repousse le moment où il devra se lever. La flemme le cloue littéralement au sol. Mais il a trop soif. Alors il lutte contre la gravité et navigue mollement jusqu'à la cuisine. Pour cela, il doit dépasser l'encadrement qui mène au salon. Ne semblant pas avoir entendu sa présence, les voix poursuivent leur discussion. Seito s'arrête net et écoute.
« C'est vrai qu'il a eu dix-huit ans... » réalise sa tante.
« Oui, plus que trois ans. J'ai du mal à réaliser. Mais c'est une bonne chose. »
« Ça va qu'il ne rentre que pendant les vacances. Megumi ne sera pas trop triste quand il partira. »
« Je ne sais pas... Il arrive qu'elle parle de lui quand il n'est pas là. »
« Ça lui passera. [...] »
C'en est trop pour Seito. Il fait demi-tour vers le bureau et enfonce furieusement ses écouteurs avant de monter copieusement le volume et s’immerger dans la musique. Ses doigts s'agitent nerveusement, il se mange l'ongle du pouce. Mais il a mieux pour s'occuper les mains. Décalant les livres les plus à gauche d'une étagère proche de lui, il sort son carnet de sa cachette et décapsule son stylo. Il a dû mal comprendre, il ne peut en être autrement. Alors qu'il s'en persuade, la discussion continue.
« […] D'ailleurs, j'ai eu un échange récemment avec un moine du sanctuaire où je vais et il m'a confirmé qu'il fallait impérativement purifier régulièrement les âmes tourmentées sous peine de cultiver le kegare en eux. » récite sa tante.
« Ça fait en effet un moment que nous ne sommes pas allés au jinja... »
« Qu'en dis-tu d'y aller demain ? »
« Tu as raison. La purification fait parti du cycle du renouveau. Et cela renforcera l'idée que l'on tient à lui. »
Les deux femmes échangent un regard entendu et poursuivent leur conversation sur une touche plus légère.
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
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MARDI 02 JANVIER 2018
Finalement, tu commenceras à guérir.
Le sanctuaire est bondé. Moins qu'hier, sûrement. La première visite de l'année est une tradition essentielle à laquelle sa famille s'est toujours adonnée mais que Seito a renié plusieurs années consécutives. Cette année marque d'une pierre blanche ses efforts colossaux. Loin de lui la possibilité que ses parents insistent pour qu'il participe soit dûe à une sombre croyance. Le japonais ne voyait pas d'un mauvais œil l'éventualité d'un nouveau départ. Faire un vœu pour que la nouvelle année soit bonne lui paraissait même enthousiasmant. Il sort donc de la voiture plutôt serein. La discussion qu'il a surpris hier devait avoir été prise hors contexte. Il s'en était convaincu et rien ne pourrait le persuader du contraire.
Une effigie de chien orne le torii principal. S'en suit une longue volée de marches que Seito gravit à la suite de sa famille. Avant de grimper, sa mère dépose l'hamaya de l'année dernière dans la boîte prévue à cet effet. Il se demande combien de démons a tué cette flèche en bois. Son oncle et sa tante mènent la marche, suivis de son père et sa mère, la main greffée à sa sœur. Il clôture le cortège sans trop traîner, laissant cependant son regard vaquer sur la végétation attenante. Les différents pins, savamment taillés, guident les croyants jusqu'au chemin central bordé de lanternes en pierre.
Un premier arrêt au chōzuya initie la démarche de purification. Seules les fidèles purifiés ont le droit d'approcher les kami, et sans qu'il le sache les petites sœurs. La louche à disposition, il se nettoie successivement les mains puis se rince la bouche. Recrachant discrètement l'eau, il verse à nouveau de l'eau dans sa main gauche et rince la louche avant de la reposer. Sa tante observe silencieusement le rituel, s'assurant qu'il le fasse correctement. Après tout, plusieurs de ses actes ont été sources d'impureté cette année. Pour la tranquillité de sa famille, et la sienne, il se doit d'en laver toute trace.
Le bâtiment cérémoniel grossit à mesure qu'ils se rapprochent. Sa tante lui confie une pièce de cinq yens qu'il lance dans la boîte à offrandes une fois que son tour est venu. Il secoue alors la corde rugueuse de la cloche. Son cœur bat la chamade. Les gestes lui reviennent naturellement. Espérant avoir attiré l'attention d'un kami attentionné, il le salue en s'inclinant deux fois, tape ensuite deux fois dans ses mains puis les joint en prière.
Faites que mes parents m'aiment vraiment.
Seito conclut par une dernière inclinaison respectueuse et s'écarte. Chaque membre de sa famille le regarde avec insistance, il déglutit et fuit leur intérêt. Heureusement, il doit s'occuper de sa sœur pendant que les adultes l'imitent les uns après les autres. Et ils ont tôt fait de rejoindre le shamuso. Une nouvelle hamaya y est achetée ainsi que plusieurs ema. Une impression de lourdeur pèse sur ses épaules lorsqu'il reçoit sa plaquette en bois. Il y inscrit son vœu et l'accroche avec ses consœurs.
Je souhaite passer en 3ème année.
L'adolescent ne remarque pas que ses parents et sa tante jettent un œil à ce qu'il a écrit. Pas plus qu'il n'a fait attention à l'achat d'un o-mikuji dans le but de conjurer le mauvais sort, lui en l’occurrence. A la place, il observe les gens se prendre en photo à côté d'une plaque géante où un chien est dessiné. Sa mère le sort de son observation en tendant, à sa sœur et lui, un mamoru fuda. Cela commence à faire beaucoup de démarches pour une simple purification. Seito referme les doigts sur l'amulette dans la paume de sa main et promet de la garder sur lui.
Parés à une nouvelle année, ils s'inclinent tous une dernière fois devant le torii face au sanctuaire en partant. Le kegare tant craint par sa tante devrait avoir été éradiqué. Quand à ses souhaits, seul le temps lui révélerait le dénouement. Sa seule hâte est de retrouver le campus et d'entamer une nouvelle année inoubliable aux côtés de ses amis. Car oui, bon sang, Mori Seito a des amis ! Pour la première fois depuis une éternité, Seito est en paix avec lui-même.
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
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