Français opposés || PV Lou Takahashi

Et KAH ! Et CHAH ! Et RAPLAKALAPLA ! Lou a abandonné un club, à la rentrée. Mais pas celui de karaté ! Finalement, après des sessions de révision bien intenses, la jeune adolescente a encore besoin de ces temps, rien que pour elle, où elle relâche toute la pression. Elle aurait pu faire de la batterie. Ou bien de la peinture abstraite. Mais non. Elle, ce qui lui plaît, depuis qu’elle est tout môme, c’est l’karaté.

Elle sait plus vraiment, quand elle a commencé. Mais elle a l’impression que ce sport est avec elle depuis le tout début de sa vie. Dans son kimono, sa ceinture autour de la taille, et sur le tatami, elle n’a peur de rien.

Le karaté, c’est une arme pour tous les jours. Une arme pour la confiance, surtout. La gamine n’a jamais vraiment eu peur des autres. En fait, on pourrait même penser qu’elle n’a jamais vraiment peur de rien. Elle adore sauter de bêtise en bêtise, de blessures en blessures, tout en se relevant toujours. Et peut être qu’en fait, c’est un peu grâce à ce sport, qui lui a appris à ne jamais rester au sol, et de supporter la douleur.

Ou peut-être que c’est grâce à la chance. Lou n’a jamais eu à vivre le rejet, l’exclusion, la violence, les coups, et la baston. Malgré ses origines japonaises, elle s’est parfaitement intégrée lorsqu’elle vivait en France ; et malgré sa langue natale française, elle s’est parfaitement intégrée depuis qu’elle vit au Japon. Comme un poisson dans l’eau. Comme un caméléon sur sa branche, Lou est du genre à toujours se faire aimer.

Une chance qu’elle oublie parfois. Elle a souvent l’impression que la vie, c’est comme ça pour tout le monde. Qu’elle est simple. Qu’elle n’est pas violente. Sûrement qu’elle est un peu aveugle, ou qu’elle ne veut pas regarder ce qui se passe autour d’elle. Pourtant, elle sait, que les camarades ne sont pas toujours gentils. Tsumugi a bien parlé des remarques sur ses cheveux blonds. Et avec Maya, elle a bien discuté homophobie. D’ailleurs, c’est bien pour ça, qu’elle n’ose pas tenir la main de sa petite-copine dans la rue. Ou aussi parce que la relation est secrète. Mais sûrement qu’elle n’est pas secrète pour rien…

Mais ça, Lou, ça ne l’angoisse pas vraiment. Surtout pas après une bonne session de karaté, qui la ressource et qui lui donne envie de casser la baraque. On pourrait croire que le sport la fatigue ? Que nenni, c’est tout le contraire. Remontée à bloc, elle ne cesse néanmoins de penser à un camarade. Un tout nouveau camarade, arrivé à la rentrée.

Le pauvre, il a l’air tout le temps tout seul. Et puis il fait la tronche. Et puis il faut remédier à ça ! Peut-être qu’il est juste nul pour se faire des copains ? Alors, quand elle le voit zoner dans le batiment, en rentrant vers les dortoirs, Lou arrive devant lui grand sourire :

« Hey ! Camarde ! Le sport, ça creuse ? »

Oui, il y a mieux comme accroche, mais elle n’a pas encore beaucoup réfléchi. C’est ce qui marche le mieux pour elle. Puis, elle a faim. Et elle n’arrive à penser qu’à un bon plat chaud.

Son camarade n’est pas fait de marbre. Et quand Lou se rapproche de lui, il se transforme même en Capitaine Haddock ! Hey-oh, matelot ! Pas besoin d’être aussi vulgaire. Surtout que Lou, elle comprend tout. C’est drôle, ce qui lui reste du français. La jeune fille a grandi en région parisienne, et a tout appris dans la cour de récrée. Si elle a perdu du vocabulaire, “putain”, et “merde” sont toujours restés.  

A croire que l’insulte est la ponctuation préférée de l’Hexagone.

Lou était prête à lui répondre, à son “quoi”, quand tout à coup, le français se met au japonais. Et cette fois, dans une forme bien plus polie. Bah, girouette ! Elle le trouvait beaucoup plus rigolo quand il était insultant.

Beaucoup plus vrai aussi.

Alors, Lou a envie de rentrer dans le jeu, et elle répond, en français (bon, pas le meilleur, avec quelques approximations, mais compréhensible) :  

« J’avais en train de dire : “l’ami, le sport ça donne envie de manger !” »  

Et elle sourit, toute fière. Depuis quelques mois, elle pratique de plus en plus le français. Et elle commence à y prendre goût.

Eh bien voilà que Lou s’est encore trompé dans sa langue natale ! C’est ridicule ? Sûrement. Mais il en faut beaucoup plus pour que Lou se vexe. En fait, elle le sait, elle a perdu. Plutôt, elle ne s’est jamais vraiment intéressée à perfectionner la langue. Apprendre, c’est du travail. Et entre le restaurant de ses parents, les cours, son compte Instagram, et le karaté... Lou n’a pas vraiment le temps de travailler.  

Alors, oui. C’est dommage.

Alors, oui. Son frangin et sa frangine parlent encore bien français, eux.

Mais Lou elle préfère en rigoler. Et à plein poumons. Elle s’exclaffe quand Naoya soulève son erreur, et lui répond, joyeuse : « J’suis nulle ! »  Oh, ça, elle s’en souvient bien. Du “j’suis”. Elle ne sait pas parler français, mais elle a gardé les approximations.

« Tu veux manger toi et moi ?»

“Tous les deux” aurait été plus judicieux. Mais bon, elle se fait comprendre comme elle le peut.

S’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas retirer à Lou, c’est son expressivité. On dirait la gamine sortie tout droit de Shonen Gump. Et quand Naoya lui pose cette question, somme toute étonnante, elle ne peut s’empêcher une grimace d’incompréhension.  

« Pour pas manger seule ?»  

Il n’y a rien de plus désagréable que de manger seul. Alors oui, Lou le fait tout autant pour elle (après le club de karaté, ses copines ne sont pas toujours à la même heure qu’elle au réfectoire), que pour le rouquin. Pas besoin d’être Poirot, Sherlock, ou même Inspecteur Gadget pour comprendre que le pauvre garçon n’a pas une masse de potos.

Déjà, parce qu’il est roux.

Lou s’en fout des roux, mais elle se souvient bien des mots de Tsumugi, lorsqu’elle était encore sa colocataire. Les étrangers, aux cheveux clairs, ne sont pas toujours les bienvenues.

Mais Lou ne veut pas vraiment lui dire que c’est pour ça, parce qu’elle se doute que ça pourrait être désagréable d’être pris en pitié. Alors à la place, elle dit :

« Et parce que mon français est nul, faut je pratique.»

Mais c’est qu’il est farouche le gamin ! Wow ! Lou ne s’était jamais retrouvée avec quelqu’un aussi suspicieux de ses intentions. Depuis quand faut-il poster son CV et sa lettre de motivation afin de dîner avec un camarade ? Ce n'est pas le genre de la demoiselle qui préfère papillonner de table en table, et rencontrer de nouvelles personnes. Alors, oui. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles elle n’a pas d’amis très proches. Ou alors parce qu’à chaque fois qu’elle tisse des liens avec des filles… Elle les prend comme des grandes sœurs de substitution.

Certains ont des mommy issues.

Certains ont des daddy issues.

Lou a des grande-sœurs issues.

En réalité, elle sait que son français n’est pas si mauvais. La preuve, au club de cuisine, elle a conversé sans le moindre problème avec Futaba. Enfin, oui, ça fait longtemps maintenant. Et elle a peu pratiqué depuis. Disons que quand elle était célibataire, elle passait son temps à flirter dans la langue de Molière avec des filles de l’autre côté du globe, maintenant, elle ne le peut plus vraiment… Sinon elle se prendrait les foudres d’une demoiselle.
Enfin, elle imagine….

Et même elle espère.

« J’ai vraiment envie de te connaître, t’es mon kohai du club, on s’est jamais parlé. Et puis pour moi c’est un peu nouveau les kohai ici, l’année dernière j’étais des plus jeunes… »  

Finalement, il lâche un peu sa garde. C’est fou, quand même, Lou ne pensait pas avoir besoin de donner des arguments pour pouvoir proposer à un camarade de partager un peu de pain. Disons que la demoiselle n’est pas du genre à manger tout le temps avec les mêmes amis et ne se pose jamais la question de pourquoi et quand et comment elle veut rencontrer les gens. Alors, la nouvelle question du rouquin pourrait presque l’exaspérer. Elle ne veut pas avoir à se justifier.

« Je sais pas, pas eu l’occasion ? En tous cas l’occasion était là maintenant, donc je saute dessus. Tu sais, en réalité, j’ai pas trop de raison, c’est juste comme ça. Mais j’ai pas envie de te forcer ou quoi. »  

Elle hausse les épaules. En fait, Lou a presque envie de lâcher l’affaire. C’est difficile quelqu’un d’aussi bouché. Elle ne comprend pas. Il s’est retrouvé avec beaucoup de personnes qui lui ont refusé le repas ? Lou n’est pas familière du harcèlement, et n’y pense pour le moment pas du tout. Elle part davantage du principe que Naoya est un solitaire qu’elle dérange.

Mais sa deuxième question a pour effet de surprendre Lou. Elle pensait qu’il allait simplement s’arrêter là et peut-être même lui demander de partir, pour manger tranquillement, mais voilà qu’il essaie de la connaître. Est-ce qu’il est juste maladroit pour se faire des amis ? Ce n’est pas improbable. Bon, autant sauter sur l’occasion, elle lui répond, le plus simplement du monde :

« Je suis née en France ! J’y ai vécu jusqu’à mes 7 ans environ, et du coup mes parents n’ont pas voulu que je perde tout. Je ne prends plus de cours depuis longtemps et eux sont trop occupés pour me faire pratiquer, mais j’aimerai bien y retourner un jour… Et toi ? »

Sûrement que c’est sa langue maternelle ? Ses cheveux pourraient le laisser penser.

C’est bon ! Il s’ouvre ! ROGER, ROGER, le bonhomme s’ouvre un peu ! C’est qu’il se permet même de sourire et ça, c’est gagné ! Enfin, gagné. Lou ne joue pas à grand-chose. Elle ne voit pas la vie comme un grand jeu à gagner. Oh non. Elle se permet juste de flâner et de profiter de chaque instant. En fait, Lou est la réincarnation de Bouddha !

Enfin, peut-être que j’exagère, Ô moi, narratrice, Lou a bien ses moments d’anxiété. Ils sont de plus en plus fréquents, lorsque se rapprochent les examens. C’est que les cours lui foutent un sang d’encre. Mais quant aux relations sociales, rien de plus banal. Les gens, sont les gens. La chanceuse Lou n’a jamais eu à vivre les méchancetés de l’Homme.

Alors, maintenant que Naoya s’est ouvert, pas question de le laisser filer, et Lou continue tout sourire à s’exclamer :

« Woooow on est des inversés. »

Elle aime bien l’histoire de ce petit rouquin, qui semble tout contraire au sien. Des parents français au Japon, contre des parents japonais en France. Elle se dit que dans un monde dans lequel sa famille avait réussi à vivre sa vie, ils n’auraient jamais dû se rencontrer. Malheureusement, les Takahashi sont rentrés au Japon. Et pour Lou, ce n’est pas vraiment un secret - ni une souffrance :  

« Mes parents ont fait faillite ! » Elle le dit avec un sourire et une pêche qui peut sembler déconcertante. « Ils sont restaurateurs, et voulaient ouvrir une enseigne en France, mais j’sais pas trop, pas le bon moment ? Ou alors pas le bon endroit… En tous cas ils ont perdu trop d’sous et sont rentrés. C’est un peu triste pour eux, mais maintenant ça va mieux. J’crois que leur restaurant à Kobe marche… Correctement. »

Il y a quelques mois de cela, elle aurait pu dire s’il marchait parfaitement ou non. En fait, elle a un peu de culpabilité, Lou, au sujet du restaurant de ses parents. Avant, elle les aidait comme serveuse tous les soirs. Avec le soutien de son frère, et pour se concentrer sur ses études, elle a lâché la famille. Et elle le sait…

Ils lui en veulent un peu depuis.

Lou hausse les épaules à la question de Naoya. En fait, elle n’en sait trop rien. C’est que Lou, elle s’évite ce genre de questions. Elles prennent la tête, font des nœuds au cerveau… Personne n’a envie de se faire du mal, si ? Lou n’est pas du genre anxieuse, à ressasser sans cesse les problèmes de sa vie. Elle vivait en France, maintenant elle vit au Japon.

A vrai dire, elle ne peut se plaindre ni d’un pays, ni de l’autre. Toujours solaire, elle avait des amis sur qui compter dans les deux pays. Elle n’a jamais vraiment eu de difficultés à aller vers les autres. Elle était jeune, aussi, lors du déménagement. Très jeune. A ce qu’elle a compris, son frère, Mathéo, et sa sœur, Anna, ont bien moins bien supporté le déménagement.

« Tu sais, moi j’me souviens pas vraiment de la France. » Elle aimerait bien, en fait, avoir davantage que des images floues dans sa mémoire. « Et je pense que j’ai eu de la chance, j’me suis vite fait des copines. »

Ils se rapprochent petit à petit du réfectoire. Voilà que Lou se met à penser au menu du soir. Voilà. C’est davantage ce genre de pensées qui occupent son temps. Le trivial. Le nécessaire. Est-ce qu’il y aura aussi du dessert ?

Et finalement, une question lui vint, alors qu’ils sont presque arrivés au lieu du dîner. Si Naoya lui pose cette question, est-ce parce que la France lui manque, sans vraiment la connaître ?

« T’aurais aimé vivre en France, toi ? »

Lou trouve à Naoya un petit air triste. Elle ne saurait pas tout à fait mettre la main sur le pourquoi. Mais c’est ce qu’elle ressent, simplement, lorsqu’elle le regarde. France ou Japon, est-ce qu’il se trouve, lui, le cul entre deux chaises ? Lou a toujours apprécié naviguer entre ces deux cultures, et espère un jour pouvoir vivre dans le pays où elle est née. Juste histoire de tester. Il ne lui est jamais venu à l’esprit qu’elle serait trop japonaise pour s’y intégrer. Comme elle n’a jamais eu la sensation d’être trop française pour trouver sa place au Japon. Les deux pays sont siens, à égalité.

« Oh ! Ta mamie y vit encore ! Tu as de la chance, ça veut dire que tu as quand même une excuse pour pouvoir y retourner. »

Enfin, de la chance, tout dépend du point de vue. Lou n’a pas envie d’être de ceux qui donnent l’impression de ne pas écouter. Elle a bien compris que Naoya ne recherche pas vraiment les odeurs de son enfance.

« Fin, la chance… J’sais que je suis maladroite. Moi y’a plus personne de ma famille en France. Puis j’étais trop petite pour me faire de vrais amis. Le genre d’amis que tu gardes pour toujours. Du coup si j’ai envie d’y retourner… C’est sans repères ni rien et j’avoue que ça fait flipper. »

Elle hausse les épaules. C’est comme ça. De toute manière, Lou ne manque pas de courage et elle le sait bien. Si elle veut y arriver, elle le peut. Il va lui suffire d’un gros coup de pied aux fesses. D’une longue discussion avec papa et maman… En fait, elle ne sait pas trop quand elle devrait leur parler de ce projet d’étudier après le lycée en France. Elle a peur qu’ils projettent leur propre échec sur elle.

Et Mathéo, il en penserait quoi ?

Le réfectoire est maintenant à deux pas. Lou secoue la tête, comme pour chasser ses esprits et heureusement, Naoya est assez fort pour rebondir. « VRAIMENT ! » Beaucoup de ses camarades ont promis d’aller manger chez ses parents. Beaucoup ! Mais c’est souvent par politesse. Peut-être que l’enthousiasme de la brune ne leur donne pas vraiment le choix. « Tu sais, si on y va ensemble, j’peux même te faire manger à l’oeil ! Et si tu dis que tu viens de ma part, sans que je sois là, j’pense que maman fera une ristourne. » Lou dit qu’elle pense, parce que depuis leur dispute maman et elle, elle ne veut pas trop s’avancer. Lorsqu’elle était encore serveuse, c’était d’office.

Il n’y a plus que les portes, entre les deux adolescents et le réfectoire. Lou pousse doucement sur la porte, et s’enfonce vers la nourriture. Elle salue quelques camarades qu’elle croise, mais en réalité, elle n’attend personne et personne ne l’attend vraiment. Elle a des amies, des copains, et même une petite-copine. Mais elle sait qu’ils sont tous eux-mêmes assez sociaux et qu’ils peuvent, tout comme elle, se satisfaire de manger avec bien d’autres camarades.

Le plateau en main, Lou avance à travers les tables et montre à Naoya une petite table vide, sur laquelle ils peuvent s’asseoir tous les deux, un peu excentrée.

« Y’a de la place, on y va ? »

Lou secoue la tête de droite à gauche. Il n’y a pas de frein au commerce. C’est comme ça que ça fonctionne, même ! Il faut donner un peu de gratuité, montrer la qualité, et une fois qu’on a appâté le client… BAM ! Il revient. Parce qu’il est piqué. Et c’est bien ça qui marche. Lou ne se l’avouera jamais de cette manière, mais en réalité, en faisant cette petite publicité, elle sait qu’elle fait du bien au commerce de ses parents. En fait, elle a assez peur qu’ils puissent tout perdre, comme la première fois, alors elle se donne. Elle s’est certainement même un peu trop donné. Au point d’en perdre du temps… et des bonnes notes.

« T’inquiète même pas ! »

Lou regarde son plateau avec des grands yeux. Elle ne sait même plus ou donner de la tête. Elle adore la bouffe. Vraiment, elle adore. C’est pas pour rien qu’elle espère pouvoir accéder à une école de cuisine et de pâtisserie lorsqu’elle sera grande… Lorsqu’elle sera grande. C’est une formule qu’elle aime bien dire pour se donner l’impression qu’il lui reste encore beaucoup de temps avant de devenir adulte. Devenir adulte, ça fait peur.

C’est trop de responsabilités.

Et pourtant, il ne reste plus très longtemps avant qu’il lui faille décider de son avenir. En espérant que rien n’y personne ne lui mette des bâtons dans les roues. Elle attrape une grosse bouchée de riz, et répond à son camarade de karaté, la bouche complètement pleine :

« Moi ? Euh… » Elle réfléchit un petit peu. Comment dire qu’elle trouve ça à la fois super intéressant et compliqué ? « Bah j’ai failli ne pas passer la première année, donc la deuxième c’est pas de la tarte franchement. Mais c’est de ma faute, j’suis pas vraiment une lumière. » Ou bien une bête de travail. « Mais j’dégage un peu de temps, j’ai quitté le club de photographie pour pouvoir étudier, j’pense cette année ça ira mieux ! »

Elle espère. Enfin, même, il lui faut ! Pas question de se râter. Alors, oui. Elle ne sera pas la première de son année, loin de là, mais si elle peut s’assurer une petite mention. Rien qu’une toute petite, elle sera bien contente.

« Et toi, c’est quoi tes plans pour plus tard ?! »

Elle continue de parler, de manger, le tout un peu en même temps, sans vraiment se soucier de son apparence et du dégoût que cela pourrait provoquer à son camarade.