- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 80■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 27 ans
❖ Chambre/Zone n° : Zone 2 - Maison
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Le vent d’hiver mordait doucement les joues de Jin tandis qu’il marchait le long de la plage déserte. À cette période de l’année, Kobe semblait plongée dans une torpeur mélancolique. Les éclats de rire et le tumulte de l’été avaient laissé place à un silence appaisant, ponctué par le cri des mouettes et le clapotis discret des vagues. Le sable, humide et froid, s’étirait devant lui, parsemé des traces éphémères laissées par des promeneurs solitaires. Ashina avançait lentement, les mains enfouies dans les poches de son manteau épais, son écharpe relevée jusqu’à son menton.
Au loin, quelques navires fantomatiques émergeaient du léger brouillard qui flottait au-dessus de l’eau, leurs silhouettes floues semblant appartenir à un autre monde. L’air marin portait une odeur salée, mélangée à la fraîcheur hivernale, réveillant en lui des souvenirs qui ne demandaient qu’à resurgir des abysses de son esprits.
Le japonais baissa les yeux vers le rivage, observant les vagues lécher paresseusement le sable. Il avait l’impression que chaque mouvement de l’eau correspondait à un battement de son cœur, lourd et régulier, rempli d’un vide qu’il peinait à combler. Harumi. Son nom résonnait dans son esprit comme une douce litanie, à la fois réconfortante et douloureuse.
Ses pas le ramenèrent des années en arrière, à une époque où la plage n’était pas à ses yeux un lieu de solitude, mais de vie et de joie. Il se revoyait, adolescent, courant après Harumi sur ce même rivage. Elle portait un yukata léger, ses cheveux marrons flottant au gré du vent. Elle riait, un rire clair et cristallin qui le faisait sourire sans qu’il puisse s’en empêcher.
-« Jin, si tu continues à manger autant, tu ne pourras plus courir ! » s’était-elle moquée en lui lançant un coquillage qui tomba mollement sur le rivage avant qu'une vague ne l'emporte dans son sillage.
L'amoureux s’était précipité vers elle, feignant une attaque, et elle avait reculé en riant de plus belle avant qu’ils ne s’écroulent tous deux sur le sable. Harumi avait toujours eu ce don : rendre les moments ordinaires extraordinaires.
Ashina se souvenait aussi de ces soirées où, assis côte à côte, ils regardaient le soleil se coucher sur la mer. Elle parlait de ses rêves, de son envie de voyager et de découvrir le monde, tandis que Jin, plus réservé, se contentait de l’écouter, absorbant chaque mot comme une vérité sacrée.
-« Tu sais, Jin, cette plage sera toujours notre point de départ. Peu importe où nous irons, on pourra toujours revenir ici, comme si rien n’avait changé. »
Mais tout avait changé.
La réalité le ramena brutalement au présent. Le vent glacial traversa son manteau, et il releva le col pour se protéger. La plage, si vivante dans ses souvenirs, était aujourd'hui un cimetière, et le silence pesant semblait refléter celui de son cœur.
Le marcheur solitaire continua à marcher, ses chaussures laissant des empreintes profondes dans le sable humide. Le bruit de ses pas résonnait dans sa tête, un rappel de sa solitude. Harumi n’était plus là, et pourtant, elle était partout. Dans la manière dont les vagues s’écrasaient contre le rivage, dans le cri des mouettes, dans le parfum de l’air.
Jin s’arrêta soudain, levant les yeux vers l’horizon. Le brouillard s’éclaircissait légèrement, laissant entrevoir une mer grise et infinie où les rayons pâles du soleil se reflétaient à peine. Le veuf inspira profondément, remplissant ses poumons d’air froid, comme s’il espérait y trouver la force de continuer.
-« Harumi...»
Sa voix fut presque emportée par le vent, pourtant le solitaire restait là, immobile, fixant l’horizon comme s’il s’attendait à la voir apparaître. Alors, il poursuivir, sa voix se brisant légèrement.
- « Tu es partie, mais l’amour que j’ai pour toi… L’amour ne s’en va pas, Harumi. Il est là, immuable, enraciné en moi comme cet océan qui ne cesse jamais de revenir au rivage. »
Il baissa les yeux, serrant les poings dans ses poches.
-« J’espère que, où que tu sois, tu es heureuse. Peut-être que tu es dans un endroit meilleur, ou peut-être que tout s’arrête vraiment après la mort. Peut-être qu’il n’y a que le néant. »
Il marqua une pause, cherchant ses mots.
-« Mais même si c’est le cas, même si tu n’existes plus que dans mes souvenirs, je te promets de te garder vivante, Harumi. Dans mes pensées, dans mon cœur… Tu seras toujours là. »
Le vent se leva, soulevant quelques grains de sable autour de lui. Jin ferma les yeux un instant, sentant une larme rouler sur sa joue avant d’être emportée par le froid.
-« Je chérirai chaque instant que nous avons partagé, chaque sourire, chaque regard. Tu vivras éternellement à travers ces souvenirs, comme une étoile dans un ciel obscur. »
Il inspira de nouveau, cherchant un semblant de paix dans ses propres mots.
Jin se redressa alors, levant légèrement le menton comme s’il s’efforçait de défier la tristesse qui l’envahissait. Il n’y avait personne autour pour entendre son aveu, personne pour voir sa vulnérabilité. Mais cela n’avait pas d’importance. Ce moment n’appartenait qu’à lui et à Harumi.
Il fit un pas en arrière, laissant la mer reprendre sa danse éternelle, puis tourna lentement les talons. Ses empreintes sur le sable, tout comme ses paroles, finiraient par disparaître, emportées par le vent ou les vagues. Mais dans son cœur, Harumi resterait indélébile.
Alors qu’il reprenait sa marche, une mouette passa au-dessus de lui, son cri brisant le silence. Jin leva les yeux, esquissant un léger sourire.
-« Merci, Harumi. »
Le sportif continua à marcher le long de la plage, son pas plus assuré, son cœur encore lourd, mais légèrement apaisé. Car même dans l’absence, il y avait une forme de présence, une lumière qui, bien que faible, brillait encore dans les méandres de son âme.
Au loin, quelques navires fantomatiques émergeaient du léger brouillard qui flottait au-dessus de l’eau, leurs silhouettes floues semblant appartenir à un autre monde. L’air marin portait une odeur salée, mélangée à la fraîcheur hivernale, réveillant en lui des souvenirs qui ne demandaient qu’à resurgir des abysses de son esprits.
Le japonais baissa les yeux vers le rivage, observant les vagues lécher paresseusement le sable. Il avait l’impression que chaque mouvement de l’eau correspondait à un battement de son cœur, lourd et régulier, rempli d’un vide qu’il peinait à combler. Harumi. Son nom résonnait dans son esprit comme une douce litanie, à la fois réconfortante et douloureuse.
Ses pas le ramenèrent des années en arrière, à une époque où la plage n’était pas à ses yeux un lieu de solitude, mais de vie et de joie. Il se revoyait, adolescent, courant après Harumi sur ce même rivage. Elle portait un yukata léger, ses cheveux marrons flottant au gré du vent. Elle riait, un rire clair et cristallin qui le faisait sourire sans qu’il puisse s’en empêcher.
-« Jin, si tu continues à manger autant, tu ne pourras plus courir ! » s’était-elle moquée en lui lançant un coquillage qui tomba mollement sur le rivage avant qu'une vague ne l'emporte dans son sillage.
L'amoureux s’était précipité vers elle, feignant une attaque, et elle avait reculé en riant de plus belle avant qu’ils ne s’écroulent tous deux sur le sable. Harumi avait toujours eu ce don : rendre les moments ordinaires extraordinaires.
Ashina se souvenait aussi de ces soirées où, assis côte à côte, ils regardaient le soleil se coucher sur la mer. Elle parlait de ses rêves, de son envie de voyager et de découvrir le monde, tandis que Jin, plus réservé, se contentait de l’écouter, absorbant chaque mot comme une vérité sacrée.
-« Tu sais, Jin, cette plage sera toujours notre point de départ. Peu importe où nous irons, on pourra toujours revenir ici, comme si rien n’avait changé. »
Mais tout avait changé.
La réalité le ramena brutalement au présent. Le vent glacial traversa son manteau, et il releva le col pour se protéger. La plage, si vivante dans ses souvenirs, était aujourd'hui un cimetière, et le silence pesant semblait refléter celui de son cœur.
Le marcheur solitaire continua à marcher, ses chaussures laissant des empreintes profondes dans le sable humide. Le bruit de ses pas résonnait dans sa tête, un rappel de sa solitude. Harumi n’était plus là, et pourtant, elle était partout. Dans la manière dont les vagues s’écrasaient contre le rivage, dans le cri des mouettes, dans le parfum de l’air.
Jin s’arrêta soudain, levant les yeux vers l’horizon. Le brouillard s’éclaircissait légèrement, laissant entrevoir une mer grise et infinie où les rayons pâles du soleil se reflétaient à peine. Le veuf inspira profondément, remplissant ses poumons d’air froid, comme s’il espérait y trouver la force de continuer.
-« Harumi...»
Sa voix fut presque emportée par le vent, pourtant le solitaire restait là, immobile, fixant l’horizon comme s’il s’attendait à la voir apparaître. Alors, il poursuivir, sa voix se brisant légèrement.
- « Tu es partie, mais l’amour que j’ai pour toi… L’amour ne s’en va pas, Harumi. Il est là, immuable, enraciné en moi comme cet océan qui ne cesse jamais de revenir au rivage. »
Il baissa les yeux, serrant les poings dans ses poches.
-« J’espère que, où que tu sois, tu es heureuse. Peut-être que tu es dans un endroit meilleur, ou peut-être que tout s’arrête vraiment après la mort. Peut-être qu’il n’y a que le néant. »
Il marqua une pause, cherchant ses mots.
-« Mais même si c’est le cas, même si tu n’existes plus que dans mes souvenirs, je te promets de te garder vivante, Harumi. Dans mes pensées, dans mon cœur… Tu seras toujours là. »
Le vent se leva, soulevant quelques grains de sable autour de lui. Jin ferma les yeux un instant, sentant une larme rouler sur sa joue avant d’être emportée par le froid.
-« Je chérirai chaque instant que nous avons partagé, chaque sourire, chaque regard. Tu vivras éternellement à travers ces souvenirs, comme une étoile dans un ciel obscur. »
Il inspira de nouveau, cherchant un semblant de paix dans ses propres mots.
Jin se redressa alors, levant légèrement le menton comme s’il s’efforçait de défier la tristesse qui l’envahissait. Il n’y avait personne autour pour entendre son aveu, personne pour voir sa vulnérabilité. Mais cela n’avait pas d’importance. Ce moment n’appartenait qu’à lui et à Harumi.
Il fit un pas en arrière, laissant la mer reprendre sa danse éternelle, puis tourna lentement les talons. Ses empreintes sur le sable, tout comme ses paroles, finiraient par disparaître, emportées par le vent ou les vagues. Mais dans son cœur, Harumi resterait indélébile.
Alors qu’il reprenait sa marche, une mouette passa au-dessus de lui, son cri brisant le silence. Jin leva les yeux, esquissant un léger sourire.
-« Merci, Harumi. »
Le sportif continua à marcher le long de la plage, son pas plus assuré, son cœur encore lourd, mais légèrement apaisé. Car même dans l’absence, il y avait une forme de présence, une lumière qui, bien que faible, brillait encore dans les méandres de son âme.
- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 80■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 27 ans
❖ Chambre/Zone n° : Zone 2 - Maison
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Bien que le vent de l’automne soit devenu plus frais, la plage de Kobe avait conservé son charme paisible. Jin avançait lentement sur le sable, ses chaussures crissant légèrement à chaque pas. La mer s'étendait devant lui, infinie et calme, ses vagues venant mourir doucement sur le rivage. Cela faisait des mois qu’il n’était pas revenu ici, pourtant chaque pas semblait le ramener dans le passé, à ce jour gravé dans sa mémoire.
C’était ici, sur cette même plage, qu’il avait passé la dernière journée avec Harumi. Le souvenir surgit brutalement, comme si le paysage lui-même insistait pour lui rappeler cet instant figé dans le temps. Il s’arrêta, ses yeux se posant sur l’horizon où le ciel et la mer se confondaient dans une palette de gris et de bleu.
-« Pourquoi suis-je revenu ? » murmura-t-il pour lui-même, sa voix emportée par le vent.
Il n’avait pas de réponse à cette question. Peut-être espérait-il trouver un semblant de réconfort, ou au contraire se punir davantage en se confrontant à la douleur qu’il portait depuis ce jour-là. Il s'arrêta, fermant les yeux un instant. L’odeur saline de l’océan lui piquait les narines, et le bruit des vagues mêlé au cri des mouettes formait un écho de ce jour gravé en lui.
C’était une journée ensoleillée, contre toute attente. Harumi, affaiblie mais souriante, était sortie de l’hôpital pour ce qui allait être sa dernière escapade. Sa voix résonnait encore dans sa mémoire :
-« Je veux voir la mer une dernière fois, Jin. Je veux sentir le vent sur mon visage. »
Ashina avait obtempéré sans discuter. Comment aurait-il pu refuser ? Elle n’avait plus beaucoup de temps, et chaque seconde comptait. Ils avaient roulé en silence jusqu’à la plage, les mots semblant superflus entre eux. Jin jetait de temps en temps un regard vers elle. Ses joues pâles, son souffle court... Mais malgré tout cela, elle souriait.
Quand ils arrivèrent, Harumi resta immobile un instant, ses mains agrippant légèrement son bras pour descendre de la voiture.
-« La mer... » murmura-t-elle, comme si elle n’était qu’un souvenir lointain qu’elle redécouvrait.
Jin avait pris une couverture qu’il étala sur le sable, l’aidant à s’asseoir. Elle semblait si fragile, assise là, ses cheveux décolorés par les traitements flottant au vent. Pourtant, elle n’était jamais aussi belle que dans ce moment-là.
Ils avaient passé des heures à se promener et à regarder l’horizon, Harumi parlant doucement de ses souvenirs d’enfance, des après-midis passés à courir sur des plages semblables.
Il se souvenait de la façon dont elle s’était appuyée sur son bras pendant qu’ils marchaient jusqu’à ce même rivage. Sa silhouette frêle, enveloppée dans une écharpe légère, contrastait avec la vitalité qu’elle avait autrefois incarnée....
Sa silhouette si frêle, enveloppée dans un manteau trop large, contrastant avec le sourire radieux qu’elle lui offrait. Jin se souvenait de la manière dont ses yeux, bien qu’assombris par la maladie, brillaient d’une lumière douce.
Après un moment, les amoureux s’étaient assis côte à côte sur un vieux plaid qu’il avait étendu sur le sable. Harumi avait gardé les yeux fixés sur l’horizon, ses doigts jouant distraitement avec les grains de sable. Jin, lui, n’avait pas osé parler. Il avait peur de briser ce moment fragile, presque sacré.
Après un long silence, elle avait finalement tourné la tête vers lui, un sourire doux mais fatigué éclairant son visage.
-« Tu te souviens de la première fois qu’on est venus ici ? »
Bien sûr qu’il s’en souvenait. C’était il y a des années, avant la maladie. Ils étaient jeunes, insouciants, riant comme des enfants en courant dans les vagues. Elle avait ramassé des coquillages qu’elle avait ensuite transformés en un petit cadre photo qu’il gardait encore précieusement chez lui.
-« Oui, je m’en souviens, mon coeur... » avait-il répondu, sa voix étrangement rauque.
Elle avait hoché la tête, satisfaite, avant de détourner à nouveau le regard vers l’océan.
Revenant au présent, Jin ouvrit les yeux, sa poitrine se serrant alors qu’il revoyait Harumi dans cet instant. Il avança vers l’endroit exact où ils s’étaient assis ce jour-là, traçant les contours invisibles d’un passé qu’il ne pouvait plus toucher.
Il s’agenouilla, posant une main sur le sable froid. « Harumi... » murmura-t-il, sa voix se brisant presque. Les vagues semblaient répondre, leur va-et-vient incessant formant un chœur réconfortant.
Le poids de la culpabilité le submergea. Il revoyait son sourire, si courageux, si lumineux, même alors qu’il savait que chaque instant passé avec elle était un pas de plus vers la fin. Il n’avait pas su la sauver. Il s’était promis, pourtant, de toujours être là pour elle, de la protéger. Mais face à cette maladie implacable, il avait été impuissant.
Le veuf passa une main tremblante sur son visage, afun de chasser ces images trop vivaces. Mais elles refusaient de disparaître. Elles le hantaient, tout comme la culpabilité qu’il traînait depuis la mort de Harumi.
-« Si seulement j’avais fait plus...»
Il savait, rationnellement, qu’il n’était pas responsable. La maladie avait été impitoyable, implacable. Mais une part de lui ne pouvait s’empêcher de penser qu’il aurait dû être plus présent, plus fort, ou trouver un moyen de la sauver.
Le bruit d’une vague plus forte que les autres le ramena brièvement dans le passé. Il leva les yeux et fixa l’horizon, tout comme Harumi l’avait fait ce jour-là.
Elle avait posé sa main glacée sur la sienne.
-« Jin... »
Il avait tourné la tête vers elle, tentant de sourire malgré le nœud qui se formait dans sa gorge.
-« Tu es resté à mes côtés tout ce temps... »
Elle avait hésité, son regard se perdant vers l’horizon.
-« Merci. »
Il s’était senti stupide, incapable de répondre autrement que par un :
-« Je... Harumi. »
Le souffle de l'amoureux s'était coupé, ses yeux s'innondaient de seconde en seconde.
-« Promets-moi quelque chose...» avait-elle continué, sa voix à peine audible.
-« Tout ce que tu veux, » avait-il répondu sans hésiter, même si une partie de lui savait déjà qu’il échouerait à tenir cette promesse.
-« Vis. Même après mon départ. »
Ces mots étaient lourds, impossibles à accepter. Comment pouvait-il continuer à vivre, alors qu’elle ne serait plus là ? Son esprit revint à ce dernier sourire qu’elle lui avait offert, le regard tourné vers les vagues. Elle avait fermé les yeux, comme apaisée, et il l’avait observée, gravant chaque détail dans sa mémoire.
Le lendemain, elle était retournée à l’hôpital. Et quelques jours plus tard, elle s’était éteinte, emportant avec elle une partie de son âme.
Jin serra le sable dans sa main, les grains froids glissant entre ses doigts.
-« J’ai essayé, Harumi... » murmura-t-il, les larmes qu’il retenait depuis si longtemps trouvant enfin leur chemin sur ses joues.
Il leva les yeux vers l’horizon, comme s’il espérait y trouver une réponse, un signe. Mais il n’y avait que la mer, éternelle et indifférente.
Ces mots résonnaient encore dans son esprit alors qu’il restait debout sur la plage, immobile face aux vagues. Ses mains se crispèrent dans ses poches, et il baissa la tête, incapable de retenir plus longtemps les larmes qui roulaient silencieusement sur ses joues.
-« Harumi, Je suis désolé. »
Il ne savait pas exactement pourquoi il s’excusait. Peut-être pour toutes les choses qu’il n’avait pas pu faire, pour les moments qu’il n’avait pas pu lui offrir, ou simplement pour être encore là alors qu’elle ne l’était plus.
Le vent se leva, emportant avec lui l’odeur salée de la mer. Jin ferma les yeux, laissant la brise caresser son visage, comme une étreinte invisible. Le temps semblait s’étirer, chaque minute ressemblant à une éternité. Finalement, le veuf fit un pas en arrière, puis un autre, s’éloignant lentement du rivage où il avait tracé un coeur où l'inscription éphémère H + J =
C’était ici, sur cette même plage, qu’il avait passé la dernière journée avec Harumi. Le souvenir surgit brutalement, comme si le paysage lui-même insistait pour lui rappeler cet instant figé dans le temps. Il s’arrêta, ses yeux se posant sur l’horizon où le ciel et la mer se confondaient dans une palette de gris et de bleu.
-« Pourquoi suis-je revenu ? » murmura-t-il pour lui-même, sa voix emportée par le vent.
Il n’avait pas de réponse à cette question. Peut-être espérait-il trouver un semblant de réconfort, ou au contraire se punir davantage en se confrontant à la douleur qu’il portait depuis ce jour-là. Il s'arrêta, fermant les yeux un instant. L’odeur saline de l’océan lui piquait les narines, et le bruit des vagues mêlé au cri des mouettes formait un écho de ce jour gravé en lui.
C’était une journée ensoleillée, contre toute attente. Harumi, affaiblie mais souriante, était sortie de l’hôpital pour ce qui allait être sa dernière escapade. Sa voix résonnait encore dans sa mémoire :
-« Je veux voir la mer une dernière fois, Jin. Je veux sentir le vent sur mon visage. »
Ashina avait obtempéré sans discuter. Comment aurait-il pu refuser ? Elle n’avait plus beaucoup de temps, et chaque seconde comptait. Ils avaient roulé en silence jusqu’à la plage, les mots semblant superflus entre eux. Jin jetait de temps en temps un regard vers elle. Ses joues pâles, son souffle court... Mais malgré tout cela, elle souriait.
Quand ils arrivèrent, Harumi resta immobile un instant, ses mains agrippant légèrement son bras pour descendre de la voiture.
-« La mer... » murmura-t-elle, comme si elle n’était qu’un souvenir lointain qu’elle redécouvrait.
Jin avait pris une couverture qu’il étala sur le sable, l’aidant à s’asseoir. Elle semblait si fragile, assise là, ses cheveux décolorés par les traitements flottant au vent. Pourtant, elle n’était jamais aussi belle que dans ce moment-là.
Ils avaient passé des heures à se promener et à regarder l’horizon, Harumi parlant doucement de ses souvenirs d’enfance, des après-midis passés à courir sur des plages semblables.
Il se souvenait de la façon dont elle s’était appuyée sur son bras pendant qu’ils marchaient jusqu’à ce même rivage. Sa silhouette frêle, enveloppée dans une écharpe légère, contrastait avec la vitalité qu’elle avait autrefois incarnée....
Sa silhouette si frêle, enveloppée dans un manteau trop large, contrastant avec le sourire radieux qu’elle lui offrait. Jin se souvenait de la manière dont ses yeux, bien qu’assombris par la maladie, brillaient d’une lumière douce.
Après un moment, les amoureux s’étaient assis côte à côte sur un vieux plaid qu’il avait étendu sur le sable. Harumi avait gardé les yeux fixés sur l’horizon, ses doigts jouant distraitement avec les grains de sable. Jin, lui, n’avait pas osé parler. Il avait peur de briser ce moment fragile, presque sacré.
Après un long silence, elle avait finalement tourné la tête vers lui, un sourire doux mais fatigué éclairant son visage.
-« Tu te souviens de la première fois qu’on est venus ici ? »
Bien sûr qu’il s’en souvenait. C’était il y a des années, avant la maladie. Ils étaient jeunes, insouciants, riant comme des enfants en courant dans les vagues. Elle avait ramassé des coquillages qu’elle avait ensuite transformés en un petit cadre photo qu’il gardait encore précieusement chez lui.
-« Oui, je m’en souviens, mon coeur... » avait-il répondu, sa voix étrangement rauque.
Elle avait hoché la tête, satisfaite, avant de détourner à nouveau le regard vers l’océan.
Revenant au présent, Jin ouvrit les yeux, sa poitrine se serrant alors qu’il revoyait Harumi dans cet instant. Il avança vers l’endroit exact où ils s’étaient assis ce jour-là, traçant les contours invisibles d’un passé qu’il ne pouvait plus toucher.
Il s’agenouilla, posant une main sur le sable froid. « Harumi... » murmura-t-il, sa voix se brisant presque. Les vagues semblaient répondre, leur va-et-vient incessant formant un chœur réconfortant.
Le poids de la culpabilité le submergea. Il revoyait son sourire, si courageux, si lumineux, même alors qu’il savait que chaque instant passé avec elle était un pas de plus vers la fin. Il n’avait pas su la sauver. Il s’était promis, pourtant, de toujours être là pour elle, de la protéger. Mais face à cette maladie implacable, il avait été impuissant.
Le veuf passa une main tremblante sur son visage, afun de chasser ces images trop vivaces. Mais elles refusaient de disparaître. Elles le hantaient, tout comme la culpabilité qu’il traînait depuis la mort de Harumi.
-« Si seulement j’avais fait plus...»
Il savait, rationnellement, qu’il n’était pas responsable. La maladie avait été impitoyable, implacable. Mais une part de lui ne pouvait s’empêcher de penser qu’il aurait dû être plus présent, plus fort, ou trouver un moyen de la sauver.
Le bruit d’une vague plus forte que les autres le ramena brièvement dans le passé. Il leva les yeux et fixa l’horizon, tout comme Harumi l’avait fait ce jour-là.
Elle avait posé sa main glacée sur la sienne.
-« Jin... »
Il avait tourné la tête vers elle, tentant de sourire malgré le nœud qui se formait dans sa gorge.
-« Tu es resté à mes côtés tout ce temps... »
Elle avait hésité, son regard se perdant vers l’horizon.
-« Merci. »
Il s’était senti stupide, incapable de répondre autrement que par un :
-« Je... Harumi. »
Le souffle de l'amoureux s'était coupé, ses yeux s'innondaient de seconde en seconde.
-« Promets-moi quelque chose...» avait-elle continué, sa voix à peine audible.
-« Tout ce que tu veux, » avait-il répondu sans hésiter, même si une partie de lui savait déjà qu’il échouerait à tenir cette promesse.
-« Vis. Même après mon départ. »
Ces mots étaient lourds, impossibles à accepter. Comment pouvait-il continuer à vivre, alors qu’elle ne serait plus là ? Son esprit revint à ce dernier sourire qu’elle lui avait offert, le regard tourné vers les vagues. Elle avait fermé les yeux, comme apaisée, et il l’avait observée, gravant chaque détail dans sa mémoire.
Le lendemain, elle était retournée à l’hôpital. Et quelques jours plus tard, elle s’était éteinte, emportant avec elle une partie de son âme.
Jin serra le sable dans sa main, les grains froids glissant entre ses doigts.
-« J’ai essayé, Harumi... » murmura-t-il, les larmes qu’il retenait depuis si longtemps trouvant enfin leur chemin sur ses joues.
Il leva les yeux vers l’horizon, comme s’il espérait y trouver une réponse, un signe. Mais il n’y avait que la mer, éternelle et indifférente.
Ces mots résonnaient encore dans son esprit alors qu’il restait debout sur la plage, immobile face aux vagues. Ses mains se crispèrent dans ses poches, et il baissa la tête, incapable de retenir plus longtemps les larmes qui roulaient silencieusement sur ses joues.
-« Harumi, Je suis désolé. »
Il ne savait pas exactement pourquoi il s’excusait. Peut-être pour toutes les choses qu’il n’avait pas pu faire, pour les moments qu’il n’avait pas pu lui offrir, ou simplement pour être encore là alors qu’elle ne l’était plus.
Le vent se leva, emportant avec lui l’odeur salée de la mer. Jin ferma les yeux, laissant la brise caresser son visage, comme une étreinte invisible. Le temps semblait s’étirer, chaque minute ressemblant à une éternité. Finalement, le veuf fit un pas en arrière, puis un autre, s’éloignant lentement du rivage où il avait tracé un coeur où l'inscription éphémère H + J =
- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 80■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
Mon personnage
❖ Âge : 27 ans
❖ Chambre/Zone n° : Zone 2 - Maison
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Un banc solitaire faisait face à la mer ce matin-là, son bois usé par les embruns et le passage du temps. Jin s’y laissa tomber avec une lassitude contenue, les coudes sur les genoux, les mains jointes devant lui. Autour de lui, le paysage semblait flotter dans une étreinte douce et froide : un brouillard dense voilait l’horizon, ne laissant qu’un mince aperçu des vagues qui se fracassaient doucement contre les rochers. Le clapotis rythmé et régulier de l’eau se mêlait à un silence presque surnaturel, comme si le monde entier s’était retiré pour lui permettre de s’absorber dans ses pensées.
Les dimanches matins avaient toujours eu une saveur particulière pour lui. Avant, ils signifiaient des promenades partagées, des cafés tranquilles, et parfois rien de plus qu’un silence complice. Aujourd’hui, ils lui rappelaient une absence qu’il portait en lui comme une plaie jamais cicatrisée. La mer, fidèle témoin de sa douleur, semblait s’étirer à l’infini, aussi vaste et insondable que la perte qu’il ressentait.
Un bruit de pas sur le gravier le tira doucement de sa torpeur. Jin tourna la tête, ses yeux tombant sur une silhouette familière. Madame Shimura avançait lentement, accompagnée d’un shiba inu à la démarche alerte. Le chien, les oreilles dressées, s’arrêta pour observer Ashina, avant de tirer doucement sur sa laisse en direction du banc. La femme lui adressa un sourire doux et fatigué.
-« Bonjour, Ashina-san. Vous êtes matinal, comme toujours. »
Jin se redressa légèrement, offrant un sourire poli en retour.
-« Bonjour, Shimura-san. Une habitude que je n’ai jamais vraiment perdue. »
Elle fit signe à son chien de s’asseoir, puis, sans demander la permission, elle prit place à côté de lui sur le banc. Une vague de parfum floral léger flotta jusqu’à lui, évoquant quelque chose d’étrangement réconfortant. Ils échangèrent quelques banalités : le temps, le brouillard, le chien qui, curieux, explorait un coin d’herbe à proximité. Mais rapidement, comme une marée montante, leurs mots dérivèrent vers un sujet plus lourd.
-« La mer est magnifique, même ainsi, n’est-ce pas ? »
Murmura Shimura après un moment de silence, ce à quoi Jin acquiesça lentement.
-« Oui, elle l’est. Elle l’aimait, la mer. »
Un sourire mélancolique passa sur le visage de Shimura.
-« Harumi adorait les dimanches matins comme celui-ci. Elle aurait voulu peindre ce paysage. Je me souviens encore de son obsession pour ces jeux de lumière dans le brouillard… »
La mention d’Harumi fit naître une tension dans les épaules d'Ashina. Il la dissimula mal, baissant les yeux vers ses mains jointes. Ce nom, ce souvenir, ouvrait toujours une brèche dans sa façade maîtrisée. Shimura, pourtant, ne sembla pas le remarquer, ou choisit de ne pas le relever.
-« L’enterrement… Ce fut une journée étrange, n’est-ce pas ? » reprit-elle doucement.
Jin ferma les yeux un instant...
**************************
L’image de ce jour funeste lui revint en mémoire comme un coup de vent brutal. Une pluie fine tombait ce matin-là, dessinant des sillons irréguliers sur les vitres de la salle où tous s’étaient rassemblés. Une centaine de personnes s’étaient succédé pour lui rendre hommage, chacune portant une douleur unique, mais partagée. Shimura, digne malgré ses larmes, avait tenu à remettre une lettre écrite par Harumi à chacun des invités.
Lorsque son tour était venu, Jin s’était levé d’un pas lourd. Il se souvenait des regards posés sur lui, comme si chacun savait qu’il représentait quelque chose de spécial dans la vie d’Harumi. Madame Shimura lui avait tendu l’enveloppe avec un sourire triste.
-« Elle tenait beaucoup à ce que vous lisiez cela, Ashina-san. Prenez votre temps. »
La lettre, glissée dans une enveloppe blanche, portait simplement son prénom écrit de la main d’Harumi. Le jeune homme s’était retiré dans un coin, loin des conversations murmurées. Il avait déplié le papier avec une lenteur presque cérémonieuse. Les mots tracés avec soin s’étaient ancrés dans son esprit.
"Mon Jin, si tu lis ces mots, c'est que je ne suis plus de ce monde.
Je voulais coucher sur papier l'homme formidable que tu es, afin que tu te rendes compte à quel point tu as été un homme génial pour moi.
Je me replonge souvent dans nos souvenirs, et aujourd'hui, je ressens le besoin de te raconter notre première rencontre, ce moment magique qui a marqué le début de notre histoire.
C'était il y a de cela bien des années, à l'âge de sept ans. Nos parents, amis depuis l'université et travaillant comme ingénieurs dans la même entreprise, avaient décidé de se réunir pour une journée. Nous étions tous réticents au début, mais cette journée a forgé le destin de deux petits enfants curieux.
Je me souviens encore du parc Nunobiki où nous nous sommes retrouvés, un endroit baigné de soleil où l'herbe semblait danser au rythme du vent. On avait passé la journée dans ce parc, on adorait la cascade.
Tu étais là, avec tes yeux étincelants et ta curiosité infinie. Dès que nos regards se sont croisés, quelque chose de spécial s'est produit. C'était comme si le monde s'était arrêté pour nous laisser explorer cet instant unique.
Tu t'es approché avec ce sourire malicieux qui t'est propre, et moi, timide, mais intriguée, je t'ai laissé entrer dans mon univers.
Nous avons partagé nos jouets, nos rires, et cette connexion s'est établie, simple et pure. Ce jour-là, nous sommes devenus amis, complices d'aventures enfantines, sans même nous en rendre compte.
Nous étions inscrits dans la même école primaire et nous étions inséparables. Tu disais que j'étais une fille joueuse et pleine de vie, que je savais comment faire ressortir le meilleur chez toi...
Alors que toi, tu étais un enfant calme et discret bien que tu adorais me taquiner. Tu m'exaspérais à l'époque, mais bon, ton immaturité digne des petits garçons de l'époque faisait un peu ton charme... Dommage que tu n'avais pas de frère ou de soeur pour te rendre plus mature...
Au collège de Kobe College, nos vies étaient semblables à une palette de couleurs vibrantes, avec toi comme le pinceau qui donnait vie à chacun de mes jours.
Les salles de classe, les moments de récréation, et même les devoirs étaient autant d'occasions de partager des rires et des confidences. Nous étions inséparables, traversant les hauts et les bas de l'adolescence main dans la main.
Nos rêves prenaient forme au fil des années, et nos aspirations commençaient à se dessiner.
Je me rappelle de ces après-midi passés à discuter de nos espoirs, de nos craintes, comme si chaque mot échangé renforçait notre complicité. Déjà à l'époque, tu rêvais de devenir professeur de sport tandis que moi, j'étais indécise. Ton aspiration venait sûrement du professeur Miyazaki, le prof de sport des garçons.
Il était cool et tu le voyais comme un mentor pour toi... Je n'ai jamais compris cette admiration pour cet homme, mais qu'importe.
En arrivant au lycée "Kobe High School", le tableau de notre amitié a pris une teinte nouvelle. Des émotions indicibles ont commencé à bourgeonner, à s'épanouir comme une rose qui s'éveille au printemps. Les regards complices, les gestes tendres, tout prenait une signification plus profonde. C'est alors que l'amour a déployé ses ailes entre nous, doucement, naturellement, comme une évidence.
La première année de lycée restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Les premiers frémissements de l'amour ont illuminé nos journées, et chaque moment partagé était une étape de plus vers ce que nous sommes aujourd'hui. Ces années ont été une symphonie, une douce mélodie qui a préparé le terrain pour notre histoire d'amour à venir.
Je suis reconnaissante pour cette amitié qui s'est épanouie, pour ces années d'apprentissage et de complicité qui ont jeté les bases de notre amour.
Nous avons passé toutes nos années de lycée ensemble, tu étais vraiment nul en mathématiques et en science, heureusement que je te soufflais les réponses pour te sortir de tes mauvaises passes.
Bon, tu me rendais l'appareil dans les cours d'Histoire et d'Anglais, mais ma mauvaise foi m'empêche de le reconnaître... oups, je viens de le faire.
Durant toutes ton adolescence, tu as enchainé les clubs sportifs. Athlétisme, Kendo et karaté, tels étaient tes piliers de vie. Tu excellais dans chacun d'eux, c'était agréable de t'admirer en action... Après tout, j'étais ta fane numéro 1.
Bon, tu n'as jamais compris mon intérêt pour le club de tradition japonaise et d'art, mais tu m'as toujours soutenue, c'est le principal.
Le jour de notre remise de diplôme au lycée de Kobe reste gravé dans ma mémoire comme une journée douce-amère. Les applaudissements retentissaient dans le gymnase, mais mon esprit était ailleurs.
Nous avions accompli une étape importante de nos vies, mais il y avait ce sentiment d'anticipation, une sorte de prémonition que notre chemin ne serait pas aussi lisse que nous l'avions imaginé.
Te souviens-tu de ce moment sur la scène, nos noms appelés l'un après l'autre, nos familles fières dans le public ? On aurait dit que le monde était à nos pieds, que rien ne pouvait nous arrêter.
Nous avons souri, posés pour des photos, échangés des rires et des regards complices. C'était une journée de célébration, mais au fond de moi, une inquiétude commençait à germer.
Puis, vint le moment de nos départs pour Tokyo, cette grande ville qui semblait regorger de promesses.
Tu as choisi la voie de l'éducation physique, et j'ai commencé mes études en physique. Nous étions excités à l'idée de poursuivre nos rêves, de découvrir de nouvelles perspectives. J'espérais que nos chemins resteraient parallèles, que nos aspirations grandiraient ensemble.
Cependant, le destin en avait décidé autrement. C'était quelques mois après le début de ma formation que le diagnostic est tombé.
Un cancer du foie, une nouvelle qui a secoué notre monde. Les rires et les projets ont cédé la place aux visites médicales, aux traitements épuisants, aux moments de silence troublés par la réalité brutale.
J'ai dû abandonner mes études, Jin, et c'était déchirant. Les rêves que nous avions tissés pour notre avenir semblaient s'effilocher entre mes doigts. C'était comme voir une étoile filante s'éteindre avant d'avoir pu faire son vœu.
Pourtant, tu es resté à mes côtés, t'occupant de moi avec une tendresse infinie. Tandis que tu te plongeais dans tes études pour devenir professeur de sport, je luttais contre la maladie.
Nos espoirs prenaient des directions différentes, mais notre amour restait un phare dans l'obscurité.
Dès que tu as eu ton diplôme de professeur de sport, tu as trouvé un travail dans un lycée de Tokyo. Tu as travaillé sans relâche pour te payer un appartement quelque peu vétuste proche de mon hôpital... Tu as tout fait pour m'accompagner... Et moi, je m'en suis prise à toi... Je t'ai reproché de ne pas toujours être là, de trop travailler.
Désolée si des larmes tachent cette lettre, mais... Je n'en peux plus, Jin.
Je voudrais tellement pouvoir faire machine arrière, mais c'est impossible.
Me sentir si sotte, si laide, allongée ici à t'attendre... Chaque jour, je fixe le plafond blanc de l'hopital, ressassant l'injustice de cette situation.
Le médecin est passé me voir. Il a dit que je pouvais passer quelques jours à l'appartement. Non pas parce que je guéris, mais c'est probablement ma dernière chance...
Tu comprends ce que je veux dire.
Malgré tout, je suis contente de rentrer....Tu m'as tellement manqué.
Cependant, j'ai peur, Jin.
Peur que tu ne veuilles plus de moi. Lorsque tu viens me voir, je perçois combien tu souffres... Je ne sais pas si tu me hais ou si je te dégoûte... Je m'en excuse, je sais que je divague... Tu m'as toujours dit que j'étais la plus belle à tes yeux.
Lorsque j'ai appris que j'allais mourir, j'ai refusé d'y croire. J'étais constamment en colère, me prenant à tous ceux que j'aime le plus. Surtout à toi, Jin.
C'est pourquoi je comprends si tu me hais. Mais je veux que tu saches quelque chose, Jin. Je t'aimerai toujours.
Même si notre vie de couple doit se conclure ainsi, je n'aurais voulu la manquer pour rien au monde... On se connaît depuis l'enfance, notre histoire a débuté au lycée de Kobe, en première année.
Nous avons passé tant d'années merveilleuses ensemble. Mais cette lettre semble interminable, alors je te dis au revoir. J'ai demandé à maman de te la donner après ma mort. Je serai déjà partie lorsque tu la liras.
Je ne peux pas te demander de te souvenir de moi, mais l'idée que tu puisses m'oublier me torture. Depuis le début de ma maladie... Je te demande pardon pour tout ce que je t'ai infligé. Je te dois tant, et je n'ai pas réussi à te rendre la moindre petite chose.
C'est pourquoi je veux que tu vives désormais pour toi.
Prends soin de toi, Jin.
Jin...
Tu m'as rendue heureuse...
Je t'aime.
-Harumi Shimura."
Les mots s’étaient flous sous ses yeux, noyés par des larmes qu’il n’avait pas pu retenir. Il s’était effondré sur sa chaise, le visage caché dans ses mains. Ce jour-là, Jin avait été le dernier à quitter la cérémonie, incapable de s’arracher à l’image d’Harumi, présente dans chaque fleur, chaque bougie, chaque murmure de ceux qui l’avaient aimée.
*****************************
La voix de Shimura le ramena au présent.
-« Vous aviez l’air si abattu ce jour-là… Je n’oublierai jamais votre expression en lisant sa lettre. »
Jin tourna la tête vers elle, cherchant des mots qui ne venaient pas. Il se contenta d’un hochement de tête.
-« Mon monde s'est éffondré... Elle me manque. »
-« À moi aussi, vous savez. Et à son père. Nous parlons souvent d’elle. Mais je regrette que vous ne veniez qu’à l’urne funéraire. Harumi aurait voulu que vous continuiez à partager des moments avec nous. »
Il sentit la chaleur d’un regret monter en lui.
-« Je ne sais pas… Je.... »
Elle posa une main légère sur son bras, son geste empreint de cette même douceur maternelle qui avait toujours caractérisé madame Shimura.
-« Vous faites partie de sa vie, Jin. Cela ne changera jamais. Vous êtes toujours le bienvenu. »
Ils restèrent là, à parler pendant près d’une heure. Shimura évoqua des souvenirs d’enfance d’Harumi, ses caprices, ses rires, ses rêves d’avenir. Jin, pour sa part, partagea quelques anecdotes qu’il avait gardées pour lui jusque-là, des moments simples qui prenaient soudain une profondeur inattendue dans la lumière de leur absence.
Le shiba inu, assis patiemment à leurs pieds, donna finalement un petit aboiement, comme pour rappeler à sa maîtresse qu’il était temps de partir.
-« Ah, je devrais rentrer. Mon mari m’attend pour le diner. »
Elle se leva, époussetant son manteau. Puis, avec un sourire qui réchauffa brièvement l’air glacé, elle ajouta :
-« Venez chez-nous pour Noël. Ce serait une belle façon d’honorer sa mémoire. Vous savez combien elle aimait cette fête. »
Jin hésita une seconde, puis hocha lentement la tête.
-« Merci, Shimura-san. J’y réfléchirai. »
Elle lui tapota légèrement l’épaule avant de partir, le chien trottinant joyeusement devant elle. Le veuf resta assis sur le banc un moment, son regard perdu dans le brouillard. Les souvenirs d’Harumi, toujours si vifs, le hantaient, mais ils portaient aussi une chaleur douce et amère.
Peut-être que partager ce Noël pourrait être une façon de lui rendre hommage, tout en renouant avec les vivants.
Les dimanches matins avaient toujours eu une saveur particulière pour lui. Avant, ils signifiaient des promenades partagées, des cafés tranquilles, et parfois rien de plus qu’un silence complice. Aujourd’hui, ils lui rappelaient une absence qu’il portait en lui comme une plaie jamais cicatrisée. La mer, fidèle témoin de sa douleur, semblait s’étirer à l’infini, aussi vaste et insondable que la perte qu’il ressentait.
Un bruit de pas sur le gravier le tira doucement de sa torpeur. Jin tourna la tête, ses yeux tombant sur une silhouette familière. Madame Shimura avançait lentement, accompagnée d’un shiba inu à la démarche alerte. Le chien, les oreilles dressées, s’arrêta pour observer Ashina, avant de tirer doucement sur sa laisse en direction du banc. La femme lui adressa un sourire doux et fatigué.
-« Bonjour, Ashina-san. Vous êtes matinal, comme toujours. »
Jin se redressa légèrement, offrant un sourire poli en retour.
-« Bonjour, Shimura-san. Une habitude que je n’ai jamais vraiment perdue. »
Elle fit signe à son chien de s’asseoir, puis, sans demander la permission, elle prit place à côté de lui sur le banc. Une vague de parfum floral léger flotta jusqu’à lui, évoquant quelque chose d’étrangement réconfortant. Ils échangèrent quelques banalités : le temps, le brouillard, le chien qui, curieux, explorait un coin d’herbe à proximité. Mais rapidement, comme une marée montante, leurs mots dérivèrent vers un sujet plus lourd.
-« La mer est magnifique, même ainsi, n’est-ce pas ? »
Murmura Shimura après un moment de silence, ce à quoi Jin acquiesça lentement.
-« Oui, elle l’est. Elle l’aimait, la mer. »
Un sourire mélancolique passa sur le visage de Shimura.
-« Harumi adorait les dimanches matins comme celui-ci. Elle aurait voulu peindre ce paysage. Je me souviens encore de son obsession pour ces jeux de lumière dans le brouillard… »
La mention d’Harumi fit naître une tension dans les épaules d'Ashina. Il la dissimula mal, baissant les yeux vers ses mains jointes. Ce nom, ce souvenir, ouvrait toujours une brèche dans sa façade maîtrisée. Shimura, pourtant, ne sembla pas le remarquer, ou choisit de ne pas le relever.
-« L’enterrement… Ce fut une journée étrange, n’est-ce pas ? » reprit-elle doucement.
Jin ferma les yeux un instant...
**************************
L’image de ce jour funeste lui revint en mémoire comme un coup de vent brutal. Une pluie fine tombait ce matin-là, dessinant des sillons irréguliers sur les vitres de la salle où tous s’étaient rassemblés. Une centaine de personnes s’étaient succédé pour lui rendre hommage, chacune portant une douleur unique, mais partagée. Shimura, digne malgré ses larmes, avait tenu à remettre une lettre écrite par Harumi à chacun des invités.
Lorsque son tour était venu, Jin s’était levé d’un pas lourd. Il se souvenait des regards posés sur lui, comme si chacun savait qu’il représentait quelque chose de spécial dans la vie d’Harumi. Madame Shimura lui avait tendu l’enveloppe avec un sourire triste.
-« Elle tenait beaucoup à ce que vous lisiez cela, Ashina-san. Prenez votre temps. »
La lettre, glissée dans une enveloppe blanche, portait simplement son prénom écrit de la main d’Harumi. Le jeune homme s’était retiré dans un coin, loin des conversations murmurées. Il avait déplié le papier avec une lenteur presque cérémonieuse. Les mots tracés avec soin s’étaient ancrés dans son esprit.
"Mon Jin, si tu lis ces mots, c'est que je ne suis plus de ce monde.
Je voulais coucher sur papier l'homme formidable que tu es, afin que tu te rendes compte à quel point tu as été un homme génial pour moi.
Je me replonge souvent dans nos souvenirs, et aujourd'hui, je ressens le besoin de te raconter notre première rencontre, ce moment magique qui a marqué le début de notre histoire.
C'était il y a de cela bien des années, à l'âge de sept ans. Nos parents, amis depuis l'université et travaillant comme ingénieurs dans la même entreprise, avaient décidé de se réunir pour une journée. Nous étions tous réticents au début, mais cette journée a forgé le destin de deux petits enfants curieux.
Je me souviens encore du parc Nunobiki où nous nous sommes retrouvés, un endroit baigné de soleil où l'herbe semblait danser au rythme du vent. On avait passé la journée dans ce parc, on adorait la cascade.
Tu étais là, avec tes yeux étincelants et ta curiosité infinie. Dès que nos regards se sont croisés, quelque chose de spécial s'est produit. C'était comme si le monde s'était arrêté pour nous laisser explorer cet instant unique.
Tu t'es approché avec ce sourire malicieux qui t'est propre, et moi, timide, mais intriguée, je t'ai laissé entrer dans mon univers.
Nous avons partagé nos jouets, nos rires, et cette connexion s'est établie, simple et pure. Ce jour-là, nous sommes devenus amis, complices d'aventures enfantines, sans même nous en rendre compte.
Nous étions inscrits dans la même école primaire et nous étions inséparables. Tu disais que j'étais une fille joueuse et pleine de vie, que je savais comment faire ressortir le meilleur chez toi...
Alors que toi, tu étais un enfant calme et discret bien que tu adorais me taquiner. Tu m'exaspérais à l'époque, mais bon, ton immaturité digne des petits garçons de l'époque faisait un peu ton charme... Dommage que tu n'avais pas de frère ou de soeur pour te rendre plus mature...
Au collège de Kobe College, nos vies étaient semblables à une palette de couleurs vibrantes, avec toi comme le pinceau qui donnait vie à chacun de mes jours.
Les salles de classe, les moments de récréation, et même les devoirs étaient autant d'occasions de partager des rires et des confidences. Nous étions inséparables, traversant les hauts et les bas de l'adolescence main dans la main.
Nos rêves prenaient forme au fil des années, et nos aspirations commençaient à se dessiner.
Je me rappelle de ces après-midi passés à discuter de nos espoirs, de nos craintes, comme si chaque mot échangé renforçait notre complicité. Déjà à l'époque, tu rêvais de devenir professeur de sport tandis que moi, j'étais indécise. Ton aspiration venait sûrement du professeur Miyazaki, le prof de sport des garçons.
Il était cool et tu le voyais comme un mentor pour toi... Je n'ai jamais compris cette admiration pour cet homme, mais qu'importe.
En arrivant au lycée "Kobe High School", le tableau de notre amitié a pris une teinte nouvelle. Des émotions indicibles ont commencé à bourgeonner, à s'épanouir comme une rose qui s'éveille au printemps. Les regards complices, les gestes tendres, tout prenait une signification plus profonde. C'est alors que l'amour a déployé ses ailes entre nous, doucement, naturellement, comme une évidence.
La première année de lycée restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Les premiers frémissements de l'amour ont illuminé nos journées, et chaque moment partagé était une étape de plus vers ce que nous sommes aujourd'hui. Ces années ont été une symphonie, une douce mélodie qui a préparé le terrain pour notre histoire d'amour à venir.
Je suis reconnaissante pour cette amitié qui s'est épanouie, pour ces années d'apprentissage et de complicité qui ont jeté les bases de notre amour.
Nous avons passé toutes nos années de lycée ensemble, tu étais vraiment nul en mathématiques et en science, heureusement que je te soufflais les réponses pour te sortir de tes mauvaises passes.
Bon, tu me rendais l'appareil dans les cours d'Histoire et d'Anglais, mais ma mauvaise foi m'empêche de le reconnaître... oups, je viens de le faire.
Durant toutes ton adolescence, tu as enchainé les clubs sportifs. Athlétisme, Kendo et karaté, tels étaient tes piliers de vie. Tu excellais dans chacun d'eux, c'était agréable de t'admirer en action... Après tout, j'étais ta fane numéro 1.
Bon, tu n'as jamais compris mon intérêt pour le club de tradition japonaise et d'art, mais tu m'as toujours soutenue, c'est le principal.
Le jour de notre remise de diplôme au lycée de Kobe reste gravé dans ma mémoire comme une journée douce-amère. Les applaudissements retentissaient dans le gymnase, mais mon esprit était ailleurs.
Nous avions accompli une étape importante de nos vies, mais il y avait ce sentiment d'anticipation, une sorte de prémonition que notre chemin ne serait pas aussi lisse que nous l'avions imaginé.
Te souviens-tu de ce moment sur la scène, nos noms appelés l'un après l'autre, nos familles fières dans le public ? On aurait dit que le monde était à nos pieds, que rien ne pouvait nous arrêter.
Nous avons souri, posés pour des photos, échangés des rires et des regards complices. C'était une journée de célébration, mais au fond de moi, une inquiétude commençait à germer.
Puis, vint le moment de nos départs pour Tokyo, cette grande ville qui semblait regorger de promesses.
Tu as choisi la voie de l'éducation physique, et j'ai commencé mes études en physique. Nous étions excités à l'idée de poursuivre nos rêves, de découvrir de nouvelles perspectives. J'espérais que nos chemins resteraient parallèles, que nos aspirations grandiraient ensemble.
Cependant, le destin en avait décidé autrement. C'était quelques mois après le début de ma formation que le diagnostic est tombé.
Un cancer du foie, une nouvelle qui a secoué notre monde. Les rires et les projets ont cédé la place aux visites médicales, aux traitements épuisants, aux moments de silence troublés par la réalité brutale.
J'ai dû abandonner mes études, Jin, et c'était déchirant. Les rêves que nous avions tissés pour notre avenir semblaient s'effilocher entre mes doigts. C'était comme voir une étoile filante s'éteindre avant d'avoir pu faire son vœu.
Pourtant, tu es resté à mes côtés, t'occupant de moi avec une tendresse infinie. Tandis que tu te plongeais dans tes études pour devenir professeur de sport, je luttais contre la maladie.
Nos espoirs prenaient des directions différentes, mais notre amour restait un phare dans l'obscurité.
Dès que tu as eu ton diplôme de professeur de sport, tu as trouvé un travail dans un lycée de Tokyo. Tu as travaillé sans relâche pour te payer un appartement quelque peu vétuste proche de mon hôpital... Tu as tout fait pour m'accompagner... Et moi, je m'en suis prise à toi... Je t'ai reproché de ne pas toujours être là, de trop travailler.
Désolée si des larmes tachent cette lettre, mais... Je n'en peux plus, Jin.
Je voudrais tellement pouvoir faire machine arrière, mais c'est impossible.
Me sentir si sotte, si laide, allongée ici à t'attendre... Chaque jour, je fixe le plafond blanc de l'hopital, ressassant l'injustice de cette situation.
Le médecin est passé me voir. Il a dit que je pouvais passer quelques jours à l'appartement. Non pas parce que je guéris, mais c'est probablement ma dernière chance...
Tu comprends ce que je veux dire.
Malgré tout, je suis contente de rentrer....Tu m'as tellement manqué.
Cependant, j'ai peur, Jin.
Peur que tu ne veuilles plus de moi. Lorsque tu viens me voir, je perçois combien tu souffres... Je ne sais pas si tu me hais ou si je te dégoûte... Je m'en excuse, je sais que je divague... Tu m'as toujours dit que j'étais la plus belle à tes yeux.
Lorsque j'ai appris que j'allais mourir, j'ai refusé d'y croire. J'étais constamment en colère, me prenant à tous ceux que j'aime le plus. Surtout à toi, Jin.
C'est pourquoi je comprends si tu me hais. Mais je veux que tu saches quelque chose, Jin. Je t'aimerai toujours.
Même si notre vie de couple doit se conclure ainsi, je n'aurais voulu la manquer pour rien au monde... On se connaît depuis l'enfance, notre histoire a débuté au lycée de Kobe, en première année.
Nous avons passé tant d'années merveilleuses ensemble. Mais cette lettre semble interminable, alors je te dis au revoir. J'ai demandé à maman de te la donner après ma mort. Je serai déjà partie lorsque tu la liras.
Je ne peux pas te demander de te souvenir de moi, mais l'idée que tu puisses m'oublier me torture. Depuis le début de ma maladie... Je te demande pardon pour tout ce que je t'ai infligé. Je te dois tant, et je n'ai pas réussi à te rendre la moindre petite chose.
C'est pourquoi je veux que tu vives désormais pour toi.
Prends soin de toi, Jin.
Jin...
Tu m'as rendue heureuse...
Je t'aime.
-Harumi Shimura."
Les mots s’étaient flous sous ses yeux, noyés par des larmes qu’il n’avait pas pu retenir. Il s’était effondré sur sa chaise, le visage caché dans ses mains. Ce jour-là, Jin avait été le dernier à quitter la cérémonie, incapable de s’arracher à l’image d’Harumi, présente dans chaque fleur, chaque bougie, chaque murmure de ceux qui l’avaient aimée.
*****************************
La voix de Shimura le ramena au présent.
-« Vous aviez l’air si abattu ce jour-là… Je n’oublierai jamais votre expression en lisant sa lettre. »
Jin tourna la tête vers elle, cherchant des mots qui ne venaient pas. Il se contenta d’un hochement de tête.
-« Mon monde s'est éffondré... Elle me manque. »
-« À moi aussi, vous savez. Et à son père. Nous parlons souvent d’elle. Mais je regrette que vous ne veniez qu’à l’urne funéraire. Harumi aurait voulu que vous continuiez à partager des moments avec nous. »
Il sentit la chaleur d’un regret monter en lui.
-« Je ne sais pas… Je.... »
Elle posa une main légère sur son bras, son geste empreint de cette même douceur maternelle qui avait toujours caractérisé madame Shimura.
-« Vous faites partie de sa vie, Jin. Cela ne changera jamais. Vous êtes toujours le bienvenu. »
Ils restèrent là, à parler pendant près d’une heure. Shimura évoqua des souvenirs d’enfance d’Harumi, ses caprices, ses rires, ses rêves d’avenir. Jin, pour sa part, partagea quelques anecdotes qu’il avait gardées pour lui jusque-là, des moments simples qui prenaient soudain une profondeur inattendue dans la lumière de leur absence.
Le shiba inu, assis patiemment à leurs pieds, donna finalement un petit aboiement, comme pour rappeler à sa maîtresse qu’il était temps de partir.
-« Ah, je devrais rentrer. Mon mari m’attend pour le diner. »
Elle se leva, époussetant son manteau. Puis, avec un sourire qui réchauffa brièvement l’air glacé, elle ajouta :
-« Venez chez-nous pour Noël. Ce serait une belle façon d’honorer sa mémoire. Vous savez combien elle aimait cette fête. »
Jin hésita une seconde, puis hocha lentement la tête.
-« Merci, Shimura-san. J’y réfléchirai. »
Elle lui tapota légèrement l’épaule avant de partir, le chien trottinant joyeusement devant elle. Le veuf resta assis sur le banc un moment, son regard perdu dans le brouillard. Les souvenirs d’Harumi, toujours si vifs, le hantaient, mais ils portaient aussi une chaleur douce et amère.
Peut-être que partager ce Noël pourrait être une façon de lui rendre hommage, tout en renouant avec les vivants.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum