[FB] [U-106] Vers de nouveau horizons

Vers de nouveau horizons

Avril 2018

Ça y est, c’était le grand jour. La rentrée. Eirini déambulait dans les couloirs, fébrile, tirant derrière elle une valise sur laquelle était posé un sac de transport pour sa fidèle Thémis et dans son dos, son étui à violon. Voyons voir… U-106… Elle ne devait plus être très loin. Alors qu’elle regardait les numéros sur les portes, son esprit ne pouvait s’empêcher de dériver sur l’année à venir. Comment tout ça allait-il se passer ? Est-ce qu’elle allait réussir à s’intégrer ici ? Même sans sa voix ? … Bah ! Bien sûr que oui ! Il n’y avait pas de raison ! En plus, on lui avait dit que l’infirmière de l’école parlait la langue des signes japonaise, ce serait parfait pour s'entraîner. Si ça se trouve, d’autres élèves la connaissaient également. Il faudra voir cela en cours d’année. … Ah la la ! Ce qu’elle avait hâte. Elle sautilla presque sur place en s’approchant de sa chambre. Oh ! Il faudrait qu’elle prenne des photos du campus avec son téléphone et les envoie à ses parents. Ils étaient curieux de voir où allait évoluer leur fille dans les prochaines années. L’étudiante avait promis de leur envoyer un message dès qu’elle serait installée. Ce qui lui faisait penser… On l’avait informé que les élèves partageaient les chambres à l’internat. Elle aurait donc une colocataire…

Eirini jeta un rapide coup d'œil à Thémis. Plus qu’à espérer que celle-ci n’avait pas une dent contre les lapins. Mais quel monstre pourrait ne pas aimer des animaux aussi adorables ? Surtout Thémis !





Ah ! C’était là ! La jeune femme s’arrêta presque aussi brusquement qu’elle avait étouffé son inquiétude. Allez. Il n’y avait pas de raison que ça se passe mal. Avec un peu de chance, elle pourrait même devenir amie avec sa colocataire … Et puis dans le pire des cas, si ça se passait mal, quoi ? Elles étaient toutes les deux à l’université, toutes les deux adultes et matures. Suffisamment en tout cas pour ne pas se chercher des puces. De toute façon, personne de censé ne cherchait des puces à Eirini. A quoi bon s’inquiéter ? La violoniste affichait un sourire optimiste en posant sa main sur la poignée. Elle ignorait si sa nouvelle camarade était à l’intérieur mais au cas où, autant faire une entrée avec un visage rayonnant ! Ça faisait quand même plus amical ! Sans plus de cérémonie, elle ouvrit la porte de sa nouvelle demeure.

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Vers de nouveau horizons

Avril 2018

Il y avait des tas de choses que l’on pouvait s’attendre à découvrir en ouvrant la porte d’une chambre. Un lit, logique vous me direz, une fenêtre, il fallait bien que la lumière rentre, même des affaires mises un peu partout. Après tout, il fallait bien que les gens s’étalent pour se sentir chez eux. Mais alors, une jeune femme au cheveux verts, qui regardait un documentaire traitant de lobotomie le tout en dévorant un kiwi… Ça, ça c’était inattendu. Et glauque. Terriblement glauque. … Peut-être que cette nouvelle année ne débutait pas si bien que ça finalement.





Mais Eirini n’eut pas le temps de s'inquiéter plus que ça de se faire vider le crâne pendant son sommeil qu’une boule sans poil, étonnement, s’approcha dangereusement. Elle eut un léger mouvement de recul en voyant l’animal s’intéresser un peu trop au sac de Thémis. Oh non ! Si ce qu’on disait était vrai et que les animaux ressemblaient à leurs maîtres, elle ne préférait pas imaginer le sort que le félin démoniaque réservait à son lapin. En parlant de la maîtresse justement, elle sembla enfin remarquer la présence de sa nouvelle colocataire et se hâta de récupérer son fauve.

Honnêtement, la violoniste s’attendait à un accueil glacial, pire même, clinique. Mais ce ne fut pas le cas. L’inconnue lui adressa un sourire réservé, presque innocent, jurant avec l’aspect effrayant de son documentaire. Apparemment son chat sans poil s'appelait Beerus, en revanche, elle ne donna pas son nom. Eirini resta un instant silencieuse, ne sachant trop que faire de cette situation… Avant de finalement décidé que sa nouvelle colocataire n’était peut-être pas si terrifiante que ça et qu’il fallait bien lui laisser une chance ! Délaissant son air suspicieux, elle afficha un sourire radieux et lui tendit la main en gage de salut et de paix. ... De toute façon, plus les gens sont dangereux, plus il faut être en bon terme avec eux, non ?

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Vers de nouveau horizons

Avril 2018

Himawari Kobayashi. C’était donc le nom de sa nouvelle colocataire qui, malgré des goûts étranges et particulièrement glauques, n’avait pas l’air bien méchante. Au contraire même, elle expliqua rapidement son intérêt pour le sujet qui se jouait en fond et si Eirini ne pouvait pas dire qu’elle le partageait, si elle s’intéressait aux pratiques médicales d'un autre âge, pourquoi pas. Peut-être était-elle en médecine ? Elle s’inquiéta rapidement de l’effet qu’avait pu avoir son chat sans poils et la violoniste agita les mains en guise réponse pour lui assurer que tout allait bien. Certes, elle n’était pas ravie d’avoir vu un prédateur approcher si près de Thémis mais après avoir été dans les bras de sa propriétaire, il n’avait plus l’air si terrible que ça. Eirini lâcha même un rire silencieux lorsqu’Himawari se mit à plaindre ses pauvres plantes. La pauvre, ce n’était pas avec l'arrivée d’un lapin que ça allait s’arranger.

Après le serrage de main et les présentations, l’heure était venue de s’installer. Ou presque. Oh ! C’est vrai que ça pouvait être une bonne idée de se présenter.





Avec un clin d'œil, Eirini hocha la tête et lèva un doigt comme pour indiquer à sa colocataire de garder sa question en suspens. Elle commença par poser délicatement le sac de Thémis sur son lit avant de sortir son téléphone de sa poche et de taper quelques mots dessus. Elle le tendit à Himawari avec un sourire chaleureux.




Une fois certaine que sa camarade avait eu le temps de lire, la violoniste rangea l’appareil  et entreprit d’ouvrir le sac de transport pour en sortir le démoniaque lapin bélier qui se trouvait à l’intérieur. Alors qu’Erini, toujours tout sourire, tenait dans ses bras la petite boule de poils blanche, cette dernière agita vivement le museau. Plein d’odeurs inconnues. Et surtout ! Un autre animal ! Son regard croisa celui de Beerus et ses yeux se mirent à scintiller d’une lueur de défi.

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Avril 2018

Si les deux colocataires semblaient rapidement trouver un terrain d’entente, ce n'était pas le cas de leurs animaux. Comme le fit remarquer Himawari, il leur faudrait établir un traité de paix sans quoi… Sans quoi la vie des deux jeunes femmes serait bien loin d’être calme. La japonaise entreprit rapidement de rassurer son “fier guerrier”. La remarque fit sourire Eirini. C’était un peu mignon de voir quelqu’un parler à son animal de la sorte. La violoniste jeta un rapide coup d'œil à Thémis, espérons qu’elle ne serait pas jalouse de ne pas avoir droit à ce genre de traitement : malheureusement pour elle sa propriétaire manquait de voix. Une chance que le violon semblait lui suffire !

Après quelques secondes de duel de regard, l’européenne décida de poser la lapine au sol. Le mieux pour qu’elle s’habitue à sa nouvelle chambre et son nouveau camarade était encore de la laisser explorer les lieux elle-même sans la déranger. L’animal sautilla prudemment en direction d’Himawari, pour la renifler, avant de s’en désintéresser purement et simplement et partir à l’aventure dans son nouveau domaine. Eirini en profita pour reprendre son téléphone en main et y taper un nouveau message alors que sa colocataire lui proposait son aide.




Elle lui laissa quelques minutes, le temps de lire le message, avant d’en taper un nouveau.




Un petit rire silencieux agita les épaule de la violoniste avant qu’elle n’ajoute tout sourire :



Eirini indiqua d’un signe de tête l’étui à violon toujours dans son dos avant de s’en saisir et de le poser sur le lit. Elle l'ouvrit avec soin et présenta sa plus grande fierté, son instrument, son violon, à sa nouvelle colocataire.

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Vers de nouveau horizons

Avril 2018

Oh ! Donc elle avait bien un lien avec la médecine, juste pas direct ! Au moins le frère et la soeur avaient-ils des sujets d’accroche, aussi étrange soient-ils. En tout cas, ils n’avaient pas peur de se conseiller des documentaires rapportant des informations bien glauques. Probablement une bonne preuve de la confiance qu’ils avaient l'un pour l’autre.  En parlant de son frère, même Himawari reconnaissait qu’il avait des goûts particuliers, ce qui arracha un sourire amusé à Eirini. En revanche, quelque chose dans le discours de sa colocataire lui fit tapoter son téléphone alors que l’autre jeune femme observait son instrument.

Elle lui tendit une question bien indiscrète.





Voilà un sujet sur lequel elle pouvait facilement faire preuve d’empathie. Sans parler de son mutisme, son traitement régulier pour la thyroïde, même s’il se déroulait bien, était parfois gênant. Il suffisait qu’elle oublie ses médicaments le temps d’aller quelque part pendant plusieurs jours et hop ! C’était tout son système endocrinien qui faisait des siennes !

Mais la conversation dériva vers quelque chose de beaucoup plus plaisant. Oh ? Himawari voulait qu’elle joue quelque chose ? Mais avec grand plaisir ! Eirini afficha un grand sourire, ravie d’une telle demande. Elle fit un clin d’oeil malicieux avant de tendre un nouveau message à sa colocataire.



Sans vraiment attendre de réponse, comme pour ne pas laisser le temps à la japonaise d’objecter, la musicienne prit délicatement son violon. … Bon. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir lui jouer ? Quelque chose qu’elle connaissait par cœur bien évidemment… Bah. Autant partir sur une chanson de son dessin animé préféré. Elle l’avait tellement écouté et reproduite celle-ci, chaque note était gravée profondément dans sa mémoire.



Alors que les première notes s’élevèrent dans la chambre, Thémis s’arrêta de trottiner, semblant elle aussi profiter du concert improvisé.

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