Un dernier cadeau. (Avec Akari)

Le crépuscule hivernal s'étendait lentement sur le campus, peignant le ciel de teintes pourpres et orangées. Kazane referma doucement la porte de la salle du club de littérature derrière elle, un léger soupir s'échappant de ses lèvres. L'écho de la fête résonnait encore dans sa tête : les rires, les anecdotes échangées, et les sourires sincères d'Alya. Pourtant, alors qu'elle avançait dans le couloir désert, un voile de mélancolie s'attardait dans son regard.

La demoiselle passa une main dans ses cheveux, les ramenant derrière son oreille, avant de resserrer son manteau contre elle. Le tissu épais l'enveloppait, mais il n'effaçait pas cette sensation de vide qui grandissait en elle depuis qu'elle avait quitté la chaleur de la salle. Ses pas résonnaient faiblement sur le sol carrelé, accompagnés par le crissement discret de ses bottes. Les couloirs semblaient étrangement silencieux, comme si le monde retenait son souffle après l'effervescence de la fête.

Lorsqu'elle atteignit le hall d'entrée, Mitsugu aperçut Alya, qui discutait au téléphone avec quelqu'un... Son père, peut-être. La lycéenne ralentit, un sourire sincère mais teinté d'une ombre nostalgique fleurissant sur ses lèvres. S'approchant, elle leva une main dans un geste d'adieu.

-« J'ai hâte pour Londres. »

Ses mots flottaient dans l'air, légers mais porteurs d'une anticipation sincère. Alya répondit avec enthousiasme, et Mitsugu hocha doucement la tête avant de se détourner. Ce voyage était une promesse d'aventure, une échappatoire temporaire au poids qui pesait parfois sur ses épaules. Pourtant, même cette perspective excitante ne parvenait pas à dissiper la sensation de flottement qu'elle ressentait ce soir-là.

La fille de Tsushima quitta le bâtiment principal, ses pas la guidant vers l'arrêt de bus situé à la périphérie du campus. La brume commençait à s'élever, enveloppant les lampadaires d'une aura diffuse et tamisée. Les ombres des arbres dénudés dansaient sur le sol, dessinant des arabesques fragiles. Kazane marcha lentement, savourant ce calme relatif. Le campus, habituellement vibrant de vie, semblait s'être figé dans une tranquillité presque irréelle.

Ses pensées vagabondèrent alors qu'elle traversait l'allée principale. Le contraste entre la lumière chaude de la salle et la froideur de l'extérieur soulignait encore plus le vide qu'elle ressentait. La jeune-femme aimait ces moments de solitude, mais ce soir, ils avaient une saveur plus amère. Peut-être était-ce l'approche de la fin de l'année, ou peut-être simplement l'après-coup d'une journée riche en émotions.

La silhouette sombre de la grille d'entrée se dessina à l'horizon, et Kazane ralentit légèrement. Elle n'était pas pressée de rentrer chez elle, pas pressée de retrouver ses pensées trop envahissantes dans sa maison vide et au sein de l'intimité de sa chambre. Pourtant, la nuit tombait vite en cette saison, et elle n'avait aucune envie de rester dehors plus longtemps.

Alors qu'elle atteignait la sortie, un mouvement attira son attention. Une silhouette familière se détachait de l'ombre d'un lampadaire. Akari. Kazane s'arrêta, surprise. Elle cligna des yeux, comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Arasaka semblait l'attendre.

La surprise initiale laissa rapidement place à une vague d'interrogations. Pourquoi était-elle là ? Attendre quelqu'un n'était pas dans ses habitudes, et encore moins en pleine nuit. Kazane sentit son cœur accélérer légèrement, mais ce n'était pas de l'inquiétude. Plutôt une curiosité teintée d'appréhension.

Elle se reprit rapidement et s'avança d'un pas mesuré, ses mains glissées dans les poches de son manteau. Le froid mordait ses joues, les rendant légèrement rosées, mais elle ignora la sensation. Alors qu'elle s'approchait, elle chercha dans l'expression d'Akari un indice sur la raison de sa présence.

Son propre visage demeurait neutre, mais ses pensées tourbillonnaient. Le silence du campus amplifiait le bruit de ses pas, et plus elle s'approchait, plus elle sentait la tension s'intensifier en elle. Pourtant, elle savait qu'elle devait garder son calme. Son regard rencontra celui d'Akari, et elle esquissa un sourire discret.

-« Bonsoir, Akari. »

Le ton de sa voix était maîtrisé, mais Kazane ne pouvait empêcher cette lueur d'interrogation dans ses yeux. Une partie d'elle voulait croire que cette rencontre fortuite n'était qu'une coïncidence, mais une autre ne pouvait s'empêcher de se demander si ce n'était pas plus que cela.

La fille de Tsushima ralentit à quelques pas de son amie, observant ses traits à la lueur tamisée des réverbères. Son souffle formait de petits nuages dans l'air glacial, et elle sentit ses doigts se raidir légèrement sous l'effet du froid. Pourtant, elle resta immobile, attendant qu'Akari prenne la parole ou donne un signe.

Elle se forçait à respirer profondément, essayant de calmer l'agitation intérieure qu'elle dissimulait si mal. C'était peut-être cela, après tout, ce qui la définissait en plus de la colère : Son incapacité à mentir.
Finalement, Kazane pencha légèrement la tête, comme pour briser la tension.

-« Tu m'attendais ? »

La question était simple, presque innocente, mais elle portait avec elle toute l'incertitude qu'elle ressentait. Et tandis qu'elle attendait une réponse, Kazane ne pouvait s'empêcher de se demander si cette nuit marquerait un tournant ou si elle ne serait qu'une autre soirée d'hiver à enfouir dans sa mémoire.

Le vent souffla doucement, soulevant quelques mèches de ses cheveux. Mitsugu resserra son manteau, sentant le froid s'infiltrer malgré tout. Peu importe ce qui allait suivre, elle était prête à affronter cette conversation, même si une part d'elle redoutait déjà ce qu'elle pourrait entendre.