[FB] We can... Do it ?

La vie quotidienne au lycée de Kobe était souvent rythmée par des activités et des responsabilités diverses. Pour Kazane, l'énergie qu'elle déployait dans son engagement envers ses amis, le club de natation et les autres aspects de sa vie quotidienne n'était pas sans conséquences sur sa charge de travail. Les cours de chimie et de physique, bien que fascinants pour certains, représentaient pour elle un défi constant car lié aux mathématique qu'elle détestait.

Un jour, la demoiselle découvrit qu'elle devait travailler en groupe avec un certain Yulian Kristianov, un garçon qu'elle connaissait à peine. Il se distinguait par son attitude discrète et réservée.
Au début, Mitsugu ne prêtait pas vraiment attention à son comportement, car elle avait tendance à se concentrer sur ses propres affaires. Cependant, au fil des jours, elle réalisa que Yulian l'évitait soigneusement dans les couloirs, en classe et même lorsqu'ils se croisaient dans la cantine. La situation commençait à agacer la fille de Tsushima, qui préférait la franchise à l'évitement.

Néanmoins, elle n'était pas du genre à forcer les choses. Si Yulian ne souhaitait pas collaborer avec elle, elle pouvait très bien accomplir le travail seule. Elle avait toujours réussi à s'en sortir de cette manière. L'idée de travailler en solitaire ne la dérangeait pas, mais le mystère derrière le comportement du gaijin la frustrait.

Un jour, après les cours, Kazane ouvrit son casier pour y trouver une surprise. Un bref mot griffonné sur un coin de feuille déchirée lui indiquait de se rendre après les cours à la salle d'étude.
Le mystérieux message était surement écrit par la main de Yulian Kristianov. Kazane se demandait ce qu'il pouvait bien vouloir après ses nombreuses esquives, mais la curiosité l'emporta sur l'agacement.

La jeune-femme laissa échapper un soupir las en consultant son emploi du temps et en constatant qu'elle devait travailler sur la physique et la chimie avec Yulian. L'idée de manquer une séance de natation, qu'elle affectionnait particulièrement, la contrariait.
Ces matières n'étaient pas ses favorites, et elle préférait de loin l'eau chlorée de la piscine aux équations complexes.

-« Encore de la physique et de la chimie...»

Marmonna-t-elle pour elle-même, son visage affichant une pointe de déception. Elle avait l'habitude de donner le meilleur d'elle-même dans chaque activité, mais ces matières semblaient lui résister.

La séance de natation aurait été une pause bienvenue dans son emploi du temps chargé, mais elle se rappela rapidement qu'elle ne pouvait pas se permettre de négliger ses responsabilités académiques. C'était une année cruciale, et elle devait faire face à ses faiblesses pour réussir.

Elle décida alors de se rendre à la salle d'étude après avoir rangé ses affaires dans son sac.

Lorsqu'elle entra dans la salle, elle y trouva Yulian, les cheveux blonds en bataille, assis dans un coin, visiblement en train de somnoler.
La jeune femme s'approcha de lui d'un pas décidé. Elle s'installa devant lui, posant son sac à main sur ses genoux et commença à fouiller à l'intérieur. Elle en sortit une trousse, quelques feuilles et deux canettes de coca.

Une fois tout son matériel posé sur la tabble, la lycéenne posa son sac à main à côté d'elle et se pencha légèrement au-dessus de la table. Avec délicatesse, elle tendit la main et toucha légèrement l'épaule de Ylian, secouant doucement le jeune homme afin de le réveiller.

-« Kristianov-san...»

Murmura-t-elle doucement, sa voix empreinte de patience.

-« Kristianov-san... Je sais que tu n'as pas envie de bosser avec moi, je t'ai vu m'éviter... ça te dit, on fait ça vite aujourd'hui et on en parle plus... Je t'ai apporté du coca si tu veux, pour nous rebooster. »

Sa voix était calme mais déterminée, tout comme ses yeux fixant le jeune homme. Kazane espérait éclaircir la situation et peut-être changer le cours de leur collaboration.

Kazane écoutait attentivement la réponse de Yulian, notant la franchise dans ses paroles. Elle comprenait que tout le monde avait ses préférences en matière de travail, et elle ne voulait pas le forcer à changer ses habitudes. Lorsqu'il mentionna son aversion pour les travaux de groupe, elle hocha simplement la tête.

-« Kristianov-san, je ne l'ai pas pris pour moi... J'apprécie ta franchise. »

La franchise était une qualité que la demoiselle appréciait chez les personnes. Elle préférait la transparence à l'évitement, la sincérité aux faux-semblants.

Pour l'adolescente, Yulian Kristianov était une énigme à plusieurs égards.
Bien qu'ils se soient rarement adressé la parole, elle le percevait comme un Russe réservé, un jeune homme de peu de mots. Cette réserve apparente créait autour de lui une aura de mystère qui suscitait la curiosité de la jeune Japonaise... Certains le trouvaient menaçant, mais comme toujours, Kazane n'avait point peur d'autrui et sa franchise était à ses yeux une grande qualité.

Elle attendit que le jeune homme finisse de sortir de son sac le sujet, un bloc note et une trousse. Juste le minimum pour travailler. Très vite, il parcourut le premier sujet qui portait sur la physique. Yulian releva finalement le regard et commença à poser des questions pour organiser la suite du travail.

-« Bon, t'es forte en physique ? En chimie ? Les deux ? Aucun ? Et tu veux qu'on travaille comment ? On se répartit les exos ?»

Kazane eut un sourire las et soupira avant de répondre à son interlocuteur :

-« Je me débrouille en Chimie, mais je me noie en physique.... Je suis nulle en math, donc ça suit... »

Elle plongea ses yeux marrons dans le regard de Yulian et lui dit :

-« Kristianov-san, je te propose qu'on divise le travail en deux. Si tu préfères la Chimie, je te la laisse et je m'acharne sur la physique... De toute façon, je passe mes nuits dessus... Ou on fait l'inverse si tu préfères... Les deux me vont. »

Kazane eut un rire amer et s'étira avant de prendre en main son stylo à la coque bleue unie.

Mitsugu se remémora avec une pointe de nostalgie les moments d'étude passés avec Alya.
La jeune Britannique, toujours pleine d'énergie et d'enthousiasme pour aider sa meilleure amie, s'efforçait avec le peu de patience qu'elle avait de faire comprendre à sa meilleure amie japonaise les principes complexes de la physique.

C'étaient des instants teintés de rires, de tentatives maladroites et d'explications souvent accompagnées de gestes exagérés... Mais c'étaient de bons moments et la fille de Tsushima avait vu sa moyenne quelque peu remonté depuis l'aide de sa meilleure amie...

Kazane eut un rire amer et s'étira avant de prendre en main son stylo à la coque bleue unie. Elle attendit la réponse de Yulian, espérant que cette proposition allégerait un peu l'atmosphère.

Elle attendait la réponse de Yulian, espérant que cette proposition allégerait un peu l'atmosphère.

Dès que Yulian accepta de travailler sur les exercices de physique, Kazane haussa légèrement les épaules, un léger sourire reconnaissant illuminant ses traits. Dans un murmure empreint de gratitude, elle lui dit  :

-« Merci Kristianov-san. »

Mitsugu se plongea directement dans les exercices de chimie, son regard se concentrant sur les énoncés qui ornaient les feuilles. Les premiers instants furent marqués par une légère hésitation, dès le début,  la matière résistait un peu.
Cependant, les enseignements prodigués par Alya et Shinji lors de leurs séances particulières commencèrent à porter leurs fruits.

Peu à peu, les concepts chimiques qui semblaient jadis obscurs à la demoiselle avaient trouvés une clarté nouvelle.
Les éclaircissements accumulés au fil des leçons particulières s'insinuèrent dans sa compréhension, et elle parvint à résoudre avec succès la plupart des exercices qui se dressaient devant elle.
Cependant,quelques-uns, plus retors, résistaient encore, mais Kazane les aborda avec une détermination tranquille.

Son stylo traçait des lignes fluides et élégantes sur le papier. L'écriture, d'un bleu profond, semblait danser au gré de ses pensées. Chaque mot, chaque équation étaient soigneusement formulés afin de rendre un travail le plus propre possible.

Malgré les obstacles, la lycéenne poursuivait son travail avec détermination. Ses yeux scrutaient attentivement les exercices, son esprit assimilant les concepts, et sa main les traduisant en un langage écrit.

Alors que son stylot dansait doucement sur la feuille, l'harmonie studieuse fut brisée par les mots de Yulian.

-« Sérieux... Qu'est-ce qu'on en a foutre ? Est-ce que ça va me servir de savoir décrire le mouvement d'un scooter selon le pilote, le papi qui promène son chien et la voiture qui arrive en face ? »

Mitsugu posa délicatement son stylo sur le bureau, arborant un sourire amusé. Elle s'affaissa ensuite sur sa chaise, laissant échapper un soupir, ses yeux marrons, ternit par l'effort et la fatigue se posèrent sur Yulian, son camarade d'infortune.

-« À moins que tu ne rêves de devenir cosmonaute ou de lancer des satellites dans l'espace, je crains que cela ne serve strictement à rien. »

Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle ajoutait :

-« Certains de ces exercices sont un peu absurdes, je te l'accorde. »

Observant Yulian avec un air entendu, Kazane proposa :

-« Tu veux qu'on échange ? J'ai bien avancé, mais certains exercices me résistent encore. A mon tour de souffrir. »

La demoiselle prit la canette de Coca posée à côté d'elle, d'un geste sec, elle en tira l'anneau métallique avec un petit "clac" distinctif. Un léger son de pétillement s'échappa de la conserve.
La jeune femme porta la canette à ses lèvres, ses yeux en amande fixés sur un point invisible. Une gorgée régulière, le liquide effervescent glissant le long de sa gorge.

-« Au pire, je finirais ça ce soir sur le toit aahaha. Parfois, je réussi mieux dans les cimes à l'air libre qu'ici. »

Kazane laissa échapper un soupir de frustration alors qu'elle s'écroulait sur le banc, se laissant emporter par le découragement face aux mathématiques. Enfouissant sa tête dans ses bras, elle grommela des mots à peine audibles, maudissant les équations et les théorèmes qui semblaient se moquer d'elle à chaque tournant.

Après s'être redressée lentement, la lycéenne porta la canette de coca à ses lèvres, sentant la fraîcheur pétillante couler dans sa gorge avant de la reposer doucement sur la table. Les bulles chatouillaient agréablement son palais, lui apportant un léger réconfort alors qu'elle reprenait la parole.

-« D'accord, pas de problème !»

Répondit-elle avec un léger hochement de tête, respectant le choix de Yulian de se débrouiller seul. Après tout, elle était pareil que lui à ce niveau là, préférant se débrouiller seule plutôt que de demander de l'aide à qui que ce soit.
Hormis la colère, s'il y avait bien un péché capital enseigné par le christianisme qui sied à Mitsugu, c'était bien l'oregueil qui lui collait à la peau.

Lorsque le russe mentionna également passer du temps sur le toit, les yeux de Kazane s'agrandirent dans une expression d'étonnement sincère.

-« Ah oui, toi aussi ? C'est drôle qu'on ne se soit jamais croisés. »

Elle ferma son carnet avec soin, étirant gracieusement ses muscles endoloris. Un soupire de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle retira son serre-tête pour démêler ses cheveux, puis le replaça en ajustant sa coiffure.
Tout en ajustant son serre-tête et démêlant sa chevelure noire de jais, la demoiselle se demanda intérieurement comment il était possible qu'elle n'ait jamais croisé Yulian sur le toit.

Pendant un certain temps, cet endroit était devenue son refuge, le lieu où elle se retirait chaque soir pour laisser ses pensées noires la tourmenter.
Les larmes qu'elle versait là-haut avaient l'avantage se fondre avec l'obscurité de la nuit, et pourtant, malgré ces moments de vulnérabilité, elle n'avait jamais remarqué sa présence.

Cette réalisation la surprit. Peut-être que leurs visites respectives au toit se chevauchaient rarement, ou peut-être que le hasard avait simplement choisi de les maintenir à distance l'un de l'autre. Quoi qu'il en soit, cette pensée l'interpella, lui faisant réaliser que leurs chemins pouvaient se croiser plus souvent qu'ils ne le pensaient, même sans qu'ils en aient conscience.


-«Personnellement, j'y vais vers 3 heures du matin en fait... Et toi ? »

Demanda-t-elle avec un intérêt curieux, se demandant si leurs habitudes sur le toit se croisaient à des heures si différentes que cela.