Lou, dans son lit, chez ses parents. Le service a terminé tôt aujourd’hui, l’hiver chasse l’envie aux amoureux de dîner dans le restaurant français. Ou peut-être qu’ils réservent leur estomac pour la Saint Valentin. Mercredi prochain, toutes les tables sont réservées. Le service a terminé tôt aujourd’hui, mais Lou n’est pas fatiguée. Il n’y a que son téléphone qui éclaire la pièce, et qui lui détruit la rétine. Elle scrolle, inlassablement, sur Instagram. Quelques fois, elle reçoit des commentaires. En français, les commentaires ! La lycéenne commence à avoir une petite notoriété maintenant, en ligne. Elle en est particulièrement fière. En story, elle met parfois les étapes de ses recettes. Cette nuit, elle a un entremet qui repose au congélateur. Elle n’avait pas prévu de le sortir avant le lendemain matin, mais quand elle reçoit un MP :
@StellaDu67 : TROP BEAU !! On veut voir démoulé !!
Lou se motive. Elle n’est pas fatiguée, et elle ne pourra pas dormir. Autant se lever, et commencer à travailler. Après tout, elle doit satisfaire ses fans, si elle veut continuer à faire grossir son nombre d’abonnés.
Elle saute de son lit, sans même essayer d’être discrète. A cette heure, tout le monde est couché, et ce n’est pas une petite descente aux cuisines qui devrait les réveiller. Il n’y a que Mathéo qui est peut-être encore réveillé. Sûrement en train de bûcher, de réviser, de lire je-ne-sais-quoi. Quand Lou passe devant la chambre de son frère, elle regarde sous la porte si la lumière est allumée. Mais non. Même lui, il dort.
La voix est donc libre, complètement libre. Alors qu’elle s’approche de la cuisine, elle pianote sur son téléphone. Elle répond à ses fans. Elle tease : “Vous voulez qu’on démoule maintenant ? On va partir en live !”. C’est nouveau, pour elle, les live. C’est une fonctionnalité qu’Instagram a mis en place il y a peu de temps. Ce n’est accessible que pour les comptes avec pas mal d’abonnés. Les lives, ça marche bien, ça ramène du monde. Lou aime beaucoup l'interaction lors de ces temps là. Ça lui permet de ne pas cuisiner seule. Elle regrette les soirées avec sa grand-mère. Elles aimaient beaucoup pâtisser ensemble.
Elle arrive à la cuisine. S’arrête net. Elle cligne des yeux, une fois, deux fois, trois fois. Mais ne comprend pas ce qu’elle voit. Son frère, se débat, tout seul, dans une cuisine qu’elle a l’habitude de voir vide. Ce n’est pas possible. Ce n’est vraiment pas possible. Elle n’ose rien dire, elle ne fait que le regarder. Elle reste comme une idiote, dans l’encadrement de la porte alors que ses fans attendent son live. Et son frère, il a l’air un peu débile, dans cette cuisine qu’il ne fréquente jamais. Il n’y connaît rien, en casseroles, en balances, et en plans de travail. Il n’y connaît rien, et ça se voit.
Et elle l’entend, s’encourager. Elle l’entend, et ça la fait sourire. Ce n’est pas méchant, mais elle le trouve pathétique. Lui qui lui rappelle si souvent que la pâtisserie, c’est un truc de looser. Qu’elle devrait ne pas le faire, se concentrer sur ses études.
« Dans la cuisine, plutôt qu’en train de travailler ? »
Elle rêvait de pouvoir dire cette phrase, à son tour.
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- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 531■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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Cuisine Nocturne chez les Takahashi
Samedi 10 février - 1h du matin
Un pied après l’autre, aussi silencieusement que possible. Le poids du corps en équilibre sur la pointe des pieds, telle une ballerine encombrée par son costume de scène, Mathéo quitta sa chambre, dans la pénombre qui recouvrait l'intérieur de la demeure des Takahashi. Sa famille endormie, il espérait pouvoir rejoindre la cuisine sans un bruit. Armé de son épais pantalon de Pyjama en coton et d’un sweat deux fois trop grand pour lui – une erreur d’attention lors d’une séance shopping en ligne – il traversa le couloir mortel des chambres tel un ninja. Son nindo : être l’homme le plus discret de la planète, l’être le plus inexistant possible. Il traversa l’allée sombre en fantôme, frôlant les murs qu’il connaissait par coeur, les mains encombrées de son sac à dos, lui même remplis de trésors d’un autre monde.
Criii
Le plancher grinça, couinant lorsqu’il passa devant la chambre de ses parents. Son corps devint pierre. Plus un son, plus une respiration, pas même un battement de coeur : il disparut dans les méandres de sa terreur. Heureusement, rien ne se produit. Il n’eut aucun signe de l’ennemi, pas un bruit, pas un mot, aucune éclaircit malgré les secondes qu’il laissa défiler. Ses parents n’avaient jamais eu le sommeil léger, mais il s’était juré de ne jamais baisser sa garde avec eux. Ils les imaginaient très bien surgir, exceptionnellement éveillés au moindre craquement de ses articulations endolories par la soirée passée à son bureau pour travailler; tout ça pour l’emmerder. A pas de chat, il reprit son périple, arrivant à destination sans nouveau combat. Une fois dans la cuisine, il passa son sac à dos sur ses épaules et positionna ses deux mains devant lui. Tel un somnambule, il s’engouffra dans les enfers. Doucement, prudemment, il ferma la porte de la pièce avant d’attraper son portable dans sa poche pour s’éclairer avec l’appli lampe torche. Personne à l’horizon. La première partie de sa mission commando était une réussite.
Il déposa précautionneusement son sac sur le plan de travail, déballant ses trésors les uns après les autres. Il chercha une place où poser son téléphone, celle qui lui permettrait d’éclairer le plus possible la pièce. Des mystères entiers reposaient dorénavant devant lui. Des moules en forme de coeur, des boites alimentaires en carton, un thermomètre alimentaire, du ruban blanc et tout un tas d’aliments : plusieurs paquets de chocolat de couverture, des caramels, des bonbons et des confettis en sucre. Discrètement, il ouvrit l’un des tiroirs à sa portée pour y glisser un main délicate. Il y attrapa un couteau, une cuillère, des baguettes de cuisine, avant de l'ensemble de ses armes avec les ingrédients. Bon, maintenant arrivait le plus difficile. Il chercha dans les placards un saladier, un récipient en verre, la balance et une casserole; le tout dans un silence de marbre. Il avait étonnement quelques talents en infiltration.
Pour ne pas avoir à utiliser son téléphone et prendre le risque que ce dernier ne le trahisse en se décidant à vibrer ou laisser s’échapper un son malvenu, Mathéo avait fait ses recherches culinaires en amont et prit en notes toutes les étapes pour mettre en application son plan diabolique : préparer des chocolats de saint valentin pour Lizzy. Celle-ci ne l’en pensait pas capable, il lui montrerait qu’impossible n’est pas français !
L’étape la plus délicate commença : il lui fallait ouvrir le robinet d’eau, en faisant le moins de bruit possible, remplir sa casserole et allumer le gaz pour mettre celle-ci à chauffer. Quelques frayeurs provoquèrent en lui un pique d’adrénaline malvenu à cette heure-ci mais il s’en sortit haut la main. Ce fut alors au tour du malheureux chocolat de passer entre ses mains amatrices, condamné à se laisser découper en morceaux pour l’exercice. Il jeta ces méfaits dans son récipient et laissa ce dernier flotter dans l’eau. Bien… malgré sa profonde aversion pour la cuisine et le peu d’expérience qui l’en avait, il jugea ne pas trop mal s’en tirer jusque là. Les choses se compliquèrent lorsque le chocolat commença à fondre. « Mince ! » marmonna-t-il, les lèvres aigries. Il avait oublié d’utiliser le thermomètre ! Lorsqu’il plongea ce dernier dans le chocolat fondu, il ne put retenir un lourd soupire. La température était dépassée, il lui fallait tout recommencer, ça ne commençait pas si bien finalement. Il retira son récipient à l’aide d’un torchon épais, laissant celui-ci refroidir sur le plan de travail. « Chocolat noir… Température de fusion 50°, température de près-cristallisation 29°, température de travail 32° » lu-t-il sa feuille de notes en chuchot. Les mots voulaient tous dire quelque chose… Seulement, assemblés ensemble, c’était du russe pour lui. Bien... Il lui fallait recouper du chocolat, le temps que l’autre refroidisse… ou des morceaux de bonbon ? Maintenant qu’il y pensait, il réalisait qu’il n’avait absolument aucune idée de ce qui pourrait aller ensemble. Un petit sifflement le sorti de ses réflexions, l’obligeant à se précipiter sur le feu, qu’il n’avait pas éteint. « Argh ! Non, non ! » pesta-t-il dans un murmure, serrant la mâchoire. L’eau bouillante s’amusait désormais à se jeter sur les flammes sous la casserole, débordant de partout. Quelle idée !
Une fois le feu coupé, il prit une grande inspiration. « … Ok. Respire. Calme toi, Mathéo. ça avait l'air simple sur la vidéo. Tu vas y arriver. » s'encouragea-t-il à voix basse.
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Le 10 février 2018
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 531■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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Cuisine Nocturne chez les Takahashi
Samedi 10 février - 1h du matin
Il sursauta si fort et si haut qu’il sembla à Mathéo que l’Homme était enfin en capacité de voler ! Par réflexe, il agrippa le plan de travail à deux mains, s’y tenant comme si sa vie en dépendait, que le sol menaçait de céder sous son poids. Son cœur fit un bond si vertigineux et prononcé qu’il lui semblait qu’il n’était désormais plus qu’une balle de Flipper, rebondissant et cognant contre chaque coins et recoins de sa cage thoracique. Jamais il n’avait eu aussi peur de sa vie et sur le moment, il crut qu’il allait se sentir mal. Il posa le front sur la surface froide du plan, poussant le soupire le plus profond que ses poumons n’eurent jamais l’occasion de pousser en 20 ans d'existence. « Bon sang, Lou ! » pesta-t-il en chuchotant, l’angoisse trahit par sa respiration saccadée. « Tu pourrais prévenir quand t’arrives ! » lui jeta-t-il à la figure avec quelques jurons en français, des yeux revolvers pointés contre elle. De tous les membres de la famille, il fallait que ce soit sa satané petite sœur qui le découvre ! La seule, l’unique personne même, à qui il ne souhaitait pas faire affaires ce soir. Argh ; Pourquoi les dieux étaient-ils si cruels et sadiques avec lui ? « Je travaille plus que tu ne le feras jamais en une vie, alors j’ai bien le droit d’être où je veux » rétorqua-t-il de manière plus cinglante qu’il ne l’aurait voulu, l’égo prit en tenailles. La réflexion de Lou sonnait comme le glas de la justice, une pure vengeance qui piquait là où cela faisait mal tant elle regorgeait de vérité. Jamais Mathéo ne s’était senti aussi honteux. Lui qui était pourtant un proche ami de la honte ! S’il s’était arrangé pour qu’aucun membre de sa famille ne soit au courant de ses plans, que tous soient endormis sur leurs deux oreilles avant d'oser descendre à la cuisine, c’était bien parce qu’il avait terriblement honte de ce qu'il s'apprêtait à faire. Il ne voulait absolument pas que l’on sache que lui, Mathéo Takahashi, grand détracteur de la cuisine sous toutes ses formes – ennemi suprême de la cuisine familiale, avait désormais recourt à celle-ci. L’humiliation était à son comble. D’autant plus que la remarque de Lou était amplement méritée, ce pourquoi il le prenait tout particulièrement mal. Il n’avait eu de cesse de lui répéter à quoi point la cuisine ne servait à rien, combien ô combien elle perdait son temps avec la pâtisserie ; il n’avait cessé de la prendre de haut avec sa passion, il n’était que justice qu’elle se retrouve ici, le prenant sur le fait. Les dieux avaient choisi le camps de sa sœur, il ne pouvait que l’avoir que plus mauvaise.
Il se redressa, le dos bien droit, passant une main sur son visage de pour se remettre de ses émotions. Il devait retrouver un minimum de dignité, l’heure était grave. « Je dois faire des chocolats pour une amie, ce n’est pas la peine d’en faire toute une histoire » lança-t-il en soupirant. Il n’osait même plus la regarder dans les yeux. S’il voyait ne serait-ce qu’un sourire satisfait ou moqueur sur le visage de sa sœur, sa fierté ne s’en remettrait jamais. « Tu n'as rien vu, rien entendu. Compris ? » menaça-t-il en attrapant son saladier de chocolat mal découpé.
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Le 10 février 2018
Lou lève les yeux au ciel. Elle lève les yeux si haut ! Qu’elle a l’impression qu’ils pourraient ne jamais redescendre. Et depuis quand a-t-elle besoin de s’annoncer ? D’habitude, à cette heure, personne n’est en cuisine. Personne, et surtout pas Mathéo. Et quand bien même, elle n’est pas du genre discrète. Tout le monde lui reproche sa démarche d’éléphant, son indélicatesse, son manque de féminité. Et maintenant, il faudrait qu’en plus elle sonne les cloches avant d’entrer dans la cuisine. Non. Dans SA cuisine. Dans son entre. Son jardin secret à elle. Rien qu’à elle.
Et surtout pas à son frère.
Il pique. Il mord. De toute manière, il ne sait rien faire d’autre. C’est un animal, un roquet, qui n’est pas capable de rire de sa propre bêtise. Il travaille plus qu’elle ? Eh bah voilà. C’est parti. Bla bla bla, les études, bla bla bla, la réussite. Et elle en a assez Lou. Parce qu’elle a révisé, cette fois ! Et pas qu’un peu. Elle a demandé de l’aide à ses colocataires, à ses amis, et même à un professeur ! Elle aimerait bien qu’on remarque ses efforts.
Pas question de louper cette année. Ce n’est pas vraiment une affaire de réussite, mais une affaire de fierté. Elle aimerait que son frère ravale ses propos, rien qu’une fois. Qu’il comprenne qu’elle est capable de quelque chose.
Alors, quand il lui demande une fleur, elle le refuse : « Rien vu ? Et pourquoi ? » Elle croise les bras. Elle n’ose même pas regarder les chocolats de son frère, elle sait qu’ils seront ratés. Pauvre demoiselle, elle va croire en un gage de haine et pas en une preuve d’amour. Le pauvre Mathéo n’est pas de ceux qui passe du temps en cuisine. Alors tempérer le chocolat ? Elle doute vraiment de ses capacités. « Tu donnes quoi contre mon silence ? »
Après tout, ça a un prix.
- Mathéo TakahashiA l'université ; 2è année■ Age : 31■ Messages : 531■ Inscrit le : 09/12/2022■ Mes clubs :
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Samedi 10 février - 1h du matin
La question de sa sœur résonna comme un gong. Il dressa des yeux sévères contre elle, laissant de côté la honte et la fierté pour n’être plus qu’un amas d’offuscation. Lou était-elle réellement en train de le faire chanter ? Lui ??? Son frère ?! Il était hors de question qu’il lui en laisse le plaisir ! Les sourcils froncés, il se demanda s’il n’avait pas sous-évalué les dégâts de l'éducation déplorable de leur parents sur sa petite-sœur. Malgré tout l’irrespect dont elle avait l’habitude de le gratifier, il ne s’attendait pas à tant d’abus néfaste de sa part. Lou était chiante, elle était parfois – souvent – stupide et elle avait le don pour le mettre en rogne en un temps si court qu’il mériterait bien sa place dans la Guinness des records mais il ne la pensait pas vile. Du moins, pas jusqu’à ce soir. « Un billet d’avion. Pour un aller sans retour en Antarctique. Là où tu pourras t’amuser à faire fondre la glace plutôt que ma patience » déclara-t-il, non sans sarcasme, en reposant son bol de chocolat malmené.
Sans un bruit, il se rapprocha, s’érigeant de toute sa hauteur devant elle et l’imitant en croisant les bras. « Tu es comme les Gremlins ? Il ne faut pas t’arroser la nuit sous peine de te voir transformée en monstre ? » lui demanda-t-il, le ton lourd de reproche. « Je suis ton frère, si je te demande de garder quelque chose pour toi, tu es censée le faire et non essayer de me faire chanter. Même toi, tu vaux mieux que ça. » jugea-t-il sans la moindre pitié. « Pour la peine, en plus de ne rien dire, tu vas m’aider. » annonça-t-il en pivotant sur le côté pour lui laisser le loisir de rejoindre le plan de travail. « Et si tu répètes quoique ce soit à papa et maman, je t’assure que tu regretteras toutes les fois où tu m’as trouvé pénible. Tu n’as vraiment pas envie que je t’en veuille, crois-moi ». Bon, c’était peut-être un peu trop sévère et culotté mais il n’allait tout de même pas se laisser faire par un mini-pouce.
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Le 10 février 2018
Mais quel rabat-joie. Il ne sait pas être sympa, même pas pour une fois. Elle l’attrape, en plein milieu de la nuit, dans la cuisine, en train de faire des chocolats à je-ne-sais-qui pour clairement la Saint Valentin. Donc, pour clairement une fille. Donc, clairement dans une situation inconfortable à laquelle il devrait tout faire pour s’en sortir. Mais non, il préfère jouer à monsieur je suis pas agréable, monsieur j’ai pas raison d’être gentil, monsieur je préfère gueuler sur ma petite soeur plutôt que de lui proposer une petite bêtise histoire d’être cool.
Et en même temps, à quoi s’attendait-elle ? Il est toujours sur la défensive. C’est surtout pas dans un moment comme celui-ci qu’il ne le sera pas. Alors, elle soupire juste. « T’abuses. » Lou, qui est d’habitude bien bavarde, est juste triste. Elle aurait aimé que ça se passe autrement, qu’il essaie d’avoir un peu de connivence avec elle, plutôt que de lui rappeler que c’est une gamine et lui un grand. Qu’il lui demande de l’aide pour de vrai, plutôt que de la forcer à rester pour un coup de main. Elle attrape un tablier dans la cuisine, le noue autour de sa taille, et se rapproche du plan de travail. Son sourire coquin s’est troqué pour une expression déçue.
Elle se penche vers la préparation. « Tu as voulu faire quoi, au juste ? » Des chocolats, certainement. Mais ils ne sont pas tempérés. C’est une étape obligatoire, pour éviter de donner des friandises coulantes. Bien sûr, c’est l’intention qui compte mais monsieur-parfait veut certainement impressionner sa dulcinée.
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Cuisine Nocturne chez les Takahashi
Samedi 10 février - 1h du matin
Être grand frère n’avait vraiment rien de facile. Les années avaient beau avancer, la tâche n’en devenait pas moins difficile et inconfortable. Elle se complexifiait même. Il se pinça l’arête du nez pour se la masser, laissant Lou et sa mine défaite s’installer dans la cuisine. Il détestait lorsque cela se passait ainsi. C’était mile fois mieux lorsqu’elle s’énervait ou lui lançait des mots de désamour à la figure. Cela lui évitait de culpabiliser ensuite…
De toute façon, c’était toujours lui qui abusait à en croire sa sœur. Pourtant, l’histoire était la même depuis le début et ne faisait qu’inlassablement se répéter : elle le poussait à bout ou le provoquait puis elle pleurnichait d’obtenir sa réaction, le traitant de vilain pas beau. Il espérait vraiment qu’un jour elle finirait par comprendre que bien de leurs disputes auraient pu être évitées si elle ne les avait pas déclenchées. Lorsqu’il se retourna pour la regarder enfiler son tablier, elle réussit même à le faire se sentir coupable. Il n’y avait pas à dire, elle était douée pour le rendre dingue.
Il devait tenir bon et ce n’était absolument pas pour une question d’égo… c’était pour le bien de sa sœur ! A se comporter ainsi, elle s’attirerait des ennuis en société un jour, c’était certain. Et, si leurs parents ne valaient rien, c’était à lui de l’aider à comprendre lorsqu’elle exagérait. Il avait donc bien fait…
« Des chocolats » répondit-il, le ton de voix toujours légèrement agacé. « Je voudrais faire des chocolats de saint valentin pour une amie... C’est pour un défi » se sentit-il obligé de se justifier. Il attrapa les moules en forme de coeur – ce qu’il regretta d’autant plus d’avoir acheté maintenant qu’ils étaient soumis à la vision de Lou – et les lui tendit. « Mais je n’arrive pas à bien le tempérer en le faisant fondre et… je ne sais pas vraiment quoi en faire ensuite. » avoua-t-il, non sans le goût amer de la défaite en bouche. « J’ai acheté des bonbons et des caramels pour les fourrer… et des confettis pour les décorer. J’ai vu des recettes sur internet, comme celle-ci » ajouta-t-il en attrapant sa feuille de notes pour la lui tendre. « ça devrait pouvoir être mangeable, normalement, non ? »
- InvitéInvité
Le 10 février 2018
Des chocolats. Pas besoin d’être un génie pour savoir à quoi sert des chocolats, en plein mois de février. Mais Lou ne dit plus rien, en fait elle en a assez de se disputer, pour un oui ou pour un non. Alors, elle reste calme. Trop calme. Vexée, en fait. Elle sait que si elle veut que ça se passe bien avec son grand frère, elle doit masquer un peu sa personnalité. Pas question d’être vive et excentrique, ça le fatigue. It’s a fact. Elle aimerait bien penser le contraire, mais dès qu’elle s’essaie à le chambrer, il s’emporte. Est-ce qu’il lui arrive d’être un peu excentrique, lui aussi ? C’est dingue combien ils ne se ressemblent pas.
Aussi, elle n’essaie pas de s'épancher sur le mot “amie”. Il a bien appuyé sur celui-ci. Un défi, pas une déclaration. Mathéo est du genre discret, et Lou ne l’a jamais vu avec une fille. Elle aimerait bien savoir s’il est même capable d’aimer, parce que des fois elle en doute. Elle est à mille années lumières de se douter des conflits intérieurs de son grand frère.
Lou fait maintenant place à la professionnelle. Elle attrape la feuille que Mathéo lui tend pour la lire. « Oui, l’idée est bonne. Et même assez mignonne. Le souci c’est le tempérage du chocolat. » Elle montre du doigt le chocolat que Mathéo a déjà fait fondre. « Malheureusement, ce chocolat là ne pourra pas se solidifier, et risquera de fondre une fois en sachet. » Elle part quelques instants dans la pièce d’à côté pour récupérer un stylo. Sur la feuille de note de Mathéo elle écrit (tout en le récitant à haute voix) : « Pour tempérer un chocolat, privilégiez le bain-marie. Cad : un bol à poser sur la casserole chaude. Le chocolat a horreur de l’eau, elle ne doit jamais entrer dans le bol. » Elle se redresse, pour regarder Mathéo, et s’assurer qu’il comprenne bien. « Pour les températures : faire monter à 50°, retirer du feu tout de suite, le laisser baisser à 29°, puis le faire remonter à 30°. » Elle repose, le stylo, et fouille dans les tiroirs de la cuisine, à la recherche DU thermomètre. Son préféré, celui qui est le plus précis.
« Tiens, c’est le mien, je l’ai acheté avec mon argent de poche. Il est précis. Si tu suis tout ça à la lettre, tu devrais avoir un joli chocolat bien lisse. Après, mettre tout dans des moules, c’est le plus simple pour une première fois. »
Maintenant, Lou travaille le chocolat tempéré dans de nombreuses formes. Mais lorsqu’elle a commencé, elle était bien incapable d’obtenir une feuille de bonne qualité. Elles cassaient tout le temps.
L’étudiante remet ses mains dans les poches, et se tourne vers l’escalier. Tant pis pour son gâteau à elle, ça attendra le lendemain matin. « Si tu as besoin d’aide, envoie moi un sms, et je viendrais. Je vais remonter dans ma chambre, courage pour tes chocolats. »
Lou remonte, dans les escaliers. Et elle espère, au fond d’elle - parce qu’elle n’osera jamais le demander - que Mathéo est un peu reconnaissant, et puisse voir combien sa passion pour la pâtisserie n’est pas qu’une perte de temps.
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Samedi 10 février - 1h du matin
Mathéo s’était rarement senti stupide devant Lou, ce soir était l’une de ces rares fois. Il écoutait les explications de celle-ci avec la plus grande des attentions, sans être en mesure d’en saisir quoique ce soit pour autant. Pour quelle raison obscure son chocolat fondu ne pourrait-il plus faire l’affaire ? Il ne posa pas la question, bien trop humilié par l’idée d’avoir réussit à rater la fonte d’un simple chocolat. Pour ce qui était des instructions en elles-mêmes, celles-ci lui paraissaient tellement simples qu’il avait bien du mal à comprendre pourquoi son cerveau les lui traduisaient en chinois antique. Heureusement que Lou lui notait tout sur sa feuille… il aurait été bien incapable de s’en sortir si elle lui avait seulement expliqué la marche à suivre à l’oral. Lorsque celle-ci lui confia son thermomètre, il fit mine de cacher son étonnement. Qu’était-il censé faire de plus avec celui-là ?? Il n’osa pas non plus demander, préférant feindre sa compréhension, ce qu’il avait pourtant toujours conseillé de ne pas faire à ses soeurs. « Il n’y a pas de questions bêtes » leur avait-il souvent répété lorsqu’il s’agissait d’apprendre quelque chose de nouveau. Pourtant, il se retrouvait à avoir honte d’en poser, à sa propre petite sœur qui plus est, ce qui n’arrangea pas son problème d’égo. « ça devrait aller » eut-il même le culot de mentir lorsque cette dernière l’autorisa à lui envoyer un sms en cas de difficultés. Il espérait sincèrement être en mesure de suivre les étapes qu’elle lui avait conseillées parce qu’il aurait l’air encore plus bête s’il devait lui courir après par la suite. Ce ne serait plus de la honte qu’il aurait à gérer dans un tel cas, mais une véritable hécatombe égotique. « Merci, Lou » s’arracha-t-il tout de même de la bouche avant qu’elle ne soit totalement partie. Ce fut difficile à sortir, mais il lui devait au moins ça.
Une fois seul, il prit un temps pour bien relire toutes ses notes. Il se débarrassa du chocolat perdu pour faire de la place et recommença depuis le début avec du nouveau. Tout d’abord, une casserole d’eau à chauffer, ce n’était pas bien difficile, il en avait déjà une. Ensuite, attendre qu’elle soit suffisamment chaude pour poser son bol de chocolat dessus : fait. Il planta aussitôt le thermomètre dedans. Cette fois-ci, il ne se ferait pas avoir ! Maintenant qu’il avait comprit qu’il s’agissait de surveiller la température du chocolat et non de l’eau, cela devrait aller mieux. Il suivit toutes les étapes de chauffe et refroidissement avec minutie, jusqu’au moment le plus satisfaisant, celui qui consistait à remplir ses moules avec. Une fois tous ses moules remplit, il soupira de soulagement. Ouf, il n’aurait pas de nouveau besoin de sa sœur.
Il s’empressa de fourrer ses futurs chocolats de bonbons au caramel avant de les laisser refroidir, s’occupant en commençant le nettoyage de la cuisine en attendant de pouvoir les démouler. En rangeant le reste des bonbons au caramel qu’il venait d’utiliser pour les chocolats d’Elizabeth, il tomba nez à nez avec un paquet de fraises tagada dans le placard familiale. Il ne put s’empêcher de s’en saisir pour ne voler quelques fraises. Tout travail mérite salaire parait-il, il pouvait bien se payer comme il le souhaitait. En savourant ses bonbons aromatisés à la fraise, accolé au plan de travail, il se surprit à penser à Seito. C’est vrai qu’il lui avait promis de lui faire goûter des bonbons français… En la matière, les fraises Tagada étaient un passage obligatoire. Il piocha une autre fraise qu’il enfourna dans sa bouche, observant pensivement ses chocolats refroidir dans leur moule un peu plus loin. Et si… ? Non. NON Mathéo, c’était une idée complètement stupide ! Il soupira en reprenant son nettoyage, jetant un oeil au chocolat qu'il restait sur le plan de travail. Tout de même, Il avait largement de quoi refaire une tournée...
« Aucun homme n’offrirait des chocolats de saint valentin à son kohai » tenta-t-il de se décourager intérieurement. « Oui, mais… si c’était seulement des chocolats d’encouragement ? » se demanda-t-il, repensant au dur labeur de Seito avec la préparation de ses examens. Lui qui adorait les bonbons… il y avait de grandes chances que cela puisse lui faire plaisir…
Argh. Imaginer le sourire de Seito eut raison de tous ses contre-arguments mentaux. Il reprit toutes les étapes une à une, avec plus de précaution encore, profitant du refroidissement nécessaire au chocolat avant d’avoir à le réchauffer pour vider ses moules et y glisser des fraises Tagada et des caramels dans certaines de leurs cases désormais vides. Seito aimerait sûrement ceux au caramel aussi… et il pouvait lui en faire des natures, juste au cas où, dans le cas improbable où il n’aimerait aucun des deux mélanges. Il soupira à nouveau, après avoir remis à chauffer son chocolat. Son coeur battait anormalement fort depuis qu’il s’était mis à penser à son kohai et il ne put s’empêcher de penser que dans un autre monde, il aurait aimé lui offrir de vrais chocolats de saint valentin. Ses joues tournèrent au rouge en réalisant ce que cela impliquait. C’était tout sauf une bonne idée ! Pourtant, lorsqu'il déversa son chocolat dans les moules et attendit patiemment de pouvoir les démouler, un immense sentiment de satisfaction l'envahit. Il mit tout autant de soin dans la préparation de sa boite pour les y ranger, tachant d'équilibrer avec celle qu'il devait faire pour Lizzy également. « Il n’acceptera jamais... » le tortura son esprit tandis qu’il finissait de préparer la boite d’Elizabeth en parallèle. Il n’y avait aucune chance qu’il accepte… oui, enfin non... peut-être qu’il y en avait au moins une toute petite ? Ils s'entendaient bien et il avait l'impression que Seito l'appréciait suffisamment pour espérer qu'il puisse au moins accepter des chocolats d'encouragement de sa part. Aaaaargh. Il termina de ranger et nettoyer le plan de travail puis fit rapidement la vaisselle pour ne laisser aucune trace avant de remontrer avec ses deux boites de chocolats dans sa chambre.
Maintenant que ses chocolats étaient préparés et emballés, il était trop tard pour se voiler la face. Peut-être que le lycéen n’accepterait pas ses chocolats et qu’il se mettrait en difficulté en cherchant à les lui offrir… mais le fait qu’il lui en ai préparé signait déjà sa fin. De nouveau dans sa chambre, il camoufla ses boites dans son sac à dos, celui qu’il ramènerait à l’université, puis se jeta dans son lit… Si c’était des chocolats avec des fraises Tagada à l’intérieur, il pouvait toujours utiliser celles-ci comme excuse ?… Il s’écrasa son oreiller sur le visage. C'était n'importe quoi mais il avait encore quelques jours pour y réfléchir.
#terminé