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Seito Mori
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Seito Mori
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Mar 5 Sep 2023 - 22:39
JEUDI 10 MAI 2018



Seito aimerait avoir la grâce d'un épervier et frayer ses ailes entre les masses d'air houleuses du haru-ichiban. Filer avec agilité entre les gouttes de pluie et rire au nez des pêcheurs malmenés de son cri perçant. Mais il n'est qu'un pauvre lycéen. Un simple humain que la gravité englue au sol. Pieds et poings liés. Depuis mars, il se sait différent. Pourtant rien n'a changé. Physiquement il est toujours aussi petit. Ses cheveux sont certes plus courts, son regard plus alerte, mais il n'en reste pas moins le même. Un adolescent volontaire, lesté d'un moteur diesel suranné, qui s'efforce de maintenir le rythme déjà trop soutenu de ce début de troisième année. Les erreurs de la rentrée n'ont plus lieu d'être. Il se doit à présent de cartonner, et ce tout le long de l'année. Ce qui lui demande bien évidemment un effort considérable. Pour le moment, le japonais se maintient à flot. Sauf qu'il se sent bien précaire sur son radeau de fortune. Sa réussite aux examens de deuxième année lui paraissent bien lointains et dès lors que ses pensées s'éparpillent, un sombre paquetage s'ajoute à son propre poids.

Sa différence réside tout au fond de son cœur. Elle tapisse son aorte et éclabousse copieusement toute morale. L'évincer n'est plus concevable. Dans cette mare d'amour, il a sauté à pieds joints. Et le tissu de son pantalon dégorge de tendresse boiteuse. Mathéo l'aime. Un garçon l'aime. Une personne du même sexe que lui l'aime. Cela ne devrait pas être un problème. Il ne croyait pas que cela en serait un. Parce qu'il n'y avait pas songé avant que ça lui tombe dessus. Tomber est le bon terme. Le japonais a souvent l'impression d'avoir été compacté sauvagement comme une cannette étiquetée pour le recyclage. Sauf que, même redressée, les marques de plis ne s'effacent pas. Ignorer les zébrures ne fait qu’appesantir davantage son esprit surmené. Entre les devoirs, sa candidature à la présidence du club de littérature, la gestion de la crise pabloienne, le surmenage de la crise nolanienne et sa relation mathéoienne officielle, Seito a la sensation qu'il n'a plus une seconde à lui. Et parfois, il lui arrive de dériver. En cours d'Histoire-Géographie par exemple.

Le sujet le passionnerait sûrement s'il écoutait avec attention le monologue d'Ogawa-sensei. Mais – il a pas l'temps – son esprit est ailleurs. Obnubilé par son orientation sexuelle. Il a beau fouiller dans sa mémoire, il ne se souvient pas d'un élément déclencheur. Du moins, pas dans son enfance. Un bref regard vers Pablo. S'il doit être honnête avec lui-même, les yeux de l'espagnol ont été le déclencheur tardif d'une traînée de poudre explosive. Un aveu qui ne doit jamais parvenir à ses oreilles. Pourquoi les garçons ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Il en veut à son corps de se manifester au contact des doigts de Mathéo. D'en vouloir plus lorsqu'il effleure son cou. Bon sang, il aimerait tant une approbation. Un signe, n'importe quoi, qui lui confirmerait qu'il fait le bon choix. Nolan le corrigerait sûrement en affirmant qu'il est né comme ça mais cela lui est encore plus difficile à admettre. Soudain le monde s'agite autour de lui. La fin du cours a sonné, il fourre cahier et trousse dans son sac. Puis une envie lui prend de poser une question. Une toute petite question anodine. Seito fait signe à Pablo qu'il le rejoint plus tard et bifurque vers le bureau du professeur. Arrivé à sa hauteur, il s'éclaircit la voix.

« Sensei, j'aurais une question un peu hors sujet à vous poser. »




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Dim 10 Sep 2023 - 23:16




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


Musique d'ambiance

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Voici le joli mois de mai, les manteaux on les met jamais, et tandis que le printemps refleurit des derniers frimas, les cœurs se découvrent. Il baigne dans l'air des humeurs badines, des fleurs poussées par le vent, des passades passionnées encore camouflées par la neige sur les poitrines. La rumeur enflera à mesure que la chaleur saura déshabiller les tocades en devenir, les dévoilant au grand jour, provoquant émois, amours contrariées et flirts plus ou moins galants. Le désir encore interrogé emplit l'atmosphère. Dieu, que l'on se pose trop de questions quand on a pas vingt ans. Quand on les a, ça n'est pas mieux. Le campus vibre des filtres ensorcelants, et dans les têtes, les oaristys se fraient un chemin fracassant, écrasant de rêves bleus les savoirs universitaires en peine de survie face aux flots d'ocytocine prêts à les engloutir. Yukio le sent bien, l'ambiance n'est pas propice au travail. Les bluettes enchanteresses de la saison renaissante sont trop séduisantes pour qui aime croquer la vie, et par une heureuse conjoncture, les étudiants de ses cours se sont laissés pousser les ailes d'Epicure.

Le professeur, sourit, il les envie presque. Leurs regards pensifs prêts à se détourner au moindre mouvement de tête de l'être aimé. Ils sont mignons. Rien ne sert, en pareil contexte, de leur servir du fer, du feu et du sang, ils ont soif de dilection, et ne s'abreuveront que du culte de Vénus. Dans les quelques minutes qui les séparent de la sonnerie libératrice, comment étancher leur juste dipsomanie ? Il songe, l'espace d'un instant, à leur réciter les vers de La Fontaine qui affleurent à sa conscience, et qui déjà résonnent en son esprit:


*Tout l'Univers obéit à l'Amour ;
Belle Psyché, soumettez-lui votre âme.
Les autres dieux à ce dieu font la cour,
Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme.
Des jeunes cœurs c'est le suprême bien
Aimez, aimez, tout le reste n'est rien.*


Mais fiévreux qu'ils sont de laisser éclore les pétales de leurs premières palpitations, ils ne l'écouteraient même pas. Assagi par la considération de ses propres ambitions, il se contente d'écourter son récit comme on larguerait une amarre. Avant même qu'il n'ait pu leur souhaiter de paver leur chemin de la hardiesse propre à leurs sentiments transis, la salle se vide, emportée par l'horloge trop ponctuelle. Le départ en trombe des tombereaux de jeunesse en quête d'elle-même lui laisse une ambivalente sensation de vide, tant accablante que réparatrice. Il sent son esprit se troubler comme une peinture aquarelle, et laisse les secondes s’égrainer pour mieux se ressaisir. Les yeux fermés, le noir aidant, il ne les rouvre que pour les écarquiller.

Devant lui, le jeune Mori-kun a l'air trop préoccupé pour être dans son état normal. On dirait presque qu'il se pose des questions, ce qui serait bien une première. Lui qui d'ordinaire, si prompt à foncer tête baissée, sait à peine mentir tant il vocalise ce qui lui passe par la tête, a les traits insatisfaits d'une personne en proie au doute. Que se passe-t-il Seito ? On dirait une vierge effarouchée. Un chaton bilieux se demandant si on l'emmène chez le vétérinaire, à moitié certain d'en revenir avec quelque chose en moins. Si ce n'était attendrissant, c'en serait presque drôle. En le voyant s'approcher piteusement comme un chiot qui aurait été se rouler dans les cactus, Yukio se retient. Il voudrait lui faire un câlin pour le rassurer, le petit a l'air de porter tout le malheur du monde sur ses frêles épaules. Le professeur se restreint cependant dans ses élans, et ne donne au marmiteux qu'un regard compatissant, l'écoutant dérouler sa demande penaude avec une commisération très légèrement amusée.

Pour conserver son sérieux face à la déconfiture du jeune homme, il s'éclaircit, lui aussi, la voix, et lui lance avec concentration, en laissant poindre une ironie calme et avisée:


- Approchez, jeune Seito, je perçois le trouble en vous. Des questions, vous vous posez, et des réponses, vous cherchez. Ne craignez pas de nommer vos peurs devant moi. Sur le chemin de la sagesse, je peux peut-être éclairer vos pas.

Allez Seito, accouche. Fais-le ou ne le fais pas, n'essaie pas.







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Jeu 21 Sep 2023 - 21:52
JEUDI 10 MAI 2018



Plus Seito observe le professeur, plus il se dit que c'est une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Mais qui d'autre pourrait répondre à sa question ? Car il a désespérément besoin d'une réponse. Et Ogawa-sensei lui ouvre les bras. Maintenant qu'il marche dans ce long couloir sombre, il ne peut qu'accepter cette offre de lumière. Mais il se doit, au préalable, de niveler le terrain pour éviter de se prendre les pieds dans une motte de terre. Lui qui ne prend jamais de pincettes pour parler se retrouve à devoir réellement devoir tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler.

« C'est pas vraiment un trouble... Enfin si... c'est compliqué en fait. Pas ma question. Ma question est plutôt simple. Je crois. »

Ses yeux quittent ceux du professeur, soudain embarrassé par son baragouinage. Il a beau retourner les mots dans tous les sens, aucune formulation ne permettra d'atténuer la réaction virulente que pourrait potentiellement susciter sa question. D'apparence, Ogawa-sensei lui apparaît rigide bien que fondamentalement bienveillant. Cependant, il ne lui accorde pas la même confiance qu'à Kobayashi-sensei. Le japonais ne saurait d'ailleurs pas dire pour quelle raison il n'est pas allé poser sa question au professeur d'arts. Peut-être parce qu'il l'a aidé à sortir du guêpier dans lequel il s'était fourré, peut-être parce qu'il a rencontré son fils, peut-être parce qu'il représente la figure paternelle qu'il aurait aimé avoir. Et, par crainte d'être rejeté pour sa question farfelue, son cerveau a exclu la possibilité de se confier à cet adulte. Si Kobayashi apprenait qu'il aime les garçons, en serait-il déçu ? Déciderait-il de ne plus lui accorder autant d'attention ? Cette simple pensée l'angoisse au point qu'il se décide rapidement à en venir au fait. Ou du moins, introduire la raison de sa venue à pas de loup.

« Vous savez que le sujet des samouraïs me passionne beaucoup. Si on pouvait étudier que ça en histoire, je serais tellement content. Enfin bref... J'ai lu énormément de choses à leur sujet. Et j'en découvre encore maintenant. Mais il y a une semaine, j'suis tombé sur une information que j'avais jamais vu. Comme si c'était une information un peu cachée. En même temps, c'est pas... anodin. »

Le mot lui avait sauté au visage sans explication. Et sa curiosité y avait répondu avec une telle sagacité qu'il s'était empressé de taper le mot dans la barre de recherche de son téléphone. Là, devant ses yeux ébahis, il avait découvert un pan insoupçonné du monde des samouraïs. Un revers de la médaille qu'il n'aurait jamais pu imaginer tant il paraît surréaliste. L'espace de quelques secondes, il avait cru à une boutade. Un premier avril douteux qui aurait traversé les années. Mais à mesure que les sites défilaient, Seito avait plongé dans un trouble – finalement, le professeur tenait le mot juste depuis le début – labyrinthique. Nerveusement, ses doigts trafiquent avec les lanières de son sac, pendant mollement de part et d'autre de son torse. Puis il inspire. Courage, ce n'est qu'une toute petite question de rien du tout, se persuade-t-il du mieux qu'il peut.

« Est-ce que les samouraïs suivaient vraiment les principes du shūdō ? »




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Mar 17 Oct 2023 - 23:09




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


Musique d'ambiance

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Yukio resta interdit durant une très longue seconde, immobile et coi. De l'extérieur, il donnait cette étrange impression d'être entré dans un cycle de mise à jour Windows, ou d'avoir perdu toute connexion au réseau. Lorsqu'un mouvement se dessina enfin sur son visage, il ne fit que froncer légèrement ses yeux, qui soit dit en passant pointaient dans le vide. A l'image d'un homme doutant du tissu même de la réalité, il semblait soupçonner le défilement des chiffres de la matrice. De tous les plans de l’existence du multivers, celui-ci commençait à prendre une tournure assez désagréable. La drolatique burlesque d’une situation grotesque pouvait autant épicer la vie d’un homme que les plus grandes des aventures, mais à force de répétition, la situation devenait plus risible que distrayante, et il ne comptait déjà plus le nombre de fois où la vie, ces derniers mois, l’avait plongé dans le bain d’une perplexité embarrassante.

D’autres que lui se trouvaient-ils basculés, au détour d’une journée sans nuages, et sans aucun avertissement, dans des abîmes emplis de confusion ? Pour sûr, de tous les hommes présents sur Terre, par delà les ères et les continents, il se trouvait être celui sur qui la Providence, narquoise, caustique, mesquine, avait choisi de faire choir son quota de maléfices. De gêne en gêne, et sans même revoir l’Italie, il voletait, comme un papillon maudit par une foudre persécutrice, aiguillonnant sur lui des essaims de questions appelant en réponse contorsions langagières et constipations verbales.

Mai ne faisait pas figure de trêve, et Seito, en héraut de toute une jeunesse impertinente, venait de le lui rappeler avec une candeur plus que coupable. S’il en avait fallu un pour tenter cette improbable acrobatie, ça n’aurait pu être que lui. On avait là affaire à un professionnel, à un esthète, à un acrobate du malaise. Pour ce qui s’agit de plonger les pieds dans le plat jusqu’au genou, le gars n’était pas un spécialiste, c’était LE spécialiste. Une référence, une pointure dans son domaine, un visionnaire candidat à l’antonomase.

Yukio posa un œil instigateur sur son élève, comme pour le jauger avec profondeur, sans rencontrer un quelconque succès : impossible de savoir si Seito était le plus pur des innocents, ou un troll de génie. L’espace d’un instant, il envisagea de feindre l’ignorance, mais face à la bouille naïve de l’adolescent qui lui faisait face, et à sa propre culpabilité potentielle, il renonça.

Une goutte de sueur sur le front, le professeur commença à ouvrir la bouche. Au dernier moment, dans un réflexe assez futile, il jeta une œillade alentours, pour s’assurer de l’absence de toute oreille indiscrète qui n’aurait pas eu la bonne idée de vider la salle. Précaution inutile autant que rassurante. En choisissant ses mots avec tant de précautions qu’il en venait à les chercher en bafouillant, il tenta de camoufler sa surprise et de répondre à son étudiant :


- Votre question est…intéressante et… et elle appelle une certaine réflexion… Voyez, le shudo, c’est un sujet complexe… Et puis vous dites « les samouraïs », « les samouraïs », mais ça aussi c’est un sujet à part entière voyez… Par exemple, la notion de ce qu’est samouraï évolue avec les époques, et même historiographiquement, la définition du samouraï est sujette à controverses, et c’est peut-être d’ailleurs pour ça qu’il vaut mieux parler des samouraïs que du samouraï… Il y a là une pluralité de fonctions sociales qui est gommée par le fait de considérer la chose avec trop d’unicité… Non moi vous savez… Si je peux vous éclairer… Avec le regard de l’historien, je veux dire, c’est sur le temps long… Il faut réinscrire la notion dans le temps long pour la recontextualiser, je crois que c’est le plus judicieux à faire.

Yukio se sentait un peu sale, il avait l’impression d’avoir bidouillé une intervention de colloque universitaire un lendemain de beuverie. Ce n’était ni éclairant ni pertinent, et ça donnait à peine le change. Encore une fois affecté d’un sentiment coupable, il se contraignit à entrer un peu plus dans les détails :

- Hmmm, bon vous êtes un grand garçon Seito, alors je vais essayer d’être clair. Vous voyez des fois, quand deux samouraïs s’apprécient beaucoup, qu’ils s’entraînent tous les deux, qu’ils guerroient beaucoup ensemble, bon, bah des fois ils se font des câlins, et puis de plus en plus, et puis après, ils se font des câlins mais sans leur armure. Et puis après, des fois, il y en a un qui meure à la guerre, et l’autre samouraï est très très triste. Alors le samouraï qui est encore là, appelons le Junichi, comprend le caractère profondément éphémère de la vie, qui peut s’interrompre à tout moment, le fil d’un sabre étant plus tranchant que celui de l’existence. Alors Junichi, fort de de ses réflexions, et soucieux de laisser dans le monde des vivants une trace de son passage sur Terre, décide de prendre un apprenti de tout juste 18 ans, on a qu’à l’appeler Ako. Pendant des mois, Junichi apprend tout ce qu’il y a à savoir à Ako, en étant un maître dur mais juste. Mais voilà, les jours passant, Junichi devient de plus en plus troublé, car Ako, tant par son caractère que par la bienveillance de son sourire, lui rappelle son défunt ami, celui avec lequel il faisait beaucoup de câlins, alors Junichi, pour ne pas souffrir, décide de partir seul dans la montagne, esseulé par le poids de l’âge et de ses sentiments. Arrivé au sommet de sa retraite spirituelle, et alors que la pluie s’est mise à tomber, il s’effondre, accablé, et alors qu’il regarde vers le ciel, comme prêt à rejoindre les esprits avec la dignité contenue du guerrier philosophe, il se rend compte qu’Ako l’a suivi. En fait, Ako l’aimait en secret, et voyant Junichi prêt à céder, il font en larmes, et lui avoue son amour. Alors, Ako et Junichi se mettent à se faire des câlins aussi.

Il fit une pause, et se rendant compte qu’il avait plus dérivé qu’un galion espagnol à l’aperçu des côtes islandaises, reprit plus sérieusement :

- Bon, en vrai, c’est quand même un peu gênant, parce qu’Ako, des fois, il est un peu beaucoup jeune quoi, mais à l’époque, on avait pas importé le droit pénal, et c’était plutôt accepté dans les mœurs. Si je dois apporter une réponse rigoureuse à votre question initiale, elle pourrait être la suivante : certains samouraïs pratiquaient bien le shudo, mais pas tous, et pas à toutes les époques, et dans des contextes socio-culturels substantiellement différents du nôtre. Le phénomène est en partie à distinguer des relations homoérotiques plus classiques, assez communes au Japon avant le XIXème siècle.

Il termina sa phrase un peu exténué, et avec une attitude implorante. Il passait un très mauvais moment.







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Mer 1 Nov 2023 - 18:30
JEUDI 10 MAI 2018



Seito ne s'attendait pas à grand-chose. A trois mots sans intérêt, une tape sur l'épaule et il s'en serait allé, las et désabusé. En proie à ses doutes les plus déstabilisants. Il craint que la morale l'assomme de tout son professorat et qu'il soit catalogué comme la pire engeance d'adolescents libidineux que la Terre ait porté. Sa question est idiote. Ses angoisses sont stupides. Pour autant il ne parvient pas à faire la part des choses. Aimer un garçon est un cas d'école auquel il aurait aimé ne jamais être soumis. Devant le fait accompli, il navigue entre l'évidence et l'impossible. A se questionner sur ce que sa vie serait s'il n'était pas aussi détraqué. Dans son lit, le soir dans le noir, il s'est demandé ce qu'il serait advenu s'il avait accepté sa sentence divine. Accepter sa sœur dès le départ lui aurait-il conféré un passe-droit ? Plus il s'escrime à repousser les vagues, plus il se noie. Il lui semble que tout ce qu'il entreprend est un entrelacs de difficultés que tout seul il a bien du mal à démêler. Alors peut-être. Peut-être que cette fois-ci, il peut s'autoriser de l'aide. Un adulte doit savoir sur quel fil tirer pour enrouler correctement la pelote.

Il est donc inattendu que l'adulte, choisi spécialement pour son sérieux à toute épreuve, ait recours à l'explication la plus enfantine qui soit pour traiter le sujet de l'homosexualité. Car, disons les termes, le shūdō est une pratique homosexuelle. Et il n'y a pas que Junichi et Ako qui la pratiquaient de ce qu'il comprend. Le problème est que Seito a justement du mal à poser des mots sur ce qu'il ressent. S'affirmer en tant que gay est un combat qu'il n'est pas certain de vouloir mener. La sensation d'être cloisonné dans une catégorie isolée l'effraie. Tant d'étiquettes lui collent déjà à la peau. Destructeur. Feignant. Trouble-fête. Égoïste. Le japonais se perd entre ces adjectifs et craint, trop souvent, d'être écrasé par le poids qui leur incombent. Et si le positif ne lui effleure pas l'esprit, c'est bien parce qu'il croit ne pas encore le mériter. Il s'y essaye à tâtons. Son cœur vibre aux côtés de Mathéo, si fort qu'il lui est arrivé de garder ses distances pour ne pas avoir à traiter ces émotions qui chiffonnent son être malmené.

Même s'il reconnaît apprécier énormément Mathéo, Seito est inquiet de leurs choix. Était-il nécessaire qu'ils soient ensemble ? D'autant qu'ils ne peuvent l'afficher publiquement. Alors à quoi cela sert-il d'officialiser leur couple ? Si Mathéo ne lui avait pas avoué son amour, Seito ne se serait jamais exposé sur le champ de bataille. Il serait resté dans les tranchées, bien à l'abri. Observateur curieux. Il aurait pu survivre de regards et d'échanges sucrés. Ajouter l'aspect physique n'était pas indispensable. Du moins c'est ce qu'il croyait avant que ses lèvres échouent sur celles du senpai. Derrière le rideau de la peur se cachait un monde voluptueux. Mais l'aurait-il écarté si la dégustation de bonbons en était restée là. A une simple dégustation de bonbons. Quel goût aurait eu les bonbons à la violette sans la langue de Mathéo ? Le japonais n'a jamais autant craint l'abandon qu'en cet instant. Vivre en exil ne lui est plus possible. C'est de leur faute à eux tous, de lui avoir donné de l'amour. Le professeur est bien gentil mais les amourettes de Junichi ne répondent pas à sa problématique actuelle. Alors il relance :

« Mais du coup... historio- euh... graphiquement, à... à notre époque... c'est toujours OK ? »

Si Ogawa-sensei lui disait oui, se sentirait-il plus léger ? Il l'espère. Aussi puérile que soit cette histoire, Seito se projette dans les turpitudes de Junichi. Le caractère profondément éphémère de la vie, il le connaît bien. La chaleur entre ses bras l'avait quittée avant que Mathéo la comble. Mais si une figure d'autorité, autre que ses parents, lui disaient que c'est mal, il serait contraint de devoir couper les ponts. De revenir à une vie de mensonges et d'appréhension plus violente encore que celle qui l'étreint à l'heure actuelle. Suivant les pas de ces samouraïs, il pose une nouvelle question :

« Si Junichi vivait en 2018, est-ce qu'il aurait... est-ce qu'il pourrait aimer Ako ? »




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Mer 17 Jan 2024 - 22:38




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


Musique d'ambiance

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Yukio fronça de nouveau les sourcils, assiégé par une circonspection des plus tangibles. Le gamin n'était pas vraiment malfaisant, mais il avait ce don pour bafouiller des propos byzantins qui traduisaient eux-mêmes des volontés sibyllines. Que fallait-il comprendre entre les lignes de ces questions circonvolues, indirectes, habillées d'une curiosité académique visiblement feinte. Que pouvait-il bien se passer dans la tête de Seito qui eût pu justifier le recours à de tels artifices ? Fallait-il s'en inquiéter ? Etait-ce un accident vasculaire cérébral ? Une lubie particulière aux origines sectaires ?

Le professeur ne voyait pas bien comment s'y prendre. Il eut été ravi de coller un projecteur de 6000 watts dans les yeux du petit pour lui faire cracher le morceau qui était visiblement coincé dans sa gorge, mais ça tombait sous le coup de la loi, et l'établissement scolaire devait faire des économies d'énergie. Pour ce qu'il en restait, ça n'aurait pas forcément été une bonne idée. Le jeune aux propos suspect qui lui faisait face était déjà en proie à des troubles internes assez perceptibles, on allait garder calme, éviter de devienne fou, et ranger les potentialités de syncope dans le remise des mauvaises idées.

Puisqu'il fallait présumer, et plonger dans des eaux turbides sans savoir ce qui s'y tapissait, l'enseignant prit le parti de s'inquiéter pour le minot. Il essayait peut-être de se confier sur des choses pas bien drôles, alors on allait doucement pousser le manche, et tenter l'atterrissage en douceur.

Yukio prit une voix douce, rassurante, sécurisante, et expliqua calmement:


- Seito, je vois bien que vous essayez de me dire quelque chose, et je sais à quel point il peut être compliqué de se confier, ou même de trouver le courage de parler de certaines choses.

Il se rappela d'un vieil atelier RH qu'il avait subi, sur la gestion des conflits, et intercala une petite récitation managériale d'une traite, sans même s'en rendre vraiment compte:

- Sachez que je suis là pour faire preuve d'une écoute active à votre égard, afin de prendre conscience, de manière empathique et bienveillante, de la teneur des difficultés que vous rencontrez, ainsi que des réponses émotionnelles que cela provoque en vous. Ensemble, au service d'un collectif de travail renouvelé, je suis persuadé que nous pouvons dépasser les obstacles qui nous empêcheraient de trouver l'équilibre dans la relation à notre ouvrage. Nous pouvons en discuter maintenant, ou prendre rendez-vous pour un entretien personnalisé, si vous en ressentez le besoin.

Évidemment, ça sonnait faux, et complètement hors de propos, Yukio eut envie de se conspuer lui-même. Revenu d'où il était parti, le professeur entreprit de se reprendre, et de revenir à quelque chose d'un plus sincère. Il toussa pour s'éclaircir la voix, et reprit:

- Ouais bon... Ce que je veux dire, c'est que vous pouvez me parler, mais que vous ne devez pas ressentir de pression quoi... Dans tous les cas, j'essaierai de vous aider au mieux.

Il continua, soucieux :

- Je ne sais pas vraiment si Junichi aurait le droit d'aimer Ako, ça dépendrait quand même beaucoup de leurs âges respectifs. Disons que si Junichi était un adulte, comme un professeur, et Ako un élève ou un étudiant, ça pourrait poser problème oui. Dans tous les cas, personne n'aurait le droit de forcer Ako à quoi que ce soit, et Ako serait en droit d'en parler à un autre professeur de confiance, parce que ce ne serait pas sa faute, et que ce serait aux adultes de le protéger.

Il mis fin à son propos avec une interrogation:

- Cet Ako, est-ce qu'un adulte lui a fait une proposition inappropriée, ou lui a fait du mal ? Est-ce que Junichi lui a fait peur ?







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Mar 23 Jan 2024 - 13:50
JEUDI 10 MAI 2018



En effet, Seito essaie de communiquer. Par métaphore parce qu'il ne peut décemment pas mettre des mots sur la réalité des faits. Et certainement pas devant un professeur. Mais il se rend bien compte que les images peuvent être mal interprétées. Pire, que le professeur pourrait ne pas être la bonne personne pour aborder ce sujet. Il aurait mieux valu qu'il se confie à son psychologue. Quitte à être jugé, autant qu'il le soit par un professionnel. Parce qu'il sent bien qu'Ogawa est gêné. Ce qui le trouble tout autant. Ses doigts s'entrecroisent et se trifouillent, accumulant nervosité et appréhension. Le discours du sensei est froid et impersonnel. L'inspiration est morte dès l'instant où il a poussé le vice de se situer dans le présent alors qu'il n'a rien d'un samouraï. C'est idiot d'avoir rebondi sur l'exemple comme s'il y avait réellement un parallèle à faire.

Mais ce qui est encore plus idiot – et finalement, totalement fascinant – c'est cette propension qu'ont les adultes à voir le mal partout. A souiller ses propos de desseins obscurs pour la simple et bonne raison qu'ils ne comprennent pas de quoi il parle. Oui, il n'est pas clair. Mais de là à croire, ne serait-ce qu'une seconde, qu'il a été victime d'une quelconque agression. Qu'un adulte aurait... Oh... Seito dévale la pente glissante sans saisir aucune branche à laquelle se raccrocher. Et sa réception est si rude qu'il en reste comme deux ronds de flan. Le problème est qu'il n'excelle pas en confrontation et bien souvent, il en résulte des aveux, du remords et une bonne dose de colère. Sauf qu'il doit à tout prix rétablir la vérité. Ou du moins effacer ces accusations grotesques de la tête du professeur. Incrédule, il hoche vivement la tête.

« V-vous, vous avez mal compris. »

Ses doigts s'étirent puis ses poings se referment tandis qu'il prend une grande inspiration. Tout se bouscule dans sa tête où le chaos est maître.

« O-on lui a pas fait du mal. I-il va bien, j'vous assure. Junichi est pas prof. Il- »

Sa conscience lui impose le silence. Et elle fait bien car il serait capable de livrer l'identité des protagonistes, le condamnant alors à la damnation éternelle. Sa main chiffonne ses cheveux. Il souffle bruyamment. Ne peut-il pas faire comme tout le monde et souffrir en silence ? Ce besoin permanent d'être vu et entendu le fatigue. Mais c'est plus fort que lui. Par moment, l'envie de se confier est tenace. Et l'écoute n'est peut-être pas idéale mais elle est la seule dont il dispose. Son regard s'échoue sur le sol.

« Ako a peur mais pas à cause de Junichi... à cause de... ce que penseraient les gens s'ils les voyaient... parce qu'ils sont tous les deux des... »

Garçons. Et que c'est bizarre, n'est-ce pas ? Que Mathéo soit plus âgé de deux ans n'est pas le problème, qu'il soit majeur non plus. Leur sexe est la pierre angulaire de ce casse-tête. Et puis il y a cet amour dont il ne sait pas par quel bout prendre. A trop baigner dans les métaphores, le japonais regrette le concret. Comme il regrette soudain avoir mis le professeur en porte-à-faux.

« Mais vous en avez sûrement rien à faire d'Ako alors je vais vous laisser à... »

Que font les professeurs une fois que le cours est fini ? Ont-ils réellement une vie en dehors des cours et des corrections de copie ? Seito s'incline.

« Je vais vous laisser. »




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Lun 29 Jan 2024 - 21:50




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


Musique d'ambiance

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Pauvre petite chose, que ne suis-je idiot de n'avoir pas compris, ni entendu, ni même imaginé... Voir le mal partout, dans la matière de l'univers lui-même, et, plus loin, dans l'espace qui sépare les atomes. Projeter, en tout et en rien, la malfaisance supposée d'une humanité anthropophage. Laisser parler ma peur, mon angoisse. Me croire, me construire, et me vivre comme un Démocrite craintif, percevant dans le vide et le plein l'horreur, le pire, l'absurde, et finalement trébucher sur mes propres conceptions, pour mieux abattre sur qui s'accable déjà le poids de mon discours. Je devrais le savoir, pourtant: parler moins, écouter plus, et surtout, essayer de comprendre avant de broyer mes émotions dans les rouages de mes réflexions. Tout était là, devant mes oreilles, devant mes yeux. J'ai juste tellement de mal à saisir, parfois, souvent, tout le temps. Là, j'ai compris. Enfin, je crois, j'espère, et mon cœur est un peu fêlé d'avoir vu mon cerveau trainer à décrypter.

Seito est encore là, tout n'est pas perdu, mais tout reste à faire. Comprendre, certes, trouver les mots, plus compliqué. Perplexité, profonde, très profonde. S'excuser, peut-être ? C'est toujours un bon début de s'excuser, non ? Maman disait que ça ne pouvait pas faire de mal. Je suis plutôt d'accord. Pour le reste, on verra après. Avec de la chance, ça viendra tout seul. En tout cas, j'espère.

Poser la main sur l'épaule qui prend son envol, déjà tournée vers la sortie. Une main ferme, il ne faudrait pas qu'il s'échappe. Ferme, mais pas trop quand même, c'est fragile les clavicules à cet âge là.


- Mori-kun, attendez, s'il vous plait. Je... J'ai encore quelque chose à vous dire... Laissez-moi juste le temps de trouver les mots. Désolé, je suis un peu maladroit... Beaucoup même.

C'est un bon début. Enfin, c'est un début quoi. C'est déjà ça. Et maintenant ? Que faire ? Que dire ? C'est un peu triste, tout ça. Vingt-huit ans à chercher des réponses, et à en trouver, fugacement. Vingt-huit ans à se poser des questions, les mêmes que le petit, et le jour venu, être surpris quand même. A défaut de trouver les mots, ouvrir la bouche, comme un acte de foi. Y croire. Si mon encéphale reste muet, mon esprit, lui, parlera.

- Je... Seito... Je ne sais pas vraiment si je vous aide en vous disant cela, mais je crois que lorsque j'avais votre âge, ou même un peu plus jeune, je me posais des questions similaires aux vôtres. Comment dire... Mon père... Tout ça ne lui plaisait pas vraiment, alors, j'ai un peu occulté une part de moi. Aujourd'hui, j'aime à penser que je le regrette, et que je n'aurais pas dû cacher ce que je suis, ni tout ce que je peux être...

Une longue pause. Un long soupir. Une œillade au ciel.

- Seito... Aimer les garçons, ça n'a pas grand chose de grave... C'est juste... Comme ça. Tout ça, ça ne devient un problème que parce que certains considèrent que c'en est un. Évidemment, certains trouveront ça étrange, ou dégueulasse, ou sale, ou répugnant, et ceux-là, ils vous regarderont bizarrement, mais ça ne voudra pas dire qu'ils ont raison de le faire... En fait, ils n'auront pas du tout raison de le faire, mais comme les choses sont assez mal faites, ça vous fera mal quand même...

Les yeux un peu humides, la voix un peu enrouée.

- Je devais pas avoir dix ans quand j'ai compris que j'aimais aussi les garçons, alors, après ça, je crois que j'ai eu le temps de survivre à pas mal de choses. Se faire insulter, c'est pas très agréable, mais on s'y fait, je crois. Les coups, aussi, autant que je m'en souvienne. La solitude, c'est un peu plus compliqué, on la comble avec ce qu'on peut, mais je crois que ce qui cause le plus de douleur, c'est le regard des parents... Dans ce regard, il y a quelque chose d'irréversible. Une fois que les choses ont changé, elles ne peuvent plus vraiment être comme avant...

Léger toussotement, pour s'éclaircir la gorge.

- C'est un peu bête ce que je vous dis... Humpf... Ce que je veux dire, puisque vous vous posez des questions, c'est qu'il revient à chacun de faire son choix. Vous n'êtes pas obligé de dire à tout le monde ce que vous ressentez. Laisser paraitre publiquement ce que vous êtes, c'est votre décision, et personne n'a le droit de vous la voler. Vous pouvez le faire, maintenant, ou plus tard, ou jamais, selon ce que vous êtes prêt à vivre. C'est un peu de souffrance, et un peu de libération, et c'est une discussion à avoir à deux, aussi, parce qu'a priori, vous n'êtes pas tout seul...

Une grande inspiration.

- Désolé, je suis pas très utile. et sûrement pas très éloquent. J'espère que vous saurez me pardonner. Je ne suis pas très doué quand il faut sortir des effets de manche.







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Mer 31 Jan 2024 - 22:07
JEUDI 10 MAI 2018



Cette main sur son épaule le trouble autant qu'elle l'interpelle. Son épaule se crispe à son contact mais Seito n'amorce pas de mouvement pour s'échapper. Car, intimement, il espérait que le professeur ne lui en laisse pas le loisir. La stupeur relève ses sourcils alors qu'il se retourne. Il l'observe, circonspect. Son départ n'était pas pour offusquer le professeur mais à défaut de réponse, il lui fallait bien amorcer la fin de sa chute et prier pour qu'elle ne soit pas trop rude. Mais il n'ose prononcer aucun mot. Sa petite tête le dévisage de ses petits yeux. Il se sent tout chose. Comme si Ogawa-sensei allait lui révéler les arcanes d'un monde défendu. Et c'est précisément ce qu'il fait. Laissant Seito interloqué et interdit.

A mesure que les informations s'amoncellent, le japonais d'abord fuyant se fige complètement. Il ne saurait dire ce qui l'affecte le plus. Est-ce le contenu de ses aveux ou le fait que le professeur ait choisi de les lui confier ? Comme si ses propres doutes gommaient la possibilité qu'il soit malveillant et répande des rumeurs déplacées. Mais son discours résonne violemment dans sa tête. Il se souvient d'une discussion similaire avec Kobayashi-sensei. Le professeur avait lui aussi choisi de placer sa confiance en lui. Et ils n'étaient pas les seuls. Nolan et Pablo l'avaient fait. Et maintenant Mathéo. Démontrant inlassablement l'évidence que l'amour est de nouveau bel et bien présent dans sa vie.

Dommage que cet amour soit un crève-cœur. Ou que la vie soit si merdique. Car une chose est sûre, ses parents ne peuvent le savoir. Rien qu'imaginer le regard de sa mère lui compresse la poitrine. Pourtant, la fatalité a déjà frappé à sa porte. Les choses ne sont plus comme avant. Longtemps, il s'est battu avec le passé. Et du peu qu'il a essayé, il sait qu'elles ne seront jamais plus. Mais le présent est-il si dramatique ? Un garçon l'aime. Ce n'est pas ce à quoi il s'attendait, lui qui rêvais de normalité. Mais doit-il pour autant passer à côté de cette vie ? Deux mois de bonheur pour sept ans de malheur, ce n'est pas cher payé. Seito secoue la tête. Tout ça n'a rien de bête. Il est même surpris de se sentir aussi léger face à cette sincérité. Oui, le monde est moche. Rien qu'il ne sait déjà.

« Vous excusez pas Sensei. Vous avez déjà fait bien assez... bien plus que ce que je pensais. Je... Ça fait beaucoup d'un coup. »

Tellement que le japonais ne sait pas bien par où commencer. Ni même ce qu'il doit répondre. Tout a pris soudain une dimension réelle. Et dès qu'il devient trop prolixe, il est capable du pire comme du meilleur. Quand il était seul, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. Mais à deux, les perspectives s'ouvrent et alors, le moindre caillou peut rider la surface éthérée de leur monde. Il peut bien couler. Mais Mathéo ne mérite pas un tel sort. Ses dents agrippent brièvement sa lèvre inférieure. Puis il tente une amorce.

« En vrai, c'est... rassurant ? 'fin, j'veux dire, c'est pas fou c'que vous décrivez mais j'aime que vous soyez honnête avec moi. Et je... promis, je dirai rien sur c'que vous m'avez dit. »

Son regard soutient celui du professeur. Une nouvelle promesse à son actif. C'est dangereux mais nécessaire. Et puis, si ça venait à sortir, Ogawa saurait que Seito est le fautif. Il est des secrets qui méritent d'être gardés pour sa survie, du même acabit que l'existence de sa sœur. Cependant, il ne parvient pas à se détacher d'une remarque de taille. L'objet de ses nombreux ratés depuis qu'il a juré de ne pas divulguer leur relation. Sa voix se fait plus basse lorsqu'il admet :

« Des fois... j'ai envie que les gens sachent. Et des fois, j'veux tout garder pour moi. Mais ce qui me fait flipper c'est qu'un jour j'me décide et que je sois le seul à vouloir que ça se sache. »




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Yukio Ogawa
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Lun 12 Fév 2024 - 20:58




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


Musique d'ambiance

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Yukio était redescendu des collines de ses souvenirs, sa voix s'était calmée, et son regard, qui avait l'espace d'un instant porté tout le poids du monde, s'était allégé. Au fond, lui aussi trouvait agréable d'être honnête et de relâcher, même pour quelques minutes, la constante vigilance dont il s'habillait. Peser ses mots, contraindre son regard, filtrer ses réactions, conditionner les réflexes de son corps et de son esprit, on ne s'y faisait jamais vraiment, et, à la longue, il fallait bien avouer que c'était épuisant. Cette dose d'effort permanent, cette attention nerveuse qui jamais ne fléchissait, rendait à vrai dire ses journées souvent harassantes, et pour s'en remettre, il lui fallait bien les écourter. Le masque avait un poids, et le poser devant qui n'en serait pas choqué avait des vertus apaisantes.

Dans l'absolu, le professeur n'était pas certain que vivre au grand jour fusse moins exténuant. Ce que l'on gagnait d'une main, on le perdait de l'autre, et si l'on n'avait plus à contrôler son être, on avait à subir tout le reste. Les regards, les jugements, les mots, les préjugés, et parfois même la violence. Le placard était exigu, mais il était rassurant. On y faisait aucune rencontre, qu'elles fussent bonnes ou mauvaises. Pour autant, et sa situation tout autant que celle de Seito en étaient des preuves tangibles, les choses étaient loin d'être aussi binaires. Car si le placard n'était jamais bien grand, il était donné à chacun d'en choisir la porte, et toutes les portes n'étaient pas opaques et blindées. On pouvait y faire des trous, des verrières, ou même ne poser que de fins rideaux de voilage. Entre une existence nyctalope et une vie sous la pleine lumière du Soleil, il y avait bien moyen de se faire une place à l'ombre.

Yukio écouta attentivement les paroles de Seito, retrouvant dans les phrases hésitantes de son élève les échos tremblants de sa propre jeunesse. Il n'était pas bien sûr d'avoir toutes les réponses aux interrogations de l'étudiant, mais y prêter l'oreille, c'était déjà le début de quelque chose. L'enseignant avait beau vieillir, certaines énigmes restaient insolubles, et certaines solutions restaient insatisfaisantes. Désolé vieil entrepreneur, mais la question, parfois, elle n'est pas vite répondue.

Le professeur prit une grande inspiration, comme pour chercher dans l'air de quoi assembler quelques paroles, et énonça d'une voix tranquille mais irrésolue, à la manière d'un vieux sage orientalisant:


- Mori-kun, vous croyez vous torturer l'esprit avec les dilemmes d'un amour androgame, sans percevoir la nature profondément universelle de votre anxiété. Posons les choses ainsi, pour les réduire à leur essence: vous avez peur qu'à force de temps, vos désirs ne deviennent incompatibles avec ceux de celui que vous aimez. Pensez-vous que ce soit là une problématique propre aux relations unissant deux hommes ?

Il fit une pause pour laisser le temps à ses mots d'infuser l'esprit de Seito, comme s'il s'était agi de colorer une tasse d'eau chaude avec du thé, puis reprit:

- Lorsque l'on rencontre une personne, quelle qu'elle soit, et que l'on choisit de lui livrer le contenu de sa poitrine, l'on n'est jamais bien sûr que ce soit pour toujours, en vérité. Tout le monde évolue, et avec le temps, des volontés autrefois concordantes peuvent se muer en des vents contraires. Les hommes, les femmes, personne n'y échappe. Vous craignez de vouloir vivre au grand jour sans pouvoir y emmener votre partenaire, mais il en est du grand jour comme du reste. Dans cinq ans, vous voudrez peut-être partir à l'étranger, et votre partenaire lui ne le voudra pas. Dans dix ans, vous voudrez peut-être continuer à vivre chaque jour comme une aventure, et votre partenaire lui souhaitera un pavillon, et peut-être même un labrador. Dans vingt ans, vous aurez peut-être envie d'un enfant, et votre partenaire, lui, n'en voudra pas.

Il soupira longuement, comme pour s’appesantir sur ce qu'il allait finir par dire:

- Dans la vie, Seito, il faut savoir poser ses angoisses du lendemain, et profiter de la fugacité du présent. Pardonnez-moi d'être un peu tranchant, mais si ce qui vous fait peur, c'est qu'un jour, votre histoire ne prenne fin en raison de volontés respectives qui auraient pris leur indépendance, vous avez juste les appréhensions les plus banales du monde. Mettez le nez dans le guidon, et laissez au futur ce qui lui appartient. Vivez, aimez, tartinez votre cœur sur qui est prêt à vous le rendre, et le reste adviendra, tout simplement.







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Dim 18 Fév 2024 - 22:29
JEUDI 10 MAI 2018



Il n'y a rien de plus déconcertant que de réaliser que son problème est en réalité un problème connu d'un plus grand nombre. Seito l'avait déjà expérimenté avec la tristesse. Les larmes n'avaient pas seulement traversé ses joues, elles avaient creusé des milliers d'affluents. Et bien que la Terre soit peuplée de sept milliards d'individu, lorsqu'un maux l'affecte, il croit à tort être le seul à l'éprouver. Une malédiction qui l'aurait ciblée pour le faire disparaître. Parfois, il lui est arrivé de s'en persuader au point de ne pas être capable de prendre du recul en constatant que personne, et certainement pas lui, n'est un cas isolé.

Il est donc étonnant de réaliser que cette banalité est finalement une source de soulagement. Quand il s'agit de problèmes, personne ne souhaite être unique. Car alors, le problème pourrait ne jamais trouver de solution ou requerrait un excédent d'efforts dont tout un chacun se passerait sans la moindre hésitation. S'entendre dire qu'une relation homosexuelle n'est pas bien différente d'une relation hétéronormée est, dans ses oreilles, une réalité surprenante mais définitivement agréable à entendre. C'est idiot mais ses épaules s'allègent d'un poids invisible. Pourtant, le problème de leurs désirs divergents existe toujours.

Comme tous les autres problèmes qu'évoque le sensei et auxquels il n'a pas encore réfléchi. Seito baisse la tête, soudain plongé dans des scénarios farfelus. Bizarrement, son cerveau fait un blocage sur l'après. Comme s'il était impensable que sa relation avec Mathéo dure aussi longtemps. S'imaginer posséder un animal, avoir un travail, vivre ensemble, partager leurs rêves et les réaliser en se tenant la main... Non, définitivement trop troublant. Et pour cela, il lui faut croire à la possibilité qu'il puisse réellement être aimé. Que ce ne soit pas que des mots qui caressent gentiment son cœur pour mieux le poignarder derrière.

« C'est ce que j'essaye de faire. » répond-il avec le peu d'assurance dont il dispose.

En vérité, il n'a pas peur que leur relation se termine car il sait qu'elle se terminera. On le dit fataliste, il se déclare réaliste. Tôt ou tard, Mathéo réalisera que c'était une erreur. Ou Seito lui donnera les cartes nécessaires pour précipiter la chute.

« De toute façon, y'a pas de hasard. »

Seito avait parcouru le labyrinthe de sa vie dans l'espoir qu'un jour une Ariane soit au bout du fil rouge. Sauf que la fille s'était changée en garçon. Et tout son monde en avait été ébranlé. Couper le fil, il y avait songé mais à mesure que le temps passe, il sent les liens se resserrer. Vivre au présent implique de ne jamais regarder par-dessus l'épaule de l'autre. Car alors il pourrait s'apercevoir que le fil se poursuit et que son Ariane pourrait être en réalité un Minotaure qu'il aurait aimé ne jamais offusquer.

« Mais, même si tout est déjà écrit d'avance, j'ai toujours peur de découvrir la suite. Les surprises, c'est pas trop mon truc en fait. »

Le japonais souffle du nez tout en balayant ses cheveux d'une main nerveuse.




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Dim 3 Mar 2024 - 21:10




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


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Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Seito semblait traversé de sentiments contraires, et jouer de ses antagonismes internes contre lui-même, dans l'abondement d'une masse critique patiemment nourrie, et prête à exploser en flots de matière à regrets. Pour son âge, ce n'était pas forcément inhabituel, mais Yukio aurait souhaité, pour son propre bien, lui transmettre un peu de tempérance, et lui apprendre les vertus méconnues de la circonspection dans l'approche du monde. Seito ne vivait pas seulement ses émotions, il s'en consumait, comme une torche enduite d'essence gélifiée. Il brûlait, soudainement, brièvement, jusqu'à l'incandescence, avant de s'éteindre, étouffé par la combustion de son propre oxygène. C'était mignon, mais un peu inquiétant, et, surtout, il ne pourrait pas rester comme ça toute sa vie. On ne pouvait pas manquer d'exploser à la moindre embuscade de l'existence, c'était un peu trop dangereux. L'impulsivité était la plus généreuse des sources de remords, et c'était un homme capable de déclamer à la volée des diatribes catilinaires qui l'affirmait intérieurement.

Pris dans ses déconsidérations desquelles il se meurtrissait l'esprit, Mori-kun n'était peut-être pas accessible à de tels raisonnements. En animal apeuré, réduit à l'impasse au fond d'un défilé par les battues de ses propres émois submergeants, Seito aboyait, puis Seito mordait, préférant infliger des blessures plutôt que les subir. Le professeur était attristé de le voir ainsi rongé par l'appréhension et la peur de l'écorchure. En poète baudelairien, lui-même portait ses cicatrices comme autant de médailles. Du sang qui coulait de ses plaies au coeur, il savait remplir son encrier. Ce n'était pas forcément mieux, mais c'était moins hasardeux.

Il n'était pas des milliers de solutions à ce qui pouvait affecter le jeune étudiant. Il n'était qu'un remède certain au sentiment diffus d'une valeur inexistante, à la peur d'autrui, à la conviction soudée au corps que l'on n'est pas digne d'être aimé. Un remède certain, existant depuis la nuit des temps.

Yukio s'approcha de nouveau de Seito, et se pencha légèrement, pour trouver son regard, avant de lui lancer gentiment:


- Seito, je ne peux pas vraiment me permettre de vous faire un câlin, mais ce n'est pas l'envie qui m'en manque, et vous en avez besoin. Alors je vais vous expliquer calmement ce que j'aurais fait, si vous aviez été autre chose que mon élève, et ce que je vous aurais dit, aussi.

Il continua avec une voix simple et paternelle:

- D'abord, je vous aurais collé la tête contre ma poitrine en vous disant que vous avez tout à fait le droit de pleurer, que c'est normal d'être inquiet, qu'il n'y a rien de honteux à avoir peur, parce que la vie est sacrément angoissante, quand on y pense. Ensuite, je vous aurais tapoté le dessus du crâne en vous interdisant de vous dévaloriser, en vous rappelant que vous êtes quelqu'un de formidable, et que je ne l'affirme pas juste pour vous rassurer, mais tout simplement parce qu'avec le temps, j'ai appris à vous connaître. Je vous aurais glissé à l'oreille que vous êtes quelqu'un d'épatant, de courageux, de franc, de loyal, et que vos amis ont bien de la chance de vous avoir. Je vous aurais collé une pichenette pour vous réprimander, en vous enjoignant à accepter d'être heureux, plutôt que de vous morfondre en ayant peur de perdre ce que vous avez. Puis je vous aurais flanqué dehors, en vous ordonnant d'aller dire "je t'aime" à celui qui s'est trouvé assez intelligent pour comprendre que vous pouviez rendre sa vie plus lumineuse. Et après j'aurais tiré une larme, seul dans la pièce, en souriant, et en pensant au chemin que vous avez parcouru pour en arriver là.

Le professeur soupira, et posa de nouveau sa main sur l'épaule de l'adolescent, cette fois-ci de face, puis il termina son propos sur un timbre fataliste:

- Seito, tant que votre but dans la vie est de rendre heureux ceux que vous aimez, vous n'avez pas à culpabiliser d'être aimé en retour. La vie, c'est vraiment aussi simple que ça.







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Seito Mori
Elève ; en 3ème année
Seito Mori
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Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Empty Re: Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise

Sam 9 Mar 2024 - 23:38
JEUDI 10 MAI 2018



Seito relève la tête. Son visage se fige alors que ses yeux fixent le professeur. Mal à l'aise, il maintient néanmoins ce point de contact visuel. Intense. Parce que la mention d'un câlin le frappe. Pire qu'un uppercut. Il se mange l'évidence en pleine face sans pouvoir rendre le coup. Alors il absorbe. Tant et si bien qu'il se noie.

Les larmes sont de viles espionnes et débusquent le drame à des kilomètres. Jamais loin, elles embuent sa cornée dès les premiers mots du professeur. Il se déteste pour cela mais se sent incapable de les repousser. Les yeux brillants, elles ne coulent pas encore bien qu'il y soit autorisé. Ce n'est pas si simple aimerait-il lui répondre.

Mais sa gorge est nouée. Parce que son imaginaire a pris le dessus. Face à l'extrême violence de la réalité, son cerveau l'attire vers un mirage savamment illustrée. Pourtant, sa petite voix lui souffle qu'un énième mensonge pourrait bien avoir raison de lui. Il n'a pas besoin de câlin. C'est idiot et terriblement infantilisant.

Et puis Seito est un homme. Et les hommes, ça ne fait pas de câlins. Ça ne pleure pas non plus. Et ça n'aime pas les autres hommes, les hommes. Puisqu'il a déjà initié un câlin, puisqu'il a déjà pleuré de nombreuses fois, puisqu'il est attiré par les hommes, qu'advient-il de lui ? Peut-il être réellement considéré comme un homme ?

Tout tourbillonne. Bien sûr qu'il a peur. Du noir, des montres sous le lit, de la solitude, de sa sœur, de la place qu'elle occupe, de ce que pensent ses parents, de lui, de ses colères, de sa tristesse. Peur qu'elle l'écrase et qu'un jour, il ne parvienne pas à remonter la pente. Peur de ne pas être assez. De ne pas être tout court. D'être le rien d'un moins que rien.

Le sensei ne connaît pas son parcours. Ou il n'en a que la surface inscrite sur son parcours scolaire. Des tâches plus ou moins diluées sans qu'il parvienne à relier les points pour entrevoir ce grand secret. Celui qui a forgé son estime de soi avant de la briser. Dans la bouche de ses parents, il n'a jamais été formidable. Turbulent, colérique, épuisant mais jamais formidable.

Mais il a raison. La franchise et la loyauté sont des qualités qu'il croit détenir. Cependant, il aimerait rétorquer que l'inverse est plus vrai encore. Il a bien de la chance d'avoir des amis. Sans eux, il n'ose imaginer l'état délétère dans lequel il se trouverait à présent. Et pourtant, c'est à peine s'ils le connaissent. Ses cachotteries finiront par lui sauter à la figure.

Parce qu'il préfère dynamiter son bonheur plutôt que de laisser les autres le faire. Et même si aucun signe ne le prouve, il anticipe les pertes. En ne prévoyant pas d'avenir, il ne peut souffrir d'aucun imprévu. Si la chute est l'éternelle finalité, il se jette volontiers dans le vide. Et tant pis si aucune paire d'ailes ne lui pousse dans le dos.

Ses pupilles brillent davantage face à ce je t'aime si simplement déclamé. Ces trois mots, de par leur banalité effrayante, lui soulèvent le cœur. C'est trop tôt. Ce n'est pas de l'amour. Pas du sien en tout cas. De l'affection tout au plus. Qu'il lui rend du mieux qu'il peut. C'est mieux que rien. Rien, c'est mieux que lui. Le serpent se mord la queue.

Cette larme, le professeur n'est pas le seul à la percevoir. Elle oscille entre deux réalités, entre deux joues. Mais il coupe court à sa tergiversation. Ni la réalité ni l'imaginaire ne lui conviennent. Car dans les deux, il réalise avoir désespérément besoin de ce câlin. Alors, avant qu'elle ne s'échappe, il en essuie toute trace d'un bref revers de la main. Puis il répond timidement :

« Merci pour ce câlin. »

Sans plus attendre, il s'incline. Volontairement bas pour lui exprimer toute sa reconnaissance. Le japonais mentionne ses amis qui doivent sûrement l'attendre. Et puis, à deux doigts de quitter la classe, il marque un temps d'arrêt. Sans se retourner complètement, il pose un regard charbonneux sur Ogawa-sensei.

« J'ai pas encore parcouru assez de chemin pour que vous versiez une larme pour moi. Mais la vie qu'vous décrivez a l'air sympa. »

Il incline la tête, simplement. Passe l'encadrement de la porte, simplement. Croire en cette vie, en toute simplicité, c'est peut-être plus simple qu'il n'y paraît.




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Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise 75366_s
Comme un jour sans lumière | Ou un orage sans éclair | Emerger sans toi n'aura aucun sens.
Une route pleine de dangers, on adhère, alors... | Risquons tout pour s'accorder cette chance.
Yukio Ogawa
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Yukio Ogawa

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Empty Re: Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise

Lun 25 Mar 2024 - 23:36




Lâcher prise, c'est facile à dire, et difficile à faire
Jeudi 10 mai 2018


Musique d'ambiance

Il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise Seito10

Le moment finit toujours par arriver où l'on se retrouve seul, dans la pièce, à se demander si l'on a ajouté au malheur du monde. Seito est parti, un peu précipitamment, et je reste suspendu, sur le fil du silence, sans savoir si j'ai dévalé un propos un tant soit peu pertinent ou utile. L'était perturbé, le gamin, ça poinçonne le tissu de la réalité comme un coup de pistolet pneumatique, et je sais jamais vraiment comment gérer ces choses là. C'est pas que je sois malveillant, bien au contraire, mais j'ai jamais su me dépatouiller avec les émotions d'autrui. Quand on me les refile, je les garde dans les mains, sans savoir qu'en faire, un peu comme si on m'avait donné une bible manuscrite en araméen. Ouais, c'est ça, une bible manuscrite en araméen. C'est joli, c'est précieux, c'est sûrement très important, mais bordel qu'est-ce que vous voulez que je brasse avec ça ? J'arrive déjà pas bien à entraver mes sentiments, alors bon, ceux des autres. J'arrive jamais vraiment à estimer si j'ai eu une réaction appropriée, ou si j'ai donné un conseil adapté.

Des fois, je crois que j'aimerais bien que les gens aient des feux tricolores à côté de leur nom, et si je donne la bonne réponse qui leur retire leur problème, paf, ça passe au vert. Ce serait pratique. Les gens pourraient aussi juste me dire explicitement « Oui, Yukio, je comprends que l’intégration durant mes socialisations primaires et secondaires de normes de genre hétérocentrées et patriarcales m’empêche d’avoir un rapport apaisé à mes désirs et perturbe mon processus de construction identitaire ». Ou bien « Oui Yukio, tu m'as ouvert les yeux sur l’aspect profondément délétère pour ma propre santé mentale de mon attachement inconsidéré aux injonctions irréfléchies d’autrui ». Ou encore « Oui Yukio, j’ai compris que la projection de mes propres insécurités sur mon partenaire m’empêche de construire une relation de couple fondée sur le témoignage d’une affection sincère et le partage d’une confiance mutuelle. », mais non, évidemment, c’est trop compliqué.

Il a dit merci, ça veut dire que ça ne doit pas être si nul que ça, ce que j'ai dit. Enfin j'espère. Dans la vie, je voudrais bien juste faire des câlins aux gens qui ont de la peine, et que ça suffise à tout régler. Les gens, souvent, ils s'effondrent sous le poids de leurs propres inquiétudes, c’est triste. Ils ploient sous le poids d’une petite plume, et il faut que quelqu'un d'autre leur souffle dessus pour qu'elle s'envole.

Les gens s’en font vraiment tout un tableau, du fait d’aimer les hommes. Depuis le temps que ça déchaîne les passions, on a toujours pas trouvé ce qui était vraiment dérangeant là-dedans. Comme dirait l’autre, y’en a qu’ont l’air de penser qu’avoir du vide dans la tête peut leur meubler les coquilles. Il faut, en vérité, avoir bien du temps à perdre, pour se soucier des transports amoureux qui ne prennent pas l’autoroute de l’hétérosexualité. Un jour, peut-être, les gens se préoccuperont des vrais problèmes du monde.

La salle est vide. Mon regard résonne. Le tableau reste à effacer, et la fin de journée se teinte des bruits lointains du départ des cohortes. Les rais de lumière, passés par les fenêtres, illuminent la poussière en suspension. Le bois des tables s’étale, le vieux radiateur vibre légèrement. Le calme règne.

J’attrape l’éponge, et je la passe sur les traits de craie blanche, patiemment.

Peut-être que Gareth pourrait m’aider. Peut-être qu’il pourrait me dire lui, si je sais lire l’araméen.









#Terminé

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