Euh, c'est moi ou il y a une ambiance de merde ?
Un coup d’œil vers son frère – adossé au mur du fond, un autre vers sa belle-sœur presque collée à la porte de l'ascenseur... Casey se tenait au milieu d'eux et de sacs de courses comme autant de cadavres éparpillés à ses pieds et vestiges de leur guerre. Elle respirait difficilement dans ce no man's land flanqué de leurs deux lignes de fronts.
Dans un silence de mort, l’ascenseur poursuivait sa descente vers
les enfers le parking.
Sur un simple tching, les portes s'ouvrirent sur un quelconque étage et les hostilités. Suzuki, dans un élan inespéré, fut la première à réagir et décampa de la bataille sur un simple
« Dernier truc à acheter » alors que Misha s'élançait vainement de sa position en mode
« No, you don't » pour empêcher son évasion. La tentative infructueuse d'une poigne de fer se fermant sur le vide.
« Vous me cassez les clochettes modèle géant »L'adolescente, elle, n'avait pas bougé d'un pouce, se renfrogna dans son coin ; Le regard fumant de son grand frère, qui eut tout juste le temps de bloquer la porte avec son pied, suffisait à taire les commentaires railleurs se formant naturellement dans son esprit. Et sans raison aucune, il se mit à appuyer sur tous les boutons d'étage.
« Quoi..- Tiens, démerde-toi »Sur ses derniers mots, l'homme posait un doigt décisif sur la fermeture des portes qu'il franchît ; Laissant là, l'adolescente, seule face à son destin et l'armée de sacs.
« Mais, je... Hein ? J'ai rien fait... »L'ascenseur continuait son épopée, étranger à son désarroi ; Par trois fois, les portes s'ouvrirent. Sur une famille qui descendait au parking, un couple qui remontait au premier et sortait alors qu'un truc non identifié aux cheveux rouges prenait leur place. Casey, elle, n'avait toujours pas bougé. Elle était déterminée à rester là jusqu'à leur retour.
Ou pas. Après tout, c'était LEUR bordel. Elle pouvait tout aussi bien partir, là, maintenant, et les laissait à l'abandon. Juste prendre ses propres affaires – même si c'était difficile à déterminer dans tout ce foutoir, et hop, babye les loosers. Rien ne la retenait – enfin si... L'argent dépensé, les conséquences, la mandale dans la tronche...
Mais on est au Japon ! Quelles sont les chances que personne n'y touche, et laisse les sacs, là, dans un coin de l'ascenseur, sans y toucher ? Nombreuses. Fallait y penser avant. Et si ça appelle les autorités pour colis suspect, c'est leur problème ! Voilà, c'est déci-Sursaut de l'ascenseur.
Extinction des lumières.
Dieu venait de lui faire un doigt d'honneur.
Cette fois-ci, c'était la galère.
« Nan, pas encore »Plongée de force dans le noir, Casey réagit sur l'instant ; Son téléphone fut sorti de sa poche de pantalon, et la lampe torche enclenchée. Aussitôt, elle éclaira le panneau où se trouvait le bouton d'appels, et appuya dessus. En général la prise en charge était assez rapide, alors, il n'y avait pas de raison de s'inquiéter. Non ?
Baissant son téléphone vers le sol, où des chaussures étrangères apparurent, ce fut en cet instant qu'elle se souvint enfin de ne pas être seule. Timidement, la lumière remonta vers la taille de la personne - histoire de ne pas l'aveugler
« Ça va ? » Elle fit un peu plus attention à cet accoutrement suspect : lunette de soleil, casquette, cheveux rouges... Et ça fit tilt dans son esprit :
« Navi ? »