- Le DoyenPersonnel ; directeur (pnj)■ Age : 16■ Messages : 7829■ Inscrit le : 20/11/2007
Mon personnage
❖ Âge : 69
❖ Chambre/Zone n° : Chez lui
❖ Arrivé(e) en : Depuis toujours
C’est l’heure d’une petite interrogation surprise ! Vous qui aimez donner votre avis, cette dissertation devrait vous mettre en joie. En voici le sujet : Discuter, est-ce renoncer à la violence ? Vous avez 4 heures.
Dans cette épreuve, pas de forme imposée, pas de défi. Simplement votre imagination. Que ce soit au travers d'un souvenir personnel ou non, mettez votre personnage en scène vis-à-vis de la thématique proposée.
▬ Cette épreuve est un solo.
▬ Vous avez 24 heures pour poster votre réponse.
▬ L'épreuve se termine le dimanche 16 octobre à 23h59.
▬ Les réponses sont limitées à 1500 mots maximum.
- Elie JorgensenInvité
« Tu me rappelles pourquoi c’est toi qui a été envoyée dans ce bled paumé qui sent bon la fleufleur et la mièvrerie ? J’ai envie de vomir.
-Parce que l’accord passé avec cette petite île était clair Kalem, ils laissaient passer notre expédition sans faire de tapage sous quelques conditions… L’une d’entre elle était de venir papoter avec les élèves de leur école sur les bienfaits de la diplomatie.
-Et Sigurd pouvait pas y aller ?
-De deux choses l’une ; JE suis bien meilleure que Sigurd à ce genre d’exercice, il est donc tout naturel que ce soit MOI qui y aille et de plus, Sigurd a été envoyé sur une autre épreuve. Monsieur va faire de la poésie...
-T’es sérieuse ? Pourquoi ce troufion va faire ça ?
-De ce que j’ai compris, il est condamné à passer l’épreuve 5 ad vitam æternam, tant qu’il n’aura pas respecté les règles sur au moins un interforum.
-Quel blaireau...
-Bref, salle 207, tu vois où se trouve la salle 207 ? On va être en retard.
-T’as un souci avec le fait que j’en ai rien à péter ou c’est juste que tu comprends pas le français ?
-Ce que tu peux être pénible des fois. Tiens toi tranquille au moins devant les jeunes, je n’ai pas envie de regretter de t’avoir emmené…
-Mais quelle connasse… Tu m’as quasiment étranglé pour que je vienne... »
Kalem et Elie firent trois fois le tour du bâtiment avant de tomber sur une espèce de vieille folle en talons hauts, des lunettes plus larges que sa tête, une permanente tout à fait affreuse, une chemise à motifs du plus mauvais goût et la jupe serrée en dessous des genoux dont la couleur marronnasse complétait le costume de rosacée qu’elle avait sans doute enfilé le matin même avec beaucoup de satisfaction. Kalem ne manqua pas de se lâcher d’un commentaire au moins aussi fleuri que l’accoutrement de celle qui se présenta à eux comme étant la Principale de l’établissement. Elie réprima un sourire. Elle regrettait à moitié d’avoir emmené le nabot grincheux ; pour une masterclass sur la diplomatie, ça risquait de faire grincer. Elle remarqua en effet le sourcil levé de leur hôte, qui détaillait de bas en bas – puisque chez le nain Kalem, il n’y avait pas de haut – son petit partenaire.
Une fois orientés par madame Trémière – puisque tel était son nom – les deux compères firent irruption dans une salle de classe spacieuse et bordélique. Encouragés par le retard de leurs intervenants, les élèves en avaient profité pour déplacer les tables, organiser une tribune, désigner une responsable des prises et temps de parole et étaient parvenus au point numéro trois de l’ordre du jour de cette assemblée générale improvisée : « doit-on laisser la direction nous imposer un débat sur la violence ou doit-on péter la gueule de ces enquiquineurs ? »
Elie fut stupéfaite de tant d’organisation. Elle avait elle-même, au cours de sa carrière de comédienne exécuté des scènes d’improvisations avec de nombreuses personnes, certaines sur des sujets de révolte, mais jamais l’action théâtrale n’était parvenue à rendre compte du bazar organisé qu’était un véritable mouvement étudiant. Kalem baragouina des insultes dans sa barbe à l’adresse de chacun des étudiants ici présent, ce qui témoignait du vif intérêt qu’il leur portait.
« Chers élèves ! Tenta la comédienne d’une voix ferme et enjouée.
-TOUR DE PAROLE. ELLE N’A PAS RESPECTE LE TOUR DE PAROLE !
-Pardon, je n’étais pas au courant de… »
Une jeune élève aux tâches de rousseur se précipita dans leur direction alors que reprenaient les débats. Elle fit écrire à Elie son nom à la suite de la liste. Elle se tourna ensuite vers Kalem pour savoir s’il désirait faire une intervention et avant que celui-ci ne trouve encore une nouvelle façon désagréable de répliquer, sa partenaire lui écrasa vivement le pied, provoquant un concert de jurons qui interrompit une fois de plus les débats.
Vint le tour de parole d’Elie. En montant sur l’estrade de fortune, elle remarqua la présence, dans un coin de la pièce, de madame Trémière, dont la permanente dépassait de derrière un rideau. Elle comprit rapidement qu’on ne l’avait pas envoyée là par hasard. Il s’agissait de faire rentrer dans l’ordre cette petite classe d’agitateurs, avant que la direction ne se voit encore plus débordée.
« Chers élèves ! Recommença-t-elle son discours là où elle l’avait arrêté. On m’a demandé de venir discuter avec vous de la violence, aussi, c’est ce que je vais faire. J’imagine que vous n’avez pas la moindre envie de m’entendre déballer mon savoir devant vous, il s’agira donc plus d’une discussion, d’un échange, d’un débat, qui pourra fort bien s’insérer dans votre assemblée. Nous serons ainsi gagnants les uns comme les autres. Vous aurez votre AG, j’aurai rempli ma mission auprès de votre école. Des objections ? »
La voix de la comédienne avait aussitôt calmé l’entièreté de la classe. Eux naguère si rebelle se sentirent forcés d’approuver la proposition intrigante de cette intervenante extérieure. Par la simple proposition d’une petite discussion, elle avait mis un terme aux velléités violentes envers sa personne. Comme on le dit souvent, discuter, c’est renoncer à la violence.
« Moi je ne suis pas d’accord pour vous écouter.
-Qui me parle ?
-Pas besoin de connaître mon prénom, de toute façon j’en ai rien à foutre de votre gueule. Je pense que si on est réunis aujourd’hui, c’est pour mettre un grand coup dans les clochettes de l’administration et nous libérer de l’oppression. C’est pas avec une pseudo discussion philosophique qu’on va décider à quel endroit on fout le feu aux poubelles, si ?
-Je dois dire que le mioche à gros nez, s’il remugle sacrément du bec, dispose d’arguments intéressants. Je vote pour le petit con!
-Ta gueule Kalem...
-Je suis d’accord avec lui en fait. Vous essayez de nous entourlouper ! Au final, si on vous écoute pas mais qu’on fait notre AG on est gagnants quand même !
-Ils en ont dans le ciboulot, marrant comme les apparences sont trompeuses...
-Moi j’suis pas contre discuter avec vous madame, ajoute une autre élève, mais seulement si vous nous expliquez la meilleure façon de briser des genoux. Votre blabla sur la violence, c’est bien beau, mais dites vous que si on est violents, c’est en réponse à ce système oppressif bien plus violent que nous. Ils menacent même de nous envoyer un bataillon de la Marine. Alors que jusqu’ici, tout ce qu’on a fait, c’est lutter contre une réforme qui vise à nous formater et à payer moins cher pour nos études. On veut bien discuter, mais seulement si ça nous apprend à devenir violents.
-Que moi, je vous apprenne comment on devient violent ? Mais vous plaisantez, ricana Elie. Je me suis jamais battue de ma vie, je suis faible comme tout et je pourrais me casser le bras en mettant une gifle à quelqu’un… Sisi c’est vrai, vérifiez sur ma fiche technique, c’est marqué...
-Si je peux me permettre, intervint le nabot grincheux, vous avez tous le cerveau d’une moule pas fraîche et quand vous parlez j’ai envie de gerber sur vos faces de moutons rebelles. »
Nouveau silence dans l’assemblée. Qu’un être aussi laid et faiblard que Kalem se permette d’intervenir en les insultant tous, ça avait le dont de provoquer le silence. Puis l’hilarité. Le petit nain barbu, comme à son habitude, se vexa. Et son visage prit aussitôt une teinte violacée. Il allait exploser. Ce n’était plus qu’une question de secondes. Les rires s’arrêtèrent progressivement. Tout le monde y allait de sa petite réaction. Certains trouvaient le nabot comique, d’autres en avaient peur, les derniers ne comprenaient plus ce qui se passait.
« SACS A MERDE ! ÉTUDIANTS BOURGEOIS ENGONCES DANS LEURS PRIVILÈGES. VOUS SAVEZ PAS CE QUE C’EST QUE LA VIOLENCE, L’OPPRESSION, LE MANQUE DE RESPECT, ALORS VOUS VOUS PERMETTEZ D’ÊTRE ODIEUX. VOUS ÊTES BOUFFIS D’UN ORGUEIL MAL PLACÉ. J’ALLAIS VOUS DIRE QUE SI ELIE ÉTAIT INCAPABLE DE VOUS APPRENDRE À TAPER, ELLE ÉTAIT EN REVANCHE TOUT A FAIT EN MESURE DE VOUS ENSEIGNER UN AUTRE TYPE DE VIOLENCE, CELLE DES MOTS, CELLE PSYCHOLOGIQUE, CELLE QUI FONCTIONNE. MAIS VOUS PRÉFÉREZ VOUS MOQUER DE MOI ET CONTINUER DE TRANSMETTRE DES VALEURS AUSSI MERDIQUES QUE LES VÔTRES, TANT PIS POUR VOS FACES D’URÈTRES… »
Tout le monde fut d’abord choqué de cette explosion de violence contenue. Puis tout à coup, au bout de quelques secondes de silence, toute la salle applaudit, se levant pour acclamer le petit être colérique qui venait de crier toute la violence du monde. Elie se demanda si elle devait en rajouter une couche, mais les regards brillants des étudiants étaient clairs : par son discours, le nabot leur avait montré la voie. Elle craignit par contre que l’issue de leur intervention ne satisfasse pas la principale. En effet, celle-ci recroquevillée en boule dans son coin semblait toute fanée et anéantie. De deux choses l’une, soit les autorités de la petite île de Kobe High School poursuivraient l’expédition Luvneeloise pour obtenir réparation, soit on les inciterait à partir au plus vite et à ne plus jamais remettre les pieds ici.
Une chose était sûre, discuter, avec Elie et Kalem, c’était violent.
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