Alors que le week-end était déjà bien installé, Alya rassembla ses affaires dans son petit sac de sport multifonctionnel qu'elle logea d'un geste vif sur son épaule, se dirigeant vers l'extérieur.
Dehors, elle inspira de nouveau une bouffée d'air frais. C'est que, malgré le week-end, la sportive ne peut définitivement pas se passer de faire de l'exercice.
Pour ainsi dire, elle aurait pu sortir en ville avec un sac à main et des habits plus distingués que sa tenue de sport habituelle comme ce tailleur ou ce blazer qui traîne à l'agonie dans son armoire, mais même après une douche tonifiante, la brune n'avait pu se résoudre à se séparer de son confort vestimentaire, et surtout : il fait doux.
Le temps a quelques belles éclaircies derrière les nuages semblables à des filaments éclatants. Ces derniers s'étendant sur une bonne portion du ciel, ternissant légèrement, par ce biais, l'éclat du soleil bien qu'ils ne soient pas annonciateurs de pluie.
Alya a toujours aimé observer la nature, notamment en journée ou en fin, quand la canopée des arbres arbore des flaques de lumière par l'interstice des branches avant de se faire avaler par l'inévitable obscurité. C'est un jeu de lumière dont elle ne se lasse pas et l'aide principalement à se concentrer quand elle court, bien que la pratique en elle-même soit suffisante pour réussir à la focaliser entièrement.
Présentement, l'astre solaire est à son zénith, il lui reste encore du temps pour emprunter le tram et rejoindre la ville la plus proche. Malgré la distance qui la sépare de chez elle, Alya n'a jamais été trop voyage, plus du genre à garder ses habitudes qu'à partir à l'aventure. Cela dit, en dépit de sa complaisance pour sa routine, elle n'a pas été dépaysée quand elle est arrivée à Kobe il y a un an, ou plutôt, l'athlète ne s'est jamais réellement posé la question puisque la piste de course est une seconde maison, et comme l'établissement en possède une qu'elle privatise en dehors des heures autorisées, c'est comme si elle n'avait jamais quitter son cocon.
Elle passe les barrières de sécurité qui sont même d'ailleurs quasiment absentes, car ici, personne ne fraude. Chacun se tient bien et respecte les consignes à l'approche du bolide sur rails. Alya fait la queue en pianotant sur son téléphone.
Lorsque c'est son tour de monter, elle s'approche au plus possible de l'avant et garde ses écouteurs dans les oreilles, regardant par la fenêtre jusqu'à son arrêt.
Le restaurant qu'elle a choisi propose de la nourriture britannique. Là encore, même à Kobe, elle n'a pas voulu changer ses habitudes alimentaires. Elle se laisse tenter de temps en temps aux ramens, makis et sushis, ou omelette japonaise pour varier son alimentation, mais ne saurait se passer de toutes les bonnes choses qu'offre son patrimoine culturel.
La salle dans laquelle elle prend place n'a rien à voir avec ses vieux clichés de la vieille Angleterre, ici place à la modernité ! On l'installe et lui tend la carte. Elle choisira un Coca en guise de boisson, de la salade en entrée, du « Toad in the hole » une saucisse enrobée dans une pâte cuite au four, accompagnée de purée avec une sauce au jus d’oignon mélangée à du vin, puis ce sera un scone pour le dessert.
Son téléphone vibre enfin dans la paume de sa main et elle fait coulisser le curseur jusqu'au bout de la bande électronique afin de pouvoir réceptionner à l'appel en cours.
- Salut meuf ! Au bout du fil, sa meilleure amie de Londres : Kara. La jeune femme est tout son opposé : douce, attentionné, souriante, anxieuse sociale... Elles sont devenues amies lorsqu'Alya la défendue farouchement alors que l'évoquer se faisait railler auprès d'un groupe de nanas.
Au bout du compte, plus personne ne s'en est jamais repris à elle, c'était même la première fois que ça lui arrivait.
Elles discutent des dernières nouvelles sur son ancienne classe à Londres, Kara lui évoque combien de chance elle a de pouvoir manger autant de sushi qu'elle veut, ce à quoi Alya lui rétorque que c'est loin d'être autant son délire que le sien.
Coupant son appel d'une quarantaine de minutes, Alya a déjà entamé plus de la moitié de son plat.
Proche de l'entrée à une table de mesure, un léger vent lui chatouille les chevilles tandis qu'un nouveau client entre. Elle lève les yeux, constatant que la personne lui est familière.
Surprise au premier abord parce qu'il s'agissait d'un membre du corps enseignant plutôt qu'un élève -chose plutôt rare mais pas impossible pour la zone- la sportive l'observa un moment.
Les regards se croisent, la psychologue a l'air seule. Alya ne veut pas s'avancer, peut-être qu'elle attend quelqu'un. Ayant aucun mal à s'imposer, la sportive lui fait un signe de la main pour lui imiter de venir se joindre à sa table. Elle a bien retenu le geste. C'est la paume qui s'agite vers le bas au Japon.
Une fois l'interpellée à sa hauteur, elle décide de commencer le dialogue, puisque c'est elle qui l'a invité à sa table.
- Bonjour Madame Oribe. Quel bon vent vous amène ? Vous aimez la nourriture britannique ?
Plutôt engageante puisque détendue après cet appel revigorant passé et surtout, autour d'un bon cadre, la psychologue se voit même accorder un sourire de politesse - ce qui est plutôt rare venant de la brune, disons-le-nous.
Day off
Ft. Beck