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Kotai Kinzoku
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Mar 6 Aoû 2024 - 6:47

Lumière, et... Action !

ft. Aliénor de Clairefontaine

Dimanche 21 octobre.

Quoi de mieux quand on vient à peine de récupérer les rênes de son compte bancaire que de dépenser un peu de sous dans le même hobby coupable qui lui avait attiré les foudres maternelles ? Trop innocent pour avoir un tel raisonnement et volontairement faire un pied de nez à sa génitrice, Kotai avait seulement sauté sur l’occasion pour se rendre au cinéma du quartier Motomachi. C’était peut-être à cause de l’arrivée prochaine d’Halloween, mais une fois de plus, l’endroit proposait une matinée spéciale frissons et réflexion, au travers du prisme de l'animation. Au programme, un thriller horrifique et psychologique nommé Perfect Blue, suivi d’une œuvre plus “légère” : Akira.

Il avait été tenté de ne pas quitter le confort de sa chambre, après tout il avait déjà maintes fois visionné ces films, mais il n’avait jamais pris le temps de les décortiquer ou de simplement les apprécier sur un écran géant. Dans un meilleur état d’esprit, il aurait certainement proposé une telle expérience à son camarade informaticien ou même au photographe si leurs chemins s’étaient croisés, mais il avait préféré s’y rendre seul. La veille avait été épuisante socialement parlant alors mieux valait qu’il en profite dans son coin.

Six stations. Un passage au konbini. Il avait hésité à quelques mètres des portes coulissantes, guettant un message réprobateur sur son portable, comme si sa mère était dotée d’un don de prescience. Rien ne vint. Alors il s’offrit un petit-déjeuner modeste, grignotant avec un certain plaisir une petite barquette de warabimochi, accompagnée d’un thé vert. Et cela faisait du bien. La faim lui revenait doucement, mais sûrement, favorisée par le retour d’un sommeil plus réparateur. Non pas qu’il s’en souciait particulièrement, sa santé n’était qu’une anecdote, un détail sans importance tant qu’elle était suffisamment bonne pour lui permettre de suivre ses cours avec assiduité. Pressant la pâte moelleuse entre ses baguettes jetables, ses yeux se perdirent un instant au delà de la vitre du magasin, contemplant la rue encore endormie. La dernière fois, le monde à la sortie du cinéma l’avait pris de court. Pas aujourd’hui. Avant de quitter l’académie, il avait consciencieusement examiné la carte des environs et, s’il ne se trompait pas, il avait réussi à trouver un itinéraire pour regagner la gare en s’épargnant les rues les plus fréquentées. Un détour serait une fois de plus inévitable, mais marcher ne l’effrayait pas.

Pas léger. Il s’arrêta devant les portes encore closes du cinéma. Réédition de la dernière fois : quelques personnes discutaient ça et là, attendant l’heure du petit évènement. Difficile de dire s’ils étaient plus ou moins nombreux qu’il y a deux semaines, de toute manière, le brun s’était déjà désintéressé de cette information. Extirpant de sa sacoche un petite carnet noir, il gribouilla quelques notes sur l’une des pages, préparant le terrain pour le visionnage proche. Cette fois, il était déterminé à coucher sur papier ses impressions, son ressenti, ainsi que les points d’interrogations qui demeureraient peut-être encore dans un coin de son esprit à la fin du film. Ancrer dans le réel ce qu’il voyait. Ce qu’il pensait. Un exercice personnel dont il n’avait pas encore su prouver l’utilité, mais il voulait se donner au moins l’occasion d’essayer, quand bien même cela ne cherchait à accomplir aucun but précis. A peine sensible à son entourage, il fallut le mouvement de la petite foule alentour pour le sortir de ses réflexions et l’inviter à entrer. Réservation récupérée, il marqua un petit temps d’arrêt devant la boutique de confiseries, revoyant avec une pointe d’amusement tout ce que le blond avait pu acheter pour leur séance. Aujourd’hui, il se contenta de débourser pour une simple bouteille d’eau et, satisfait de son achat, il se glissa dans la salle obscure, rejoignant à pas feutrés une place libre et bien centrée.

KoalaVolant

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Sam 10 Aoû 2024 - 2:35

Les Carnets du Cinéma

Musique (Attention à bien baisser le volume avant de la lancer) :



Avril-Mai 2018

“J’essaie encore de m’adapter à ma nouvelle vie au Japon, mais si tout se passe bien, pour Halloween je fais deux critiques sur des films d’animation bien sombres ! Portez-vous bien, allez voir des films, c’était Princesse Naïade, et coupez !”

Princesse Naïade. Ce pseudo qu’elle avait choisi à la fin du collège, et auquel elle n’avait jamais démordu. Il était devenu, au cours de ses années lycée, celui d’une YouTubeuse, critique de films pour le moins…excentrique, dynamique et brûlant de passion pour son domaine. Si bien que, loin de pouvoir en vivre, elle parvint à se construire une petite niche, d’une cinquantaine de milliers de spectateurs environ, qui la suivait assidûment. Et…Une promesse, c’était une promesse ! Et si l’on pouvait attribuer une qualité à la jeune critique, c’était bien de savoir tenir ses paroles ! Mais…Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Quels films allait-elle critiquer ?

C’est là qu’était venue la providence, quelques mois plus tard, alors qu'elle commençait à se demander quel contenu elle pourrait bien proposer à ses spectateurs pour Halloween. Dans un petit cinéma de la ville, deux films allaient passer ce dimanche pour l’occasion. Et l’angoisse allait être au rendez-vous. Perfect Blue, puis Akira. Connaisseuse comme elle était, la réputation de ces deux longs-métrages d’animation ne lui étaient pas inconnus. Peut être était-ce pour cette raison qu’elle hésitait, sachant très bien que l’horreur n’était pas son domaine de prédilection…Pourquoi ? Parce que ça fait peur, tout simplement ! Mais bon, une parole, c’était une parole, n’est-ce pas ? Sa vie avait fini par se stabiliser, au Japon. Elle s’était fait de nouveaux amis, s’en sortait bien en cours, et s’était fait une place dans ses clubs. Tout allait pour le mieux, il était donc temps de rendre des comptes à sa communauté. Bien que les films d’animation n’étaient pas sa spécialité, après tout, il n’y avait pas d’acteurs, elle avait tout de même du respect pour les techniques utilisées, et le doublage, où l’intention doit être au centre comme pour un jeu traditionnel.



Dimanche 21 Octobre 2018

Ainsi, ce matin-ci, la demoiselle se leva tôt, pour bien se préparer à cette journée, si cruciale à ses yeux. Mettant une petite tenue de ville, à la fois confortable et élégante, puis sa barrette-chapeau, colorée de ce fameux bleu royal. Faisons l’inventaire à présent. Carnet de notes, crayon ? C’est bon. Petit porte-monnaie en forme de grenouille toute mignonne ? Emmené. Sac à dos, avec une petite gourde d’eau, qui servira à tout transporter ? Egalement. Friandises ? …Et puis quoi encore ? Le cinéma est un lieu sacré. Comment, avec des bruits de machouille répugnants, l’on pouvait profiter du jeu des acteurs, ou du doublage dans ce cas précis ? Et surtout, ça risquait de gêner les autres personnes. Pour Aliénor, il n’était jamais, ô grand jamais pertinent de ramener des snacks dans ce lieu sacré…Peut être que c’était ça que ressentait Monsieur Fortune avec la bibliothèque, finalement…

La jeune femme fit alors son petit trajet jusqu’au cinéma, vint acheter sa place pour cette enchanteresse matinée…Et marcha jusqu’à la salle en question. Elle appréciait cette atmosphère un peu feutrée des galeries de cinéma, que l’on parcours avant d’aller voir le film. Les affiches animées des sorties du moment, la moquette qui donnait cette impression de prestige à l’endroit, c’était difficile de décrire exactement le sentiment, mais ça procurait quelque chose d’assez satisfaisant. Elle passa également devant la boutique de confiseries, se disant que, certes, c’était mal…Mais au fond, devant un blockbuster divertissant, qu’est-ce qu’il y aurait de mal d’inviter une amie, et de partager un grand pot de pop-corn avec elle ? C’était quelque chose à envisager…A voir à qui elle proposerait une telle sortie…

Finalement, Aliénor atteignit la salle obscure. Par chance, parmi les innombrables sièges rouges, les meilleures places étaient encore libres. Mais si, ces places, un peu surélevées au milieu, que personne ne prenait jamais. Les ignorants choisissaient toujours soit les derniers, soit les premiers rangs, pour être certains de bien voir. Mais l’experte connaissait les places optimales à prendre. Elle vint alors s’y placer, non pas sans une certaine fierté de son érudition, mal cachée, et vint sortir sa gourde, son carnet et son crayon. On était ici pour visionner des films, certes. Mais surtout pour savoir quoi raconter à sa chère audience. A ses pieds, elle posa son sac. Sur le siège à sa gauche, son carnet, de la manière la plus égoïste qui soit afin de le reprendre rapidement au besoin. De toute façon, personne ne viendrait jamais à cet endroit, alors à quoi bon se priver.

La séance pouvait commencer…Qu’est-ce qu’il allait y avoir d’intéressant à en ressortir ?


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Jeu 22 Aoû 2024 - 4:46

Lumière, et... Action !

ft. Aliénor de Clairefontaine

Bruissements sur la place d’à côté. Kotai n’y prête guère la moindre attention alors qu’un peu partout dans la salle encore éclairée, les quelques amateurs de ce rendez-vous dominical prenaient place. C’était plaisant de partager une telle expérience avec un public des plus respectueux. Le murmure d’avant film était on ne peut plus discret, un simple grésillement semblable au chant lointain de quelques cigales et, dès que les lumières s’éteindront, le silence. Un point positif de plus pour ces matinées particulières qui n’avaient pas à souffrir de la popularité de quelconque blockbuster récent ou de tendance nourrie par les réseaux sociaux. Le cinéma était modeste et il fallait être un habitué ou un étudiant pour être un jour tombé sur leurs petits prospectus. Lui l’avait trouvé à l’accueil de l’école, alors qu’il attendait sagement pour transmettre le reste de son dossier et récupérer la clé de sa chambre. Petite pile presque entièrement pillée, il avait eu le réflexe de tromper son ennui en la réarrangeant correctement et ses yeux s’étaient arrêtés pour lire les quelques mots inscrits dessus, juste assez pour venir titiller sa curiosité. Seul dans la salle d’attente, il n’avait même pas hésité quand il avait empoché le dépliant.

Le seul regret qu’il avait, c’était de ne pas avoir osé plus tôt. Il avait manqué les premiers dimanches et ceux qui avaient suivi sa première - et unique - visite, en compagnie de Noboru. Un invitation qui avait eu bien plus de conséquences qu’il n’aurait pu l’imaginer mais… malgré les hauts, et surtout les bas, il avait bon espoir que leur relation se poursuive dans le temps. Un ami. Si on lui avait dit, un an auparavant, qu’il parviendrait à tisser un tel lien, il n’y aurait pas cru un seul instant.

Carnet posé sur ses genoux, il se cale confortablement dans le fond de son siège et, au moment où la salle se retrouve plongée dans l’obscurité, les cigales cessent de chanter. Phénomène presque mystique pour qui n’y est pas habitué. Et alors que sur l’écran géant les premières images commencent à danser, le jeune homme laisse son esprit se faire happer. Grain ancien. Premières notes jazzy accompagnant le nom du studio de réalisation, et… la salle entière disparut.

KoalaVolant

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Sam 14 Sep 2024 - 20:47

Les Carnets du Cinéma (ft. Kotai Kinzoku)

La séance débutait. Les lumières se turent en même temps que les bavardages et chuchotements dans la salle. Progressivement, au fur et à mesure que l'obscurité s'installait. Quelques bandes annonces sur les actualités du moment, chose usuelle, comme la promotion du cinéma. La demoiselle cinéphile en profitait pour se renseigner sur ce qu'il serait intéressant de voir, de faire une critique, ou même les deux en même temps, histoire de mêler l'utile à l'agréable. Le prochain John Wick, au mois de mai ? Pourquoi pas, ça fera des vues, ce serait un film popcorn plutôt sympathique. Glass, le thriller dont beaucoup de gens parlaient ? Split était intéressant...Peut être faudrait-il lui donner sa chance. Ralph 2.0, peut être ? Un Disney, tout le monde voudra connaître son avis, et c'est toujours agréable à voir ! Puis il y avait Alita : Battle Angel. Celui-ci était déjà sur la liste des "à voir" d'Aliénor, dès qu'elle en eut entendu parler. Mais un film retint son attention : Us. Le concept de doubles était des plus intriguant, et elle avait envie de voir comment les acteurs en "deux exemplaires" allaient gérer deux manières de jouer totalement radicales.

Les yeux de bleus émerveillés par le défilement de bandes annonces traduit une expression intéressée et satisfaite, à l'image de quelqu'un qui faisait mentalement ses courses, prenant littéralement le box-office du moment et à venir comme un menu à la carte dont on choisit les plats les plus intéressants. Puis, une expression plus concentrée se dessina sur le visage de la française, alors que les logos des studios passaient à l'écran. Le film allait commencer. Bien entendu, la séance commençait par Perfect Blue, comme annoncé sur la promotion. Le synopsis était simple et faisait écho à de nombreux cas au Japon. Une ancienne idol, reconvertie en actrice pour suivre son rêve, se fait stalker et assiste à une série de meurtres proches d'elle. Grossièrement résumé, ça donnait quelque chose du genre.

Aliénor s'était montré attentive, tout le film, n'en perdant pas une miette. Et alors que les crédits défilaient, ce fut, une fois que la lumière fut à nouveau dans la salle, une mine tout à fait déconfite sur le visage de l'étudiante.

- Ah...Ah oui, d'accord !

Une actrice en devenir, qui veut grandir, mais se perd dans ses rôles, dans l'angoisse d'une personne qui stalke tout ses faits et gestes, et voit sa dignité se déliter petit à petit dans les demandes toujours plus indécentes...Clairement, il y avait de quoi remettre en question l'envie de devenir actrice et de côtoyer une stalkeuse, là ! En somme, remettre en question tous ses choix de vie depuis son arrivée à Kobe. Était-on réellement obligés d'en arriver là ? Elle était très bien, sa vie. Pas besoin que ça prenne de telles extrémités, à grand coup de dissociation d'identité et de traumatismes ! Oui, tout va bien se passer !

La demoiselle prit quelques minutes pour prendre l'air durant l'entracte, consigner ses notes et aérer son esprit, afin de se préparer au prochain film : Akira. Ce fut l'esprit plus clair et ses pensées couchées sur papier, qu'elle reprit la place qu'était la sienne, devant l'écran géant afin de visionner le second long-métrage animé.

Dire que l'ambiance fut plus légère aurait été exagéré. Les thèmes abordés étaient plus détachés de l'existence de la française, mais ils n'en étaient pas moins lourds. Relations toxiques, complexe d'infériorité, violence, expériences sur des enfants, complexe de dieu, et j'en passe. Aliénor en avait déjà eu des échos, après tout c'était une œuvre culte. Mais c'était plus lourd, graphique et violent que ce qu'elle avait envisagé au départ. Il y avait bien entendu des scènes visuellement difficiles, comme cette fameuse transformation hideuse dans le stade, mais le moment le plus affreux dans cette scène fut celui où sa petite amie mourut de ses mains par accident. Une fin vraiment tragique.

Lorsque les lumières s'allumèrent une ultime fois pour signifier la fin du film, mais également de la matinée, la cinéphile prit le temps des crédits pour souffler un peu et s'alléger l'esprit une nouvelle fois, avant de prendre ses affaires, le carnet qui était resté posé sur le siège d'à côté, et quitter la salle pour rédiger ses dernières notes. L'objectif était clair : Rentrer, et commencer à préparer son script afin que la vidéo soit prête pour Halloween, publiée pendant qu'elle, elle serait dans l'Escape Game.

Petit bémol : Ce carnet, qu'elle tenait. Était-ce vraiment le sien ?

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Dim 13 Oct 2024 - 11:46

Lumière, et... Action !

ft. Aliénor de Clairefontaine

Tout est dans les détails. Poissons. Affiche. Twist intéressant. POV perso principal qui brouille la frontière entre réalité et paranoïa. Dégradation graduelle de la psyché (demeure légère par rapport à d’autres œuvres aux thématiques proches) [essayer de revoir Yume nara samete, Black Swan, l’Echelle de Jacob]
Colorimétrie à étudier ?


Notes griffonnées distraitement dans son carnet alors que les lumières se sont rallumées, le temps d’une entracte bienvenue et qui lui permettait d’ordonner ses idées après ce visionnage… intriguant. Le support de l’animation ne le transportait pas autant que ce celui des films plus traditionnels, il préférait inspecter le côté plus réaliste des live-action, tenter de comprendre la structure ou les techniques employées pour soutenir la vision du réalisateur, principalement au travers des effets spéciaux. Et il ne pensait pas à ceux générés par ordinateur. Il reconnaissait aisément le travail que cela impliquait, mais il y avait quelque chose de fascinant derrière les masques sculptés à la main, les squelettes de métal des animatroniques, et toutes les astuces trouvées pour obtenir le résultat désiré.

Il ne serait pas gâté sur ce plan là aujourd’hui, mais ce n’était pas grave. Pour une fois, il pouvait bien laisser un peu de côté sa curiosité et simplement profiter des thèmes abordés par les films proposés. Et Akira portait une histoire tout aussi intéressante que Perfect Blue.

La dureté des images pouvait choquer les spectateurs les plus sensibles, mais c’est à peine s’il arqua un sourcil une fois ou deux. Plus absorbé par l’histoire que par le sentiment de terreur que la dégénérescence de Tetsuo convoyait. A l’image de la société post-apocalyptique que le film illustrait, son corps se délitait. Croissance exacerbée et informe, écoeurante peut-être, et qui finissait jusqu’à étouffer celle qu’il portait presque dans son coeur. Différence singulière de la source d’origine, un détail sans doute mais qui permettait de simplifier et d’enjoliver leur relation. Carnet ouvert à la lueur du film, il y inscrivit à la va-vite le nom de Cronenberg. Une petite note pour ne pas oublier de replonger dans quelques extraits de films cultes et surtout dans leurs making-offs. Page étrange au touché. Dans la pénombre chassée par les derniers éclats lumineux du film, il ne prêta même pas attention à son écriture précédente qui était pourtant bien différente.

Et quand les crédites finirent de rouler, que les lumières jaillirent pour les ramener dans une réalité pourtant aussi grotesque que les films présentés, Kotai fit une petite moue. Hmm. Il avait du travail de recherche en rentrant. Alors, dès que la masse la plus impactante des spectateurs eut majoritairement quitté leurs sièges et la salle, il se leva, carnet sous le bras et sac sur l’épaule, il se glisse sur leur piste. Chemin partiellement obstrué, il patiente un peu et finalement se fraye un chemin au milieu des ilots que forment les couples d'amants ou d'amis venus apprécier la matinée. Une épaule rebondit contre la sienne, il se décale, excuse soufflée par réflexe, et essaye de reprendre tant bien que mal son chemin en ignorant la sensation de brûlure qui se déverse dans son bras. Son regard s'agite, fixant désespérément la sortie qui semble vouloir toujours plus s'éloigner. Le chemin s'amenuise. La foule grossit, encore et encore, de la même manière que sa gorge qui s'étrécit et refuse l'air dont il a pourtant tant besoin. Sa vision se floute, et brusquement, il sent un courant d'air frais sur son visage. Yeux clos, il reste peut-être quelques secondes de trop au milieu du chemin, cherchant à retrouver ses esprits. Un raclement de gorge le ramène sur terre et il se décale, honteux et épuisé par cette traversée des enfers. Enfin, le pire était derrière lui, il n'avait plus qu'à rentrer à l'école et se terrer dans sa chambre pour le reste de sa journée. Mais avant ça, il avait une dernière chose à rajouter dans son carnet et.. Bug mental. Il ne parvenait pas à déchiffrer les élégants gribouillages qui recouvraient les pages.
KoalaVolant

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Mer 27 Nov 2024 - 11:13

Les Carnets du Cinéma (ft. Kotai Kinzoku)

- Mais qu'est-ce que...
 
...D'accord. Revenons en arrière quelques minutes, au moment où le second film se terminait, et que les crédits roulaient inlassablement, à un rythme monotone sur fond de musique de fin, devant les yeux d'Aliénor. Blancs sur fond noir, comme la plupart du temps. Dénué de tout effets superflus, comme le voulait l'époque. Quelque chose de très classique, loin des blockbusters du genre qui ne pouvaient s'empêcher de rajouter des petites choses ici et là afin de garder le spectateur plus longtemps. Artifices non-necessaires au Japon, pays où les gens, par coutume, restaient jusqu'au bout des crédits, et ne se levaient pas avant. Et cette fois encore confirmait la tradition en question.  
 
Aliénor n'y coupa pas. Bien entendu, cela faisait un peu plus d'un an maintenant qu'elle était au pays du soleil levant. Elle connaissait ce dogme, mais avait deja pour habitude de demeurer assise pendant ces défilés de noms. Pourquoi donc ? Au début, car elle prenait des notes. Maintenant, par simple respect. Des gens avaient travaillé dur pour ce film. Et même si le commun des mortels s'en fichaient, et qu'elle ne les retiendrait certainement pas tous, voire que sa petite tête les aurait oubliés dans l'heure qui suit, ses prunelles de bleu seraient quand même témoins de tous ceux qui se sont echarpés sur ce long métrage sur un, si ce n'était plusieurs années.  
 
Enfin ! Active comme elle était, peut être trop, une fois le déroulé entièrement épuisé, la petite française prit d'une main son carnet, sans jeter un oeil dessus, et son sac, de l'autre, qu'elle avait élégamment gardé à ses pieds, collé au fauteuil, pour qu'il ne dérange personne -et surtout pas elle- durant la mâtinée. Ce qui fit alors de ce petit bout de demoiselle la première à se lever, et à sortir prendre l'air, la tête pleine des remarques qu'elle pourrait faire sur ces films devant la caméra. Des louanges, beaucoup, mais aussi quelques petits ressentis, a certains moments. Du dégoût qu'elle a pu ressentir à la transformation de Tetsuo. Du plot twist de Perfect Blue qui l'avait scotché, et à quel point ces films lui avaient retrouvé les tripes.  
 
Une fois dehors pour de bon, Aliénor prit une grande inspiration. Difficile de redescendre. Les minutes d'après-film, la tête encore pleine de souvenirs et avec une envie irrépressible de parler de ce que l'on venait de voir, c'était les meilleurs moments. Et elle espérait qu'une fois actrice, elle pourrait transmettre ce sentiment à son tour. Mais pour le moment, la jeune fille avait du mal à mettre de l'ordre dans ses idées, et de nouvelles venaient poindre dans un coin de son cerveau. Du genre à écrire bien rapidement, sous peine qu'elles sombrent à jamais dans l'oubli.

Alors la petite princesse cinéphile ressortit son carnet. Celui-là même qu'elle avait repris, rappelons-le, sans jeter un œil dessus en sortant. Et la stupeur dont elle fut prise lorsqu'elle l'ouvrit ne fut que la conséquence de sa négligence. Les yeux écarquillés, ronds comme des soucoupes, la française ne tomba que sur des piles et des piles de minuscules idéogrammes, resserrés les uns sur les autres comme s'il n'y avait plus qu'une seule page de libre. En temps normal, lire le japonais ne lui posait pas trop de soucis. Hiraganas et katakanas n'étaient plus que des formalités. Les kanjis étaient parfois un peu difficiles et les subtilités de lectures pouvaient parfois lui échapper. Mais ce qui fut inscrit sur ses pages étaient de telles pattes de mouches que c'en était devenu presque indéchiffrable.

C'est alors que nous revenions à l'instant présent. Où elle découvrit alors ce carnet, qui, bien qu'elle l'eut pendant des mois et des mois, n'était plus là qu'un étranger à ses yeux. Et ce fut également à ce moment précis que son légitime propriétaire reprit de l'air après son apnée dans la foule pour espérer enfin sortir.

- Mais qu'est-ce que c'est que ces calembredaines ?! C'est pas mon carnet, ça !

Et sous la surprise, Aliénor prononça ces mots tellement fort, que certaines personnes se retournèrent brièvement pour voir de quoi il en retournait. Mais bon, c'était un langage inconnu, alors autant vaquer à ses occupations. Mais pour le japonais qui venait tout juste de réapprendre à respirer, et surtout de découvrir sur des feuilles supposées être les siennes un bien élégant français cursif, ce serait peut être une autre histoire.

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