[TERMINE][Flashback][U-3]Phénomène étrange vient d'être détecté

À peine Tsumugi franchi la porte pour sortir sur une bonne journée souhaitée, j'envoie un petit gif cocasse à Maya. Peut-être est-ce un peu trop obscur... la version est un poil différente de l'original, mais... elle me fait décrocher un sourictus.

En attendant la réaction de Maya – quelle qu'elle soit, je pose mon téléphone sur le bureau. De-là,j'entreprends de ranger un peu la chambre, le tout en musique. Ce qui me fait me dandiner les livres de médecine en main, avec mes prise de notes.

Les sons crachés par mes écouteurs couvrent peut-être un peu trop les bruits aux alentours... alors je décale un peu le casque d'une oreille, histoire d'être sûre de ne pas manquer un toc-toc pressé. Ça m'ennuierait un peu si Maya déboulait dans la chambre comme le fait si bien Hina.

Ce serait bête de mal commencer la journée.

Bonté divine ! J'ai vu un truc bouger entre mon livre de physio' et de patho'. Un peu perturbée, je soulève doucement un de mes bouquins, mais ce qui était là ne l'est plus. Je soupire en terminant de classifier mes livres par ordre de priorité.

Peu importe.

C'était peut-être juste une boule de poussières.

Ouais, qui sait se téléporter ou se déplac...

Toc toc.

« Le mot de passsssse ? Hé, c'est pas du jeu ! »

Ma copine déboule dans la chambre, ferme la porte avec détermination, et me vole un bisou. Eh oh ! Il est où le consentement ? Ce n'est pas comme si j'en avais profité pour poser ma main sur sa hanche le temps du baiser échangé.

« Bof baf bif franchement. Et toi ? Eh ouais, il m'a fait pouffer par le nez, c'est le truc le plus drôle de ma journée pour le moment... et en plus, comme tu le dis si bien, je suis en pleines révisions, ce qui est vraiment vital ! »

Si je me rate, si je me rate... je préfère ne pas y penser. Sans grand ménagement, je la pousse contre le bord de mon lit pour... bah, pour le faire s’asseoir.

« T'es prête à m'aider à les faire ? … Ou sinon, on peut faire les décédés dans le lit et faire ce que font de mieux les morts : rien du tout ! »

Pour rendre l'instant un peu plus dramatique, j'aurais bien jeté mes notes dans les airs... mais ça prend du temps à trier ces trucs-là ! Je me penche donc vers Maya :

« Alors, t'as choisi ? »

Juste un instant, histoire de souffler un peu.

Ma copine a toujours la forme, toujours ce même refrain. Mais j'ai bien vu le jour on a rencontré la psychologue, à quel point son regard était perdu et humide. Toutefois, ce n'est pas le moment de penser à ça, sauf si je veux devenir morose et énervée dans le vide.

Peu importe.

Maya me souhaite bon courage pour les cours, je ne peux qu'opiner du chef et dire merci. Alors quand elle évoque la possibilité d'aboyer, sûrement pour me mettre dans l'ambiance d'une consultation, je lève les yeux au ciel. Vraiment n'importe quoi.

Je préfère me préserver et ne pas penser jusqu'où elle pourrait aller.

« Tu ferais mieux le bovin, c'est dans le thème du chapitre »

Était-ce juste un fait, une pique ou une invitation ? Qui sait ? Pas moi !

Ma peur de me foirer s'efface un tout petit peu dans notre étreinte, maiiiis vraiment un tout petit peu... comme si j'étais à 100% et que le pourcentage descendait d'un millième – et encore. Je pousse tout de même un soupir de contentement ; mes épaules se relâchent.

« Oui oui, se reposer. »

Toujours enlacée, je l'entraîne sur le lit à côté de moi, sans rompre notre proximité. Au début, je me noie un peu dans ses longs cheveux, mais je parviens à en mettre une partie derrière son oreille. Je souffle doucement sur le reste de mèches belliqueuses, dégageant son regard de la gêne.

« Pourquoi jaune ? … ? Non. Oublie. Chut. Repose en paix ! »

On est vraiment des morts de pacotille.

Vraiment, un jour, je vais lui demander de m'enseigner la couture, juste pour pouvoir sceller ses lèvres, et arrêter d'entendre de telles inepties. Je vais finir par me transformer en bot, et lever les yeux au ciel sera ma seule commande.

« M'enfin ! Comment je pourrais t'enfermer ici ? La porte ferme pas à clé... »

Et cette réalisation me glace un peu le sang, l'information montant jusqu'à mon cerveau : n'importe qui pourrait débouler et nous voir dans cette position. Mais au fond, qui ferait ça, à part Hina ? … Ce n'est pas si réconfortant comme conclusion...

J'aurais du m'y attendre à cet aveu : juste l'envie d'en porter, au diable les haters. Ce n'est pas plus compliqué, même si j'ai du mal à comprendre comment une chose pouvait être à la fois visible et discrète. Même si je suis une totale flipette, j'ai tendance à regarder les gens dans les yeux.

« J'aime bien les yeux verts ? Ou quelque chose de plus naturel ? Comme la vraie couleur de tes yeux ? »

Pas que ça me dérange les yeux jaunes, mais... ça changerait un peu, et enlèverait le côté un peu irréel de son regard. Puis, je me dis, une blonde aux yeux verts, c'est un 10 assuré. Sur cette réflexion, elle me recouvre de ses cheveux, et menace de m’étouffer.

Une Blitzkrieg dans mon cou, et un frisson incontrôlé me parcourt l'échine. Je suis super sensible à cet endroit-là, alors à part gigoter un peu de gêne, j'essaye à peine de déloger les cheveux qui me recouvrent.

« Hé ! On se calme cousin machin ! »

Mes ciseaux traînent sur mon bureau...

Une jolie princesse retenue dans un terrible donjon ? Prrrft, elle tient plus de la belle-mère diabolique, ou de Bowser avec son armée de goombas. Je réfléchis à une antagoniste de Ghibli qui aurait horreur des garçons, mais là, rien me vient.

Elle sera la sorcière des Landes alors ! Avec un peu moins de double menton. Je pouffe dans mon coin avant d'enchaîner sur le mythe américain de la chaise magique.

« Pour barricader une porte avec une chaise, il faut LA chaise adaptée, sinon, ça fera pas le taff »

Je suis persuadée qu'elle serait bien plus belle avec la couleur naturelle de ses yeux. Le jaune, ça fait trop bête sauvage, comme les crocos. Au final, quitte à choisir, je laisserai tomber le vert pour le marron de ses yeux.

« Porte du vert seulement si tu le souhaites. Les yeux marrons, même si c'est commun, ça reste joli ou alors... tu dis que mes yeux marrons sont moches et que je dois porter aussi des lentilles ! »

Je la taquine à moitié, mais peut-être qu'elle préférerait aussi me voir porter des lentilles. J'ai déjà essayé d'en mettre, et je les supporte vraiment avec difficulté : les yeux me piquent beaucoup trop pour en porter au quotidien et deviennent rapidement rouges.

« Non, j'aime tes cheveux blonds »

Je n'ai rien à ajouter de plus. Même l'arc-en-ciel de sa chevelure ne me dérange pas ; c'est un tout harmonieux, qui marque son identité. Même si Momo perdrait des couleurs à vue d’œil en la voyant, pour rien au monde je lui dirai de changer de coiffure.

« Et toi ? Tu voudrais que je me teigne les cheveux ? »

Peut-être quelque chose de peu extravagant comme du noir ? Ça me vieillirait un peu, ce qui ne serait pas plus mal vu la tête de bébé dont je me farcis. Et puis, je me fondrais encore plus dans la masse japonaise. Franchement, ça me dérangerait pas.

Elle me recouvre de sa longue chevelure, et je maugréais un peu pour plaisanter. J'allais répliquer à son « sinon quoi » quand quelque chose se manifeste un instant dans mon champ de vision. Je me défais un peu des cheveux, et me met sur le coude pour regarder la plafond.

Il y a une ENORME araignée au plafond. Attention, je n'en ai pas peur, mais la comme ça, vu la taille, je me demande si ce ne serait pas Francis ? Non, Oswald n'est plus sur le campus, ce serait juste bizarre. Je me redresse du lit :

« Atta, je vais la faire sortir ? Ou essayer de l'attraper au cas où ce serait à quelqu'un du dortoir ? »

Je me hisse sur la pointe des pieds, debout sur le lit, avec un grand verre dans les mains, pour tenter de la coincer. Je m'approche le plus possible quand le lit se met à bouger. À la base, je crois un instant que Maya se redresse.

Mais ça bouge, vraiment, vraiment beaucoup et fort.

Étant sur la pointe des pieds, je me sens perdre l'équilibre, mes pieds cognent quelque chose et l'écrasent même avant que je bascule vers l'arrière.

Je ferme les yeux en attendant le choc.

Mes sourcils se froncent à l'idée de Maya. Un aperçu me parvient de mes souvenirs de GoT... et je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec ce personnage.

« Tu veux t'la jouer à Hold the Door ? »

Les retirer maintenant, comme ça ? De ce que j'en sais, ce n'est pas si simple.

« Y a pas tout un rituel pour enlever des lentilles ? »

La suite me fait rougir... mais d'après moi, jolie devrait être remplacé par banale. Et ça continue sur les compliments, je suis à la fois gênée – de tout mon être, et ennuyer à l'idée du possible cheminement de la conversation : pitié, ne deviens pas niaise.

Et là ! Une énorme araignée nous sauve du côté mielleux de la conversation. Maya a sûrement raison en affirmant le peu de chance d'appartenir à quelqu'un. Elle s'est sûrement faufiler par la fenêtre grande ouverte de la chambre.

« Bouge pas, j'en ai pour quelques secondes »

Hop, on monte sur le lit, verre en main, rien de bien dangereux. Enfin, ça, c'était avant que le monde entier se met en mode vibreur. En quelques secondes je bascule. Et malgré le choc qui m’obscurcit les pensées, je reste par terre endolori à attendre la fin du séisme.

Heureusement, on n'a pas d'étagères aussi du lit – justement à cause de ce cas de figure, alors Maya doit être à peu près safe. Par contre de mon côté... c'est n'importe quoi. Le verre s'est fracassé sur le sol, parsèment sa zone d'impact de débris de verre.

Et moi... je vois l'ampleur des dégâts dans ce qui semblerait être digne d'une position de poupée de chiffon.. je suis coupée en deux : Mes jambes sur le lit, sûrement bloquées semble-t-il par le corps de ma petite amie... les fesses contre le bois, et le reste étalé sur le sol...

Je suis fracassée.

Je ne saurais même pas dire quelle partie de mon corps a été le plus secoué.

La voix de Maya me parvient dans cet étrange brouillard, et dans un son éraillé je réponds un petit :

« Ouais... je crois... »

Je me laisse glisser du lit, tout doucement, puis roule vers le côté opposé des bruis de verre.

« Et toi ? Marche pas par terre, y a du verre partout »

Maintenant, je dois réussir à enfin m’asseoir.

Franchement, je suis sûre qu'il y a des mesures de propreté à tenir pour les lentilles... alors je te juge très très très fort Maya. On pourrait même parier sur cette folie de dormir avec ! Enfin, ce n'est plus le moment de penser à ça, en étant étalée sur le sol.

Je roule, et Maya me rejoint. Elle pourrait s'arrêter là, me juger de haut malgré sa taille de Pikachu, et je ne pourrais que pousser un gémissement plaintif. Mais elle fait les choses bien, elle m'aide à me redresser, et à réaliser les dégâts.

Je passe une main sur mon front, et je la retire avec horreur, pleine de sang. Alors je m'inspecte un peu partout avec ma main gauche, et le résultat est terrifiant. Je saigne absolument de partout. Vraiment de partout... je suis sur le point de paniquer quand l'illumination me vient.

Oui.

Évidemment.

C'était logique.

J'ai juste une grosse entaille qui traverse la paume de ma main gauche. C'est sûrement dû au choc et le verre brisé. Je la lève pour faire high five avec Maya, mais elle n'a pas l'air emballé. Je réalise à peine la continuité des tremblements... et pile à ce moment-là, ça s'arrête.

Comme si Castiel avait essayé de me transmettre un message dans sa forme angélique. Ce petit fifou.

Je pose des yeux embrumés sur Maya.

« Toi aussi, tu n'as pas compris ? »

Je continue à mettre du sang sur mes vêtements, il me faut...

« Ma trousse de soin est dans mon sac »

Mais il est où celui-là ? Ce n'est pas le moment de jouer à cache-cache. Alors je sors un mouchoir de ma poche, et l'utilise comme point de pression sur ma main. On peut même pas appeler ça une coupure, ça tient plus de la taillade.

Un véritable souvenir de guerre vrai de vrai.

Mes yeux deviennent deux soucoupes volantes à son invective d'aller à l'infirmerie. S'pas la peine, duh. Je ne sais pas où je trouve la force – mais en tout cas je la trouve, de me lever sans son aide et tituber jusqu'à mon bureau en contournant le paravent.  

« On a mieux affaire qu'aller à l'infirmerie enfin ! »

Déjà, j'ai le ciseau. Je ferme le poing gauche – pour continuer à faire pression, le temps de chercher mon sac, qui tadam ! Était sous mon bureau. Je vide le continu sur le bureau sans plus de cérémonie et récupère ma trousse de soin.

« Si tu veux, on fait le dada mais pour aller aux toilettes »

J'ai l'impression d'avoir avaler une tonne de médicaments, qui me rendrait amorphe et vacillante avec une étrange gaieté de cœur. Je rassure ma petite amie avec un grand sourire colgate bien américain, et j'avance vers la porte de la chambre.

« Je vais faire un bandage là-bas. Ça ira plus vite aux toilettes qu'à l'infirmerie »

Et je pourrais maquiller l'endroit d'une scène de crime ! Beaucoup moins marrant que d'attendre son tour derrière une bande de victimes s'étant pris des pots de fleurs sur la tête.

« J'veux bien m’appuyer sur toi un petit peu »

Tout en faisant attention à ne pas la salir.

Certaine... certaine... j'en sais trop rien. Est-ce que ma blessure mérite des points du suture ou un simple bandage ? Tout ce que je sais, c'est le manque d'envie d'aller à l’infirmerie pour poireauter, et de ne pas être là pour le rassemblement.

Si c'est pour nous chercher, et que la seule excuse, c'est : j'ai un bobo à la main ! Ça serait ridicule. Alors je prends appuie sur Maya qui a vachement l'air d'en profiter. Plus les secondes s'écoulent, et plus mon cerveau sort de la brume.

Je lâche même Maya avant d'arriver aux toilettes. J'ai toujours la tête qui tourne, mais c'est léger en comparaison de l'après-coup. La situation est de suite moins drôle quand on a les idées claires. Je traîne la patte jusqu'au lavabo...

Et je m'observe dans le reflet. Le ravage de main gauche m'avait bariolé de sang, et je me nettoie du mieux possible avec une seule main. Quand je détermine être assez bichonnée et présentable, je passe ma plaie sous l'eau mi-tiède mi-chaude. Par chance, aucun débris de verre sont logés gratuitement dans ma paume.

Mh. Alors que je désinfecte la plaie, j'essaye d'estimer si je vais devoir ou non consulter ensuite. Pour le moment, je me contente de recouvrir le blessure de compresses, et d'enrouler le bandage avec une pression suffisante. Et là, je tilt.

Maya !

J'étais tellement occupé par les soins que je l'ai ignoré du début à la fin.

« Désoléééééééééé ! »

Je la regarde du pied à la tête, elle a l'air d'aller bien. J'ai vraiment été tête en l'air sur le coup.

« Tu n'as aucune blessure non visible ? J'ai un baume de soin au cas où... »

Après tout, je lui ai tombé en plein dessus.

Maya n'a pas l'air de m'en vouloir d'avoir bullé à peine à quelques mètres d'elle. Le 'juste écrasé' sonne horriblement à mes oreilles, comme si j'étais un petit cachalot échoué sur la plage. Au moins, elle a tout de même dit 'ça va'.

Alors quand elle repart dans son délire avec les bovins, je roule une fois de plus mes yeux dans leurs orbites. Je finis de ranger le tout à l'intérieur de la trousse de soins, pendant que je réfléchis à quoi répondre à son petit 'jeu'.

« Mets toi un anneau dans le nez, et je te quitte »

Quolibet ou vérité ? Dur à dire, à part que je lui colle un bisou sur la joue. Même s'il n'y a personne, je me tiens à ce côté chaste.

« T'aider à quoi ? T'enseigner les premiers soins ? »

J'penche la tête sur le côté, un peu surprise.

Ce n'est plus mal si Maya n'aime pas les piercings... même si un à la lèvre me dérangerait pas. Je trouve que ça donne un petit côté sexy au visage mais je garde ça pour moi, sinon, elle serait capable de le faire juste pour me faire plaisir.

« Oh tu sais, à part les soins basiques, je n'y connais pas grand chose »

J'ai suivi un cours sur les premiers secours, et le reste de mes connaissances sur le sujet vient d'internet. Alors je ne suis pas si sûre de pouvoir lui apprendre des choses vraiment utile.

« Si tu veux, on pourra jouer à l'infirmière »

Je trouve ça tellement ridicule à dire que ça me fait un peu glousser, même si je suis sûre de l'intérêt de Maya en le prenant dans ce sens-là. Elle s'enquiert de mon état mental, et j'avoue m'être comportement un peu bizarre avec le recul.

« Le coup à la tête sûrement. Comme si je me trouvais dans un brouillard avec du protoxyde d'azote. Va savoir »

Là, comme ça, je me sens un peu ridicule.

Quel effort celui de se retenir de rire à son évocation sur le sauvetage maritime. Ce ne serait pas bien de se moquer de sa phobie, alors je laisse couler la réflexion, un sourire contrit sur les lèvres.

« Quand je veux ? Pourquoi pas... main-te-nant ? »

Okay, ma voix est gauchement suave, j'ai probablement aucun sex appeal et mon clin d’œil a plus du ressembler à du strabisme... mais ça m'amuse de la taquiner sur ce sujet qui a l'air de le faire rougir un peu trop pour avoir l'esprit chaste.  

« Je plaisante, duh ! »

De ma main viable, je lui envoie une grosse claque dans le dos comment le ferait des bros entre eux. Je pourrais la check, même la décoiffer comme on le ferait à un kohai, mais j'arrête ma plaisanterie avant.

Merci ? C'était si peu clair ?

« C'est un composant du gaz hilarant, s'tout »

Je boude un peu. Pas parce qu'elle me vanne sur la dureté de mon crâne, ou l'absence de matière contenu... enfin, un peu si. Et si je lui donnais un coup de tête pour tester sa résistance ? Là d'un coup, c'est déjà bien moins amusant !

« On va au rassemblement maintenant ou tu veux faire autre chose avant ? »

Mais que faire exactement là ? TU DU DUM.

Voilà, elle a sauté les deux pieds joints dans ma blague. Je ne peux m'empêcher de pouffer avec un air victorieux sur le visage. Je peux lui faire tourner la tête si facilement, c'en est drôle.

Alors quand elle engage le mode vengeance, en prenant ma main et en me poussant contre la porte, je perds mon sourire triomphant. Ses lèvres parcourt doucement la peau si sensible de mon cou, où chaque attaque me fait terriblement frissonner et perdre un peu pied.

Difficilement en train de lutter, un point d'exclamation pop dans ma tête. Là, clouée contre la porte à sa merci, la sonnette d'alarme retentit  :

« A-atta... S-s-s-i quelqu'un essaye d'entrer, on va tomber toutes les deux »

Ce n'est pas une défaite, je ne lui demande pas d'arrêter ni même la supplier. Je ne cherche pas non plus à me dégager, le mouvement doit venir d'elle, comme signe d'égalité, et aussi un signe de paix et de responsabilité pour une fois prises.

Ou si elle veut se rétamer, alors là... I'm out.

Où commence, où finit la vengeance ? Prise à mon propre jeu, je sens la porte dans mon dos. Il suffirait d'une seule impulsion pour nous faire sortir en catastrophe, et me délivrer de son emprise.

Je l'ai provoqué avec cette histoire d'infirmière, payant maintenant les conséquences. Elle se plaque un peu plus contre moi, et je sens à peine sa poitrine faire pression sur la mienne. Ce serait même plutôt contraire, mais j'essaye de ne pas y penser.

Si ça ne me plaît pas ?

Mes yeux croisent ceux de ma petite amie, et mon cœur se met à battre à tout rompre. La gorge nouée, je bats à plusieurs reprises des paupières, et dans une dernière tentative de garder le contrôle, je lève la tête vers l'arrière, avant de contre attaquer.  

De ma main valide, je saisis le menton de Maya. Sans la lâcher, ma langue glisse entre ses lèvres, perçant ainsi ses défenses, m'emparant d'elle avec volupté. La caresse est tiède, délicieuse, dans ce moment éphémère. Je nous défais de cette étreinte, et me tourne vers la porte.

C'était une forme de réponse silencieuse.

« On doit aller au rassemblement »

Un moui loin d'être optimiste est exprimée par Maya. On pourrait rester là encore un petit, à  flirter, à oiseler sur tout et rien. Alors que je me tourne vers la porte, pour l'ouvrir, sa question me rappelle à elle.

« Oui, j'étais sérieuse... mais peut-être pas dans ton sens à toi »

À nouveau, elle dit ne pas vouloir me forcer, ce qui depuis le début de notre relation, laisse un goût amère dans ma bouche. Même si parfois, nos séances de bisous sont enfiévrés... je n'ai jamais été attiré par l'acte en lui-même. Peut-être que je suis d'une certaine sexualité, c'était quoi déjà... demi-sexuelle ?

Ou peut-être pire encore, je serais asexuelle ? Ça tourne dans ma tête depuis quelques temps, à force d'avancer dans notre relation. A part de la déception, comment le prendrait-elle ? Si ça se relève être vrai, m'en voudra-t-elle ? Je me triture trop le cerveau. Bref.

Je soupire. On a déjà eu cette conversation, alors je lui répéte :

« J'aime beaucoup nos câlins, mais je suis moins friande des bisous »

Mes yeux croisent son regard un peu perdu, presque inquiet :

« Je ne me retiens pas... c'est juste... que... c'est juste compliqué pour moi... Désolée »

Ce n'est pas le bon moment pour en parler.