Un jeu d'ombre et de lumière, sous un filtre carmin, recouvrait la piste de course sur laquelle Alya était restée. Le matériel avait été soigneusement rangé et les chaussures de sport disposées méthodiquement dans les compartiments du casier sous le préau.
Les pairs identiques par leur modèle différaient pourtant par leurs tailles et leurs salissures. Certaines présentaient des lignes de tache d'herbe et d'autres semblaient parfaitement brossées.
Un seul emplacement demeurait inoccupé, celui des baskets qu'Alya avait solidement attachées aux pieds.
Les épaules voûtées et le nez en direction du sol meuble, la Britannique ressassait la journée d'aujourd'hui. La colère lui nouait l'estomac et une autre émotion inconnue lui donnait froid aux bras.
Le revêtement en caoutchouc étouffait le bruissement de ses pas préoccupés.
La piste de course, d'ordinaire lieu d'énergie sportive et de concentration ultime, lui paraissait être ternie par la secousse affective dont elle n'arrivait pas à se débarrasser.
D'ordinaire, elle évacuait ses tracas en courant jusqu'à ce qu'elle les oublie. Le problème, c'est qu'à force de pousser son corps beaucoup plus loin, celui-ci était devenu plus résistant, et donc moins sensible à la douleur.
Pour la même heure de course, Alya devait multiplier les efforts pour sentir des fourmillements dans ses jambes et son cœur pomper du sang.
Et aujourd'hui... Après l'entraînement catastrophique de Fujiwara, elle éprouvait du dégoût pour la piste de course. Pire encore, elle se détestait de ressentir une telle aversion envers cet espace de compétition qu'elle affectionnait tant.
Soudain, la Britannique sursauta.
Elle entendit des baskets crisser avant même de voir sa silhouette. Jin apparut, telle une créature mystique calme.
Sa perspicacité la laissa perplexe. La sportive ne put réprimer son froncement de nez, signe qu'elle était contrariée d'avoir été découverte aussi vite.
Si Jin ne souriait pas, ou à peine, Alya parvenait néanmoins à deviner son état d'esprit derrière la musicalité de sa voix. Son professeur de sport préféré - car il l'était - excluait l'expressivité et les gestes tactiles comme preuves d'affection.
Malgré son apparente impassibilité, la jeune athlète savait qu'il était en réalité très attaché à ses élèves, les guidant notamment à travers le sport mais également pour chaque étape de leur vie d'adolescent.
Parfois, dans ses moments de coup de blues, Alya ressentait parfois une pointe de jalousie, lorsqu'il accordait son attention à d'autres, qui disparaissait aussitôt quand sa raison lui rappelait que c'était son rôle.
En croisant son regard, la concentration qu'elle lisait sur son visage confirmait qu'il éprouvait une véritable inquiétude à son égard.
Sa douceur et son invitation à l'écoute furent pourtant peu réceptionnées, car Alya se persuadait de ne pas mériter sa gentillesse.
- Je ne suis pas sûre que c'est ce qu'il me faut. Soupira-t-elle faiblement. Comme pour démentir, une ombre se dessina sous ses sourcils soucieux. Du moins pas maintenant...
Elle se mordilla le bord de la lèvre inférieure. Une plaie, déjà recouverte de sang séché, trahissait sa fâcheuse habitude à se mutiler la peau de sa bouche.
Alya voyait en Jin une figure paternelle. Elle le sentait capable de la redresser et de savoir la soutenir dans ses moments difficiles. Hélas, bien qu'elle ait la volonté, la sportive peinait à s'ouvrir totalement à lui, pour la simple et bonne raison qu'elle voulait être forte à ses yeux.
À vrai dire, elle l'admirait et l'appréciait tellement que faire preuve de faiblesse en lui racontant ses tracas viendrait à ternir la potentielle image positive qu'il pouvait se faire d'elle, et cette perspective lui était encore plus insupportable que n'importe quelles confessions manquées.
- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 121■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
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❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Dans une boîte transparente posée près d’un banc, il rangea un lot hétéroclite de trésors abandonnés par ses élèves dissipés: une gourde, une casquette fluo, et une paire de lunettes de soleil aux branches tordues. Il passa un pouce sur l’inscription au feutre noir : « À rendre », qui s’effaçait à force d’usure, puis referma le couvercle vert aux bords écrasés d’un geste indifférent.
Le veuf savourait cette routine solitaire comme un moment volé à l'agitation du jour. Pas de collègues pour échanger des banalités, pas de doyen sénile à supporter avec des blagues aussi lourdes qu'un porte-avion... Ici, sur la piste déserte, c’était juste lui, le crépuscule, et le bruit apaisant de ses propres pas sur le sol.
Hoshi n’avait pas encore terminé sa journée, il avait donc tout le temps de ranger méticuleusement chaque objet. Cette tranquillité, sans obligation immédiate, était un luxe rare qu’il appréciait à sa juste valeur.
Alors qu’il s’apprêtait à effectuer son dernier tour, son regard accrocha une silhouette familière. Alya, l’une de ses meilleures élèves, traînait sur la piste, ses chaussures martelant le sol avec une sorte de rage contenue. Ses épaules étaient voûtées, et sa queue de cheval battait l’air d’un mouvement irrité à chaque pas. Ashina haussa un sourcil, intrigué. Alya était aigrie par défaut ; c’était presque sa marque de fabrique. Mais ce soir, son air contrarié avait quelque chose de plus profond.
Le japonais s’approcha sans précipitation, les mains dans les poches. La chaussée crissait légèrement sous ses baskets, et il fit exprès de racler un peu plus pour signaler sa présence. Quand il fut à quelques mètres, il se pencha légèrement en avant, son sourire en coin presque imperceptible.
-« T’es bien la seule à marcher sur une piste sans courir, ça ne te ressemble pas, Alya. Quelque chose te tracasse ? »
A la réaction de la jeune femme, Jin haussa les épaules, pointant la piste d’un geste de la tête.
-« Tu sais que tu peux encore faire un ou deux tours avant que je ferme. Si t’as besoin de te défouler, c’est le moment. »
Le professeur s’appuya nonchalamment contre un poteau, croisant les bras. Le vent jouait dans ses cheveux un peu en bataille, et son expression, calme mais attentive, ne forçait rien. Avec Jin, il n’y avait jamais de pression ; seulement une porte entrouverte, qu’on choisissait ou non de franchir.
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 302■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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Ashina fronça légèrement les sourcils. Ce n’était pas dans ses habitudes de se mêler trop directement de la vie privée de ses élèves. Il savait se montrer attentif, observateur, mais sans jamais franchir une frontière qui pourrait les rendre mal à l’aise. Pourtant, en cet instant, il ne pouvait ignorer l’évidence : quelque chose n’allait pas.
Son regard descendit sur ses lèvres. La fine plaie sur la chair rougie, les traces de sang séché… Il comprit aussitôt. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait cette manie nerveuse chez certains de ses élèves. Et chez Alya, cela traduisait une tension intérieure qu’elle peinait à contenir.
Jin inspira profondément, cherchant à réprimer un soupir qui trahirait son inquiétude. La dernière chose qu’il voulait était de la mettre davantage sur la défensive. Il savait combien elle tenait à être perçue comme forte, comme invincible.
Il posa ses mains sur ses hanches, adoptant une posture détendue, bien que ses pensées tournaient à toute vitesse.
"Pourquoi est-elle dans cet état ? La compétition ? Une dispute ? Ou est-ce qu’elle se met elle-même une pression impossible à supporter ?"
Le japonais plongea son regard calme dans celui d’Alya, se voulant rassurant mais sans excès. Puis, d’un ton posé bien que rauque, il demanda :
-« Ton cours d’athlétisme s’est mal passé ? »
La question flotta dans l’air, simple, mais ciblée. Jin savait qu’elle était à double tranchant : soit elle s’ouvrirait, soit elle se renfermerait davantage. Mais il n’avait pas d’autre choix que de tenter.
Afin de suciter une réaction sans pour autant être envahissant, il leva une main et indiqua les gradins d’un geste.
-« Viens. On s’assoit un moment. Tu n’as pas besoin de parler si tu ne veux pas, mais… je suis là. »
Le veuf marqua une pause, puis ajouta doucement, laissant une porte ouverte :
-« Ou bien, si tu préfères, on peut juste rester debout pour faire concurrence aux surveillants. Je ne vais pas te forcer. »
Il resta là, immobile, attendant une réaction. Intérieurement, son cœur se serrait. Il revoyait le visage déterminé d’Alya sur la piste, ses sprints dévorants, sa manière de se surpasser jour après jour, parfois au-delà de ce qui était raisonnable. Et maintenant, ce regard voilé, ce corps tendu, cette plaie sur sa lèvre… Il se sentit impuissant, mais résolu.
Son esprit formula cette phrase qu'il aurait voulu dire à la britannique, mais dont il savait que la formulation ne ferait que braquer la demoiselle.
"Tu ne peux pas porter ça seule, Alya... Et je ne te laisserai pas sombrer."
Ces mots ne se disent pas, ils se démontrent.
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 302■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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Alya était attentive à son expression. La moindre fissure dans son regard, la moindre commissure levée en signe de jugement et elle se braquerait.
Si sa réserve naturelle ne la poussait pas à se confier, elle considérait les membres du corps enseignant non pas comme des alliés potentiels, mais plutôt comme des figures incarnant une nécessité de discipline.
Sa propre perception la conduisait à cacher ses émotions, à ne pas laisser transparaître ses doutes ou ses inquiétudes, de peur d'être jugée ou mal comprise.
La sportive se sentait donc isolée, incapable de partager ses pensées, ce qui renforçait son sentiment de solitude.
Cette tendance pernicieuse nouait son diaphragme à chaque fois qu'elle était exposée au même scénario. Personne dans les hautes sphères n'avait jamais essayé de lui parler, de la comprendre sans la refouler : sauf Jin.
Alya le savait d'une nature solitaire, à l'écart du groupe, non à cause de son caractère de cochon, mais parce qu'il le voulait. Son côté esseulé lui renvoyait sa propre image, à l'exception que son flegme apparent l'inspirait.
À ses yeux, Jin ne se sentait pas mis à l'écart ; il s'égarait dans sa propre existence et s'y complaisait.
L'imaginer être libre de ce fardeau le rendait admirable. Ah - qu'elle enviait déjà la vie d'adulte...
Pour l'heure, la question adressée la fit tiquer avec sa langue.
- Bingo...
Elle poussa un soupir prolongé, ressentant à la fois de la déception d'avoir été démasquée alors qu'elle s'efforçait de dissimuler ses sentiments, et un certain soulagement d'être enfin interrogée sur ses véritables états d'âme.
D'une manière générale, Alya était convaincue que personne ne pourrait la sauver.
Souvent confrontée à l'incompréhension des autres face à son tempérament, la brune ne faisait aucun effort pour contredire leurs accusations. Au contraire, elle les alimentait en mettant en avant ses traits les plus négatifs pour valider les fausses croyances qu'ils nourrissaient à son égard.
Ainsi, personne n'était en mesure de pouvoir l'atteindre, ni de lui attribuer des qualités qu'elle ne possédait pas.
Les gradins désignés étaient une invitation à la confidence, pourtant, la sportive voyait en eux une prison dont les ombres l'avaleraient.
Symboliquement, ils représentaient la place des perdants. Ce sont les spectateurs qui acclament les athlètes depuis les sièges bleus.
Elle y avait eu son siège lorsqu'elle venait assister aux représentations sportives avec son père quand elle était encore enfant - désormais, c'était elle qui occupait le terrain, elle qu'on viendrait voir ; elle travaillait dans ce but - donc, pas question de faire un saut dans le passé.
- Si ça ne vous dérange pas... Je préférais qu'on continue de marcher.
Discrètement, elle planta ses ongles dans les paumes de ses mains retournées derrière son dos. Oser formuler une telle requête lui demandait un effort surhumain. Alya ne voulait pas que son professeur préféré sente sa proposition refoulée.
Cependant, en dépit de toutes ses craintes liées à sa place dans une structure sociale, Alya était une jeune femme certaine de ses positions et de ses envies.
La brune remonta de nouveau son regard sur son professeur pour capter sa réaction. Il lui était souvent difficile d'imaginer ses tracas.
Il faut dire qu'il affichait une telle placidité que son attitude corporelle exprimait le sentiment que rien n'est insurmontable.
Amorçant le premier mouvement sur la piste, Alya prit conscience du vent dans sa nuque qui soulevait lentement sa chevelure raide.
Par tous les moyens, elle cherchait nerveusement à commencer la conversation, alors que ses regards inquiets lorgnaient Jin.
Sa queue-de-cheval avançait à la cadence de ses pas neutres, et la sportive se sentait encore plus nulle de ne pas réussir à emprunter son équilibre mental... Comment faisait-il ?
- Est-ce que... par moments, vous savez que ce que vous dites a plein de sens, mais tout le monde vous regarde avec des gros yeux ? Ou vous font comprendre que vous êtes "toc toc", alors, qu'au fond de vous, vous êtes sûr que vous avez la bonne réponse ?
Par souci que sa question soit trop vague ou imprécise, elle souligna dans un dialecte qui correspondait plus à sa personnalité :
- C'est comme si je perdais mon temps à faire comprendre à ces singes que l'herbe est verte.
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Le silence initial était lourd mais pas inconfortable. Ashina n'était pas du genre à combler les blancs inutilement. Il avait appris à attendre que l'autre trouve ses mots, surtout avec des étudiants comme Alya, dont la carapace n'était pas simple à percer. Son regard se posa machinalement sur les pistes de course qui s'étendaient devant eux, les lignes blanches immaculées se confondant avec l'horizon d’un ciel crépusculaire.
Quand la britannique parla enfin, il tourna la tête vers elle, écoutant chaque mot avec attention. Il ne la coupa pas, se contentant d’acquiescer à certains moments, une expression indéchiffrable gravée sur son visage. Ses sourcils se froncèrent brièvement lorsqu'elle utilisa le terme « singes », mais il choisit de ne pas s’attarder là-dessus. Il savait que les mots durs étaient souvent une façon d'évacuer sa colère plus qu’une réalité.
Quand elle se tut enfin, le japonais prit une profonde inspiration, son regard glissant de nouveau sur les pistes de course. Il soupira doucement avant de répondre, sa voix posée mais empreinte d’une légère gravitas, comme si ses mots portaient un poids qu’il ne cherchait pas à alléger.
-« Je connais ce sentiment. »
Il marqua une pause, scrutant l’horizon comme si celui-ci détenait une vérité invisible.
-« C’est insupportable, surtout quand ceux qui te prennent pour un fou le font simplement parce qu’ils ont peur. Pas peur de toi, mais peur de quelqu’un qui a la capacité d'imposer sa réalité. Ils préfèrent se plier en bon petit soldats plutôt que de réfléchir... Que ça soit par lâcheté ou confort. »
Il passa une main dans ses cheveux noirs en bataille, une habitude qu'il avait lorsqu'il réfléchissait. Son regard se fit plus distant, comme s'il revivait un souvenir. Un souvenir assez récent où il avait eu une altercation avec son collègue.
********************************
Jin avait trouvé Fujiwara près des vestiaires, en train de noter quelque chose sur son carnet. L'autre professeur, bien plus expansif que lui, leva un regard curieux en le voyant approcher.
-« Ah, Ashina-san. Tu viens me féliciter pour la séance d'aujourd'hui ? » lança Fujiwara avec un sourire en coin.
Jin ne répondit pas immédiatement. Il croisa les bras, son visage toujours aussi impassible, mais ses yeux brillaient d'une lueur froide.
-« Féliciter ? »
Sa voix, calme mais tranchante, brisant l’atmosphère faussement détendue que Fujiwara tentait de créer.
-« Les exercices que tu fais faire aux étudiants sont irresponsables. Tu joues avec leur santé. »
Fujiwara fronça les sourcils, décontenancé par l’attaque directe.
-« Irresponsables ? »
Il referma son carnet d’un geste sec.
-« Tu veux dire exigeants. Ces gamins ne progresseront jamais si on les ménage trop. »
-« Les pousser à bout ne signifie pas les mettre en danger.»
Répliqua Jin en avançant d’un pas, son regard transperçant.
-« Les exercices de sprint avec des poids que tu leur as fait faire hier ? Tu sais que ce n’est pas adapté à leur âge. Tu risques de provoquer des blessures graves. »
Fujiwara haussa les épaules, comme pour minimiser l’ampleur du problème.
-« C’est comme ça qu’on forge des champions, Jin. Tu ne peux pas espérer des résultats exceptionnels avec des méthodes douces. »
Ashina serra les poings, mais sa voix resta maîtrisée.
-« Et à quel prix ? Si l’un d’eux se blesse sérieusement, que diras-tu ? Que c’était pour "forger un champion" ? Leur santé devrait passer avant tes ambitions. »
Le silence tomba entre eux, tendu. Fujiwara semblait sur le point de répliquer, mais Jin continua, sa voix plus basse, presque un murmure.
-« J’ai vu trop d’athlètes brisés parce que quelqu’un pensait savoir mieux qu’eux ce qu’ils pouvaient endurer. Je ne laisserai pas ça arriver ici. »
Le professeur détourna le regard, visiblement agacé, mais il ne répondit pas. Jin, lui, tourna les talons, laissant derrière lui un silence chargé d’émotions.
********************************
Le japoanis secoua la tête et reporta son attention sur Alya, ses yeux sombres fixant les siens avec une intensité presque troublante.
-« Je ne vais pas dire du mal d’un collègue, mais… est-ce qu’il t’a encore sorti des exercices farfelus ou dangereux ? »
Son ton s’était fait plus léger, presque complice, il voulait lui offrir une échappatoire. Jin n’était pas là pour l’accabler, juste pour l’écouter et, peut-être, lui tendre une main qu’elle aurait le choix de saisir ou non.
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 302■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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Alya s'arrêta net.
- Oui, c'est ça, c'est exactement ça ! Sa vive exclamation véhiculait toute la vivacité de sa rancœur, comme si, par une simple retranscription de ses pensées, Jin lui ôtait le poids d'avoir à les livrer.
Le professeur de sport avait un don unique pour comprendre ses tracas. Il restituait, de manière simple, tout un réseau d'émotions complexe - mieux, il déroulait le fil d'Ariane et chassait le brouillard de son esprit.
- C'est ce qui s'est passé au cours de sport d'aujourd'hui. Monsieur Fujiwara voulait qu'on s'échauffe avec les poids lestés. Elle marqua une courte pause pour donner une allure plus posée à son discours plutôt que de donner l'impression de se plaindre. Je lui ai souligné la dangerosité de sa proposition, en lui disant que les poids servent après un échauffement, justement...
La sportive se remémora ce moment humiliant sur le terrain. Elle sentait encore les regards perçants rivés sur elle, ainsi que l'ombre imposante de Fujiwara l'avaler une seconde fois.
Sa posture s'était efforcée de rester le plus digne possible malgré son envie de se terrer dans un trou de souris.
Plus jamais elle ne veut vivre une pareille déception.
- Il m'a envoyé sur les roses avec son air supérieur, en disant qu'on est "en sucre", alors que ce n'est pas une question de ça, mais une question de logique pure ! Une rage silencieuse l'envahit. Elle ne devait pas se laisser aller. J'avais la sensation que tout le monde était d'accord avec moi... Mais personne n'a rien dit... Ils ont continué à rigoler avec le professeur alors que ses propos et son attitude étaient complètement déplacés.
Bien qu'il soit caché, ou du moins, peu exprimé, Alya possédait un sens de la justice aigu. Si son esprit critique dévalorisait les autres et l'appauvrissait, par conséquent, en relation sociale, il était également un guide nécessaire pour conscientiser les frasques qu'elle ou les autres subissaient.
Ainsi, par moments, elle portait sa voix dans des situations qu'elle estimait injustes.
Cependant, l'échec d'aujourd'hui la faisait douter de ses capacités à défendre autrui. Sans charisme et autorité, la brune s'avouait vaincue - mais elle continuerait d'essayer ! Il lui manquait juste un peu d'élan.
- Pour dire vrai, ouais... Non seulement, il a voulu faire son échauffement à sa manière, mais en plus de ça, quand je lui ai dit que c'était dangereux, il a répliqué en affirmant que son "super entraînement" nous renforcerait. Elle se pinça l'arrêt du nez et shoota dans un caillou invisible.
Son mouvement élancé, presque gracieux, avait quelque chose de libérateur dans sa façon de se livrer.
Alya n'était pas une instinctive, mais une prudente, elle ne piquait pas de colère phénoménale, mais gardait son sang-froid en toute circonstance.
La retenue dans son geste, par le simple fait d'exister, indiquait une fureur non-dissimulée.
Un silence retomba.
Ses yeux verts s'attardèrent sur lui. Sous la lumière crépusculaire, l'ombre de ses cils dissimulait à peine la lueur d'émotion nourrie qui brillait dans le clair-obscur ; elle attendait beaucoup de cet échange avec son professeur préféré.
"Le plan derrière mes instructions est de vous renfoOOrcer, de tirer un peu plus sur vos cordes persoOOnnelles afin de vous pousser dans vos retranchements, de vous faire soOOrtir de votre zone de coOOonfort. Est-ce plus clair désoOOrmais, Miss MooOOre ?"
L'imita-t-elle en forçant grossièrement sur ses cordes vocales, son air ennuyé démentant son rire. Alya ne saurait préciser avec exactitude ce qui la désinhibait autant, mais une chose était sûre, Jin avait la faculté de lui tirer les vers du nez.
La distance qu'il imposait respectait son besoin de prouver sa force mentale, tandis que sa curiosité bienveillante la sécurisait. Le confort, l'équilibre et une pointe d'amertume dans un seul homme : la recette idéale pour rassasier notre aigrie nationale.
- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 121■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
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-« Ah, ça, c’est bien Fujiwara. Toujours à jouer les grands coachs incompris, comme si nous étions trop idiots pour comprendre son génie. "En sucre" ? C'est sa légitimité qui est aussi fragile que du sucre, oui. »
Il croisa les bras, s’adossant à un poteau à proximité, ses yeux se portant sur Alya avec une lueur de complicité. Dieu sait à quel point Ashina avait en horreur les méthodes de son inestimé collègue qui étaient à l'image de leur porteur. Elles étaient dangereuses et montraient que son égo le poussait à l'incompétence. Certes, Ashina était plus jeune que lui et n'avait pas toute son "expérience" mais le jeune-homme se renseignait auprès de médecins, de la communauté scientifique qui pubilait des rapports sourcés sur le corps humain et ses fonctionnements.
-« T’as bien fait de lui dire que c’était dangereux. La santé, Alya, c’est la base, surtout à votre âge. Vous êtes des athlètes en devenir, pas des machines qu’on peut casser et remplacer. Il est censé être là pour vous guider, pas pour jouer au petit tyran. »
Son regard dérivé sur le ciel qui rougissait doucement, le soleil plongeant derrière la forêt de buildings de Kobe. Il soupira, un souffle long et profond qui contenait des années d’expérience et de déceptions accumulées. Tant de jeunes gens qui se donnait trop à l'entrainement, brisant inlassablement leur corps qui, après des années de pratiques physiques immodérées ont fini par lâcher.
Bien que pétri de bonnes intentions, ces personnes ont détruit leur potentiel en voulant trop en faire, négligeant les temps repos et d'étirement dont le corps humain avait besoin pour se réparer, se renforcer et enfin se dépasser.
-« Ne le laisse pas étouffer la flamme qui brûle en toi. L’athlétisme, ça se voit, c’est dans ton sang, c’est ton âme. Ce mec ne mérite pas de te dégoûter de ce qui fait battre ton cœur. »
Le japonais se redressa, son expression plus ferme.
-« Je pense que je vais aller le confronter. Ce genre de personne, il faut lui remettre les idées en place là où ça fait mal : devant ses collègues, en salle des profs. Mais d’abord… »
Il esquissa un sourire en coin, presque malicieux, avant de dégainer son téléphone portable.
-« Je vais me faire une petite séance de recherches. Rien de tel que des rapports scientifiques bien ficelés pour démonter ses méthodes insensées. Crois-moi, Alya, il va m’écouter. »
Alors qu’ils longeaient la piste, le regard du professeur de sport fut attiré par une petite forme abandonnée au sol. Il ralentit, se penchant pour ramasser un élastique rouge, légèrement usé, mais encore intact. Ses doigts le firent tourner un instant, comme s’il jaugeait un objet précieux.
Il rangea ensuite l’élastique dans sa poche avec son habituelle nonchalence.
Un silence s’installa brièvement, Jin fixant l’horizon afin que le firmament puisse l'aider à organiser ses pensées. Iltourna la tête vers Alya, une étincelle douce et distante dans son regard bleu glacier.
-« Tu sais… Je vois en toi la même flamme que chez une amie d'antan. »
Son visage se fit plus tendre, empreint d’une mélancolie qu’il n’essayait même pas de dissimuler. Il passa une main dans ses cheveux noirs en bataille, soupirant doucement.
-« C’était… une tempête. Elle ne faisait pas que vivre ses passions, elle les laissait déborder. Si un club l’intéressait, elle en faisait partie. Athlétisme, peinture, escalade, cuisine… Elle avait cette énergie folle qui lui permettait de tout mener de front, sans jamais perdre son sourire. »
Son regard se perdit un instant, comme s’il revoyait Harumi courir sur une piste semblable à celle qui s’étendait devant eux. Une vague de nostalgie traversa ses traits, sa mâchoire se serrant légèrement avant qu’il ne cligne des yeux pour revenir au moment présent.
-« Enfin, ce n’est pas la même chose. Tu as ta propre manière de briller, Alya. Mais cette passion, cet acharnement… Je la reconnais. »
Ashina pivota légèrement pour l’observer, son expression retrouvant une neutralité mesurée, bien que ses yeux conservaient une chaleur rare.
-« Tu trouves comment ta progression, en ce moment ? »
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 302■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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Un rire raisonna au fond de sa gorge.
En dépit de son attitude froide et de sa volonté à vouloir rester dans les clous, Alya cachait un sens de l'humour plutôt atypique. Elle adorait le pince-sans-rire, et même si Jin n'en avait pas fait par acte délibéré, ses paroles acerbes, accompagnées de sa posture stoïque et de son timbre de voix monotone en étaient à ses yeux.
- Mais c'est exactement ce que j'ai essayé de dire ! Pour moi, il a plus essayé de jouer aux petits chefs plutôt qu'à réellement écouter ma mise en garde. Son regard dériva par-delà les gradins où une douce lumière planait au-dessus des bâtiments droits qui encadraient le campus. Un sentiment de nostalgie l'envahit, comme un souvenir manqué qui n'existait que dans son imagination. Je n'aime pas trop désobéir aux profs, mais là, j'ai dû m'y contraindre ; il le fallait.
La détermination gagne son regard. En toutes circonstances, Alya ne se laissait guère abattre. L'écoute active de Jin et sa pédagogie sincère encourageaient cette tendance et la rendaient plus farouche.
Ainsi, elle sentit sa parole entendue, sa rage libérée :
- Cet homme est si têtu qu'il a fait une démonstration. Vous vous rendez compte ? Il nous a carrément fait une démonstration ! S'étrangla-t-elle, indignée. Je n'ai pas voulu renchérir, je me suis sentie humiliée, comme si c'était de ma faute alors que je sais que ça ne l'était pas. Mais j'ai vite compris que ça ne servait à rien d'insister puisque rien ne changerait.
Il n'y avait pas de mots pour expliquer la trahison ressentie, sa poitrine la brûlait et une ligne de migraine barrait son front à trop y ressasser.
Le sport était la seule passion qui l'animait. La raison principale pour laquelle elle était venue à Kobe. L'université formait des champions en devenir, et elle comptait bien faire partie des candidats sélectionnés.
Le simple fait qu'on empiète sur son territoire et qu'on illégitime ses connaissances approfondies sur le sujet la rendait folle de rage. C'était une tentative, à ses yeux, de prouver face aux autres qu'elle était vouée à l'impuissance, comme si son rêve olympique était condamné à se heurter derrière les grilles imposantes de l'établissement.
Comme s'il avait lu dans ses pensées, son professeur de sport synthétisa ses peurs profondes. La simple action qu'il les concrétise, les extirpa de son esprit comme une formule magique.
Avec ça, le positivisme de ses encouragements et la justesse de son conseil lui tira un sourire en coin.
- Vous avez raison. Je ne vais pas me laisser faire. C'est mon sport. J'ai raison. Elle soupira pour finir de décharger la pression accumulée. Ouais, j'ai raison. Je sais ce que je dis. J'ai raison. Rien, ni personne ne m'empêchera d'atteindre mon rêve !
Revigorée, elle bondit sur ses pieds. Là, elle se sentait capable de courir sur la piste. Cela dit, son équilibre était fragile, car, dès lors que Jin annonça sa décision de le confronter, Alya fit un pas en arrière, la mine réprobatrice.
- Erwhm... Vous croyez que c'est une bonne idée ? Je n'ai pas envie qu'il y ait des retombées... La brune se rendit compte que son professeur de sport ne pourrait pas l'exempter, et même s'il y parvenait, Fujiwara aurait d'office des soupçons portés sur elle.
L'athlète se préoccupe toujours des conséquences. Alya mesure le risque, l'évalue et progresse en se référant à ses analyses. Elle était consciente que la délation était mal perçue, et que, dans son pays, elle risquerait probablement d'être harcelée pour ça. Cependant, son déni lui permettait de croire que la mentalité au Japon était différente.
Elle se laissa donc portée par l'insistance assurée de Jin, laquelle avait un effet protecteur par la certitude qu'il plaçait au dénouement de la future discussion.
Rassurée, une chaleur enveloppa sa poitrine. Son professeur lui mettait du baume au cœur, réparant les dégâts creusés par un autre.
- Hm... D'accord... merci...
Jin l'orienta sur un autre sujet alors qu'ils longeaient ensemble la piste d'athlétisme. La sportive remarqua que son professeur adaptait son allure à la sienne, si bien qu'elle amplifia sa cadence pour éviter qu'il la trouve mollassonne.
Son interlocuteur se pencha pour ramasser un objet à ses pieds. Alya suit son mouvement du regard et se tâta mécaniquement les cheveux pour vérifier sa coiffure. C'était son chouchou.
Alors qu'elle ouvrit la bouche pour le signaler, son index levé retomba quand son professeur de sport prit la parole.
-« Tu sais… Je vois en toi la même flamme que chez une amie d'antan. C’était… une tempête. Elle ne faisait pas que vivre ses passions, elle les laissait déborder. Si un club l’intéressait, elle en faisait partie. Athlétisme, peinture, escalade, cuisine… Elle avait cette énergie folle qui lui permettait de tout mener de front, sans jamais perdre son sourire. Enfin, ce n’est pas la même chose. Tu as ta propre manière de briller, Alya. Mais cette passion, cet acharnement… Je la reconnais. »
Alya sourit intérieurement au souvenir partagé. Elle était flattée que Jin voyait en elle la ressemblance avec l'une de ses figures d'attachement.
Cette déclaration sincère renforça leur lien. Il était si peu loquace que la jeune fille comprenait la valeur de ce qu'il lui partageait.
- C'est vrai... C'est vrai que je suis comme ça. À la différence de votre amie, c'est que moi, il n'y a qu'un seul domaine qui m'intéresse et me passionne. J'aime peu de choses, mais j'aime ces choses dans une seule catégorie. Ce n'est pas le sport que j'aime, c'est l'athlétisme, c'est courir, bien que j'apprécie les autres branches comme la natation ou le javelot.
Elle hocha la tête, comme si elle était d'accord avec elle-même avant de s'enquérir.
- Votre amie a étudié à Kobe ? Curieuse mais pas intrusive, Alya savait que certains sujets pouvaient être délicats. Cela dit, elle estimait que puisque c'était Jin qui avait amorcé la discussion, alors les potentielles questions qui en découleraient seraient tolérées.
- Excusez-moi si je suis indiscrète, mais vous parlez de votre amie au passé, elle n'est plus étudiante ? Est-ce qu'elle a atteint son rêve finalement ?
La volonté de poursuivre cette discussion plus intimiste avec son professeur préféré l'amena sur une pente glissante dont elle ne soupçonnait pas l'existence.
Détendue par le climat qu'il avait instauré, sa méfiance retomba comme un soufflé. La sportive manifestait de moins en moins de signe de vigilance.
Elle baissait sa garde, simplement, et s'autorisait un moment unique avec Jin, d'être humain à être humain.
- En dents de scie. Avoua-t-elle à demi-mot. Je note mes temps et ma progression dans un carnet et j'en fais un graphique. On a appris à faire ça en maths quand j'étudiais encore à Londres, j'aime bien les maths. Alors je me suis servie de ça pour rendre mes entraînements plus concrets, et parce que j'aime coucher les faits sur le papier.
Sa méthode était à double tranchant, car, en effet, même si elle lui permettait d'avoir une vision globale et ludique, sa simple existence concrète la rendait obsédée par le résultat.
Parfois, Alya en venait même à se réveiller en pleine nuit et espérer que son camembert ait changé ou que les lignes tracées soient ascendantes.
Quand ça arrivait et qu'elle ne pouvait se débarrasser de l'angoisse de stagner, la sportive sortait en douce pour courir jusqu'à perdre haleine...
- Oh, d'ailleurs... L'élastique que vous avez trouvé tout à l'heure... ? Je crois que c'est le mien.
- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 121■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
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❖ Âge : 27 ans
❖ Chambre/Zone n° : Zone 2 - Maison
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
-« C'est bien l'Alya que je connais. Toujours à ne rien lâcher. »
Un éclat amusé traversa son regard alors qu'il observait la britannique. Le vent jouait dans les cheveux de la jeune fille, une mèche rebelle s'échappant pour venir effleurer son visage. Le japonais se redressa, laissant son regard errer sur la piste d'athlétisme. Les sillons orangés s'étendaient à l'infini, créant une boucle sans fin. Il n'avait pas besoin de regarder ailleurs...Cette piste était familière, presque apaisante dans sa monotonie.
Ils continuaient à marcher en cercle, mais cela lui convenait. Pour une fois, il était content d'oublier la ligne droite pour suivre un chemin qui ne menait nulle part. Parfois, les méandres étaient tout ce dont on avait besoin.
Alya, cependant, semblait toujours tourmentée. Jin percevait la réticence dans ses gestes, la légère tension dans ses épaules. Lorsqu'elle fit part de ses craintes concernant Fujiwara, il haussa les épaules d'un geste nonchalant, mais ses mots étaient empreints de gravité.
-« Je n'ai guère le choix, je vais lui parler. Si personne ne dit rien, quelqu'un finira par être blessé. Ce n'est pas une option. »
Sa voix était calme, mais il n'y avait aucune place pour l'hésitation. Ashina n'était pas du genre à confronter inutilement les autres, mais il avait une responsabilité envers ses élèves. Et il ne tolérerait pas que l'un d'entre eux soit rabaissé sans raison ou pire, blesser à cause de l'égo d'un collègue stupide.
Il tourna la tête vers Moore, scrutant son profil avec une attention sincère. Lorsqu'elle parla de ses passions et de son amour pour l'athlétisme, un éclair de compréhension traversa son regard. Il hocha doucement la tête avant de répliquer d'une voix posée.
-« L'athlétisme est ta force, mais varier les sports pourrait t'aider à développer d'autres muscles et compétences. Cela te rendrait encore plus complète et augmenterait tes chances d'atteindre ton rêve olympique. Rappelle-toi, chaque détail compte. »
Lorsque la demoiselle posa des questions sur son amie, la quiétude du veuf s'interrompit un instant, ses pensées le ramenant à un autre temps désormais réduit en cendre par le temps et la cruauté de l'éxistence.
-« Oui, elle était à KHS avec moi. Si tu regardes dans le hall des trophées de l'école, tu verras nos photos ensemble... Bon évite, j'avais une tête affreuse à l'époque. »
Son sourire s'effaça graduellement, remplacé par une expression maussade. Il inspira lentement, le regard perdu quelque part au-delà de la piste. La mémoire d'Harumi était une blessure ancienne, mais jamais cicatrisée.
-« Elle était exceptionnelle, mais… les rêves ne se réalisent pas toujours comme on l’espère. »
Il n’était pas prêt à dire plus. Pas encore.
Lorsque la conversation revint sur les méthodes d'entraînement d'Alya, il l'écouta avec intérêt, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Il appréciait l'organisation de l'aigrie du club, sa manière d'aborder ses progrès avec rigueur. Il lui adressa un signe d'approbation.
-« Ce que tu fais est parfait. La progression n'est jamais linéaire. Les stagnations sont normales. Ce qui compte, c'est de ne jamais se laisser abattre. Petit à petit, tu te dépasseras. »
L'homme avait remarqué que les épaules de la jeune fille étaient moins tendues, sa démarche plus assurée. La boucle sans fin de la piste d'athlétisme ne semblait plus un simple exercice physique, mais un chemin d'introspection pour tous les deux. Jin se permit un dernier regard vers le ciel teinté de lueurs orangées, satisfait d'avoir pu, à sa manière, guider Alya vers une étincelle de confiance en elle qui allait de nouveau embraser le coeur de la sportive.
Enfin, il sortit l'objet rouge de sa poche et le lui tendit, un sourire indulgent éclairant son visage.
-« Tiens, il t'attendait... Sinon, tu te sens mieux ? »
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 302■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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❖ Âge : 20 ans
❖ Chambre/Zone n° : U-1
❖ Arrivé(e) en : Avril 2017
Un frisson de plaisir parcourut ses veines à mesure qu'elle intégra le compliment. Les muscles de sa bouche tremblaient légèrement à force qu'elle retienne un sourire.
Réservée sur ses émotions, Alya préférait conserver cette petite lanterne de chaleur à l'intérieur d'elle, plutôt qu'à exprimer la lumière de sa joie. D'une manière générale, la sportive se laissait peu contrôler par ses états d'âme, aussi positive que soit ou non sa situation.
Sa tête rentra dans ses épaules quand Jin affirma sa position de confronter Fujiwara. Ce n'était pas plus mal, cependant, la brune ne pouvait s'empêcher de penser que la suite des événements tournerait mal pour elle, comme si son délire de persécution annulait son besoin de justice.
Pour l'heure, elle chassa cette sensation désagréable de son estomac et se concentra sur ce qui l'intéressait réellement : l'athlétisme.
- Je suis d'accord. Valida-t-elle. C'est pour cette raison que je me suis inscrite au club de natation. Pour équilibrer le travail de mes bras et de mon buste à celui de mes jambes. Pour illustrer son exemple, elle leva brièvement les membres antérieurs devant elle. Le vert brillant de ses ongles scintillait sous la lumière blafarde des lampadaires à peine allumés. Cela dit, bien que j'en apprécie la pratique, je ne trouve pas cette même passion que quand je cours sur la piste d'athlétisme.
D'office, elle repensa à Kazane et à l'éclat dans son regard quand elle nage. Ses yeux pétillants et son corps agile évoluaient littéralement dans l'élément aquatique.
Chacun de ses mouvements graciles était emprunt d'une passion dévorante que ses bras retransmettaient dans l'eau chlorée. Il ne s'agissait pas seulement de nager ; Kazane ne faisait qu'un avec l'onde bleutée. Ses déplacements méthodiques et déconcertants capturaient la beauté de sa passion, comme si elle était née pour glisser dans les profondeurs.
Alya se demandait si elle dégageait le même magnétisme. En tout cas, pas dans ce domaine-là.
- Oh, vraiment ? Alya se remémora le couloir dont une vitrine contenait les anciens trophées remportés. Parfois, elle s'imposait devant la vitre et laissait son reflet s'illuminer derrière la glace, un collier de victoire autour du cou qui arborait son nom dans son imagination. Je vous rassure, vous avez toujours une tête horrible, sensei.
Alya pouffa par le nez pour faire redescendre la pression accumulée. Elle n'était pas, ou si peu spontanée, qu'elle s'estimait courageuse dans sa façon d'avoir osé une blague classique.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Une pointe d'inquiétude noua sa gorge. Elle avait peur de comprendre que croire en ses objectifs n'allait pas les rendre réalisables. Ce qui était vrai, mais elle ne laisserait pas son travail ne rien signifier. Moi, je suis d'avis de dire qu'il faut se donner les moyens d'y arriver. Les rêves sont bien beaux, tout le monde peut rêver, mais si on ne bouge pas, ils ne se réaliseront pas comme dans les contes de fée.
Sur la défensive, la brune s'était montrée abrupte. Son timbre de voix sec démontrait la puissance de ses barrières. À chaque de ses prises de paroles, elle donnait une impression de méfiance et de renfrognement, bien loin derrière la passion qui animait Kazane quand elle parlait de son sport.
Alya ne parlait jamais de rêve olympique, mais d'objectif olympique. Elle n'avait pas cette fantaisie dans le cœur, mais un esprit rationnel qui lui dictait la vivacité d'une logique concrète.
- Je travaille pour ! Alya n'utilisait pas les termes espérés ou croire, c'étaient des mots bien trop utopistes, bien loin de la réalité concrète qu'elle voulait bâtir autour de sa vocation. La stagnation me frustre, mais je me dis aussi que c'est un excellent moteur pour progresser. Ça rend mes victoires encore plus savoureuses !
Elle tendit la main pour récupérer son élastique, les doigts du professeur y déposèrent délicatement l'objet. Alya constata qu'il avait la main froide, les phalanges craquelées, rougies par le froid pinçant crépusculaire.
Entre son pouce et son index, la sportive fit tourner le chouchou en tirant une grimace de dégoût. Son aspect poussiéreux et sa texture flasque ne lui donnaient pas envie de l'utiliser, elle le fourra illico dans la poche de sa veste de sport.
- Merci... Je vais mieux grâce à vous. Merci de m'avoir écoutée.
Soucieuse de suivre la tradition japonaise, elle inclina les cervicales en signe de remerciement.
Ce geste, bien que "dans les clous", ne lui était pas instinctif. La brune avait l'impression de se rabaisser, bien qu'avec Jin, elle le voyait plutôt comme un moyen de prouver sa reconnaissance, plus que ce que son sourire fin pourrait le faire.
En somme, c'était le bon compromis pour éviter de s'exprimer avec des mots, mais de tout de même faire passer son message.
- Jin AshinaPersonnel ; prof de sport■ Age : 26■ Messages : 121■ Inscrit le : 14/11/2023■ Mes clubs :
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-« C'est la mort qui a mis fin à mes rêves. »
Sa voix blanche, dénuée d'intonation flottait dans l'air avant de se dissiper comme une brume. Il ne cilla pas en prononçant ces mots, mais ses doigts vinrent malgré lui effleurer l'alliance invisible qui avait autrefois enserré son annulaire gauche. Un fantôme de métal, aussi lourd qu'un boulet, qui pesait encore dans sa mémoire.
Des images affluèrent dans son esprit. Harumi, riant aux éclats dans leur petit appartement, les mains encore couvertes de farine après avoir tenté de faire un gâteau qu'ils avaient brûlé par inadvertance. Harumi, penchée sur des catalogues de mobilier pour bébé, le regard illuminé d'espoir et de projets. Harumi, dans sa robe blanche, le jour de leurs fiançailles, lui prenant la main avec cette douceur qu'il n'avait jamais retrouvée ailleurs.
Puis, Harumi dans ce cercueil. Ses yeux clos. Sa peau pâle. Le vide. Jin secoua la tête, comme pour effacer ces souvenirs gravés au fer rouge dans son cœur. Ce n'était ni le lieu ni le moment. Pas devant Alya. Pas maintenant.
Ashina ravala sa peine, la dissimulant derrière une expression neutre, presque professionnelle. Ses épaules se redressèrent et il croisa les bras, se forçant à ramener son attention sur la jeune femme devant lui. Elle aussi portait ses fardeaux, mais elle les affrontait avec une force qui lui rappelait, d'une certaine façon, ce qu'il avait perdu.
-« Je suis content que tu ailles mieux. »
Ses mots, bien que sincères, étaient emprunts d'une gravité qu'il n'avait pas su effacer. Il força un léger sourire, un geste presque mécanique, mais il espérait qu'elle le prendrait pour ce qu'il était : un effort maladroit pour paraître présent et rassurant.
Se détournant, Jin jeta un coup d'œil aux gradins désertés et aux lignes blanches peintes sur le sol du gymnase. Il inspira profondément, laissant l'air froid purifier son esprit avant de se retourner vers Alya.
-« Viens, on va fermer le gymnase. »
Le veuf commença à marcher lentement vers l'entrée, ses pas résonnant dans l'espace vide. Malgré la tension qui lui nouait encore la poitrine, il se força à garder un rythme stable, à ne pas céder au poids de ses pensées. Derrière lui, il entendit Alya suivre, ses propres pas plus légers, mais tout aussi déterminés.
Alors qu'ils atteignaient les portes, Jin lança un dernier regard vers le terrain. Un endroit où des rêves étaient nés et brisés, et où d'autres continuaient peut-être à grandir. Il espérait, pour Alya, que les siens ne connaîtraient jamais la même fin que les siens.
- Alya MooreA l'université ; 2è année■ Age : 29■ Messages : 302■ Inscrit le : 15/09/2022■ Mes clubs :
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La boulette... Alya se figea. Elle avait la sensation que tout son squelette entier était mit en pause. La moindre phalange articulée lui demandait un effort colossal et elle ressentait une angoisse sourde lui tordre l'abdomen. Sa respiration entière s'entrecoupait pour récupérer maladroitement de l'air frais dans ses poumons.
Autour d'elle, le paysage semblait avoir rétréci, comme si les arbres et les bâtiments alentours se dilataient pour l'aplatir.
Une vague sensation de nausée l'assaillit, si bien qu'elle serra la mâchoire pour se donner contenance.
Son air renfrogné et sa méfiance naturelle accompagnaient toujours ses paroles quand elle ouvrait la bouche, en particulier lorsqu'elle se livrait à des démonstrations ostentatoires, comme c'était le cas tout à l'heure.
Sa mauvaise habitude de se valoriser en soulignant des faits comme une vérité générale avait fini par affecter les émotions de son professeur, plongé lui-même dans une profonde affliction insaisissable.
Alya n'avait jamais expérimenté le deuil. Elle ne pouvait que se figurer la douleur ressentie de perdre un être cher. Petite, déjà, elle imaginait des scénarios catastrophes où son père mourrait dans un éboulement de rochers quand ils faisaient de l'escalade ensemble.
Son imagination la torturait jusque dans les détails : la poussière qui s'échappe de la roche effritée, le bruit sec de la corde qui rompt sous le poids de son père, sa longue et stridente lamentation, des lambeaux de sa peau déchirée par un buisson épineux, jusqu'au fracas des os brisés contre un sol sablonneux.
Elle chassa ses pensées d'un mouvement de tête imperceptible. L'atmosphère était devenue maussade, malgré les efforts de son interlocuteur pour maintenir le statu quo.
Alya partageait son sentiment. Elle aussi craignait de briser leur équilibre fragile, c'est pourquoi elle répondait à ses interactions par le même sourire tordu.
Embarrassée au possible, Alya suivit mécaniquement Jin alors qu'ils clôturaient le dernier tour de piste. Le pas las, elle n'osait plus aucun regard dans sa direction, mais son ombre vacillante au sol lui paraissait aussi tourmentée qu'elle.
Le silence pesant qui s'était installé entre eux était chargé de non-dits. Une histoire qui n'appartenait qu'à Jin et dont elle ne voulait pas lui dérober les secrets.
Non parce qu'ils seraient trop lourds à porter pour elle, mais parce qu'elle respectait la délimitation entre ce qu'il partageait et la protection de son jardin secret.
Alya prit une profonde inspiration, tentant de rassembler ses pensées éparpillées pour se concentrer sur l'instant présent. Comme pour clôturer cette discussion tardive, le bruit mécanique du cadenas résonna d'un clic et scella leur rencontre.
- Je vous souhaite une bonne soirée. Merci encore pour votre aide.
La Britannique s'inclina maladroitement, avant de prendre le chemin du réfectoire. Sa démarche robotique aux bras raidit le long du corps trahissait sa culpabilité.
Elle voulait ordonner à ses jambes de courir pour échapper au malaise qui l'assaille, mais ce serait s'avouer ouvertement que ça l'a atteinte alors que son esprit essaye obsessionnellement de se faire croire le contraire.