[PG16] Parfois, il vaut mieux ignorer certains détails…

Elle s’étire, Tsumugi, les bras levés vers le ciel avant de faire des moulinets avec son épaule gauche. Elle le sent déjà, avec l'entraînement du jour, elle est bonne pour sentir des courbatures le lendemain au réveil. Ses muscles tiraillent déjà d’avoir été trop sollicités. Il lui reste un peu moins de trois semaines avant sa première compétition de natation de l’année et la jeune fille est bien décidée à remporter ses épreuves. Elle a même commencé à se lever plus tôt en week-end pour entretenir son cardio en vue du 200m ! Elle. Tsumugi, qui loin d'être une lève-tôt, plutôt couche-tard, qui elle sait que si on la laisse vivre à son rythme, elle resterait éveillée le soir et dormirait une bonne partie de la journée. Mais les enjeux sont grands pour elle et elle sait, quand il est bon de sacrifier un peu de confort. Qui sait ? Peut-être que la voir autant se démener et, si peu râler pendant l’effort, redonnera un peu de courage à Nolan ? Elle aimerait bien en tout cas. Gardant ses pensées pour elle, elle ne fait que mentionner à Naoki son envie de montrer à son équipe de natation ce qu’elle vaut. La conversation se poursuivant sur le club de théâtre, elle écoute attentivement les avancées de Naoki, un léger sourire en coin. Il lui avait fallu tout de même un mois avant de commencer à s’y mettre.

« J’ai jeté un petit coup d’œil au tableau tout à l’heure, je savais que le club intéresserait, mais je ne pensais pas que ça se remplirait aussi vite ! Ça fait plaisir. Et de rien.»

Lui souriant, elle pense que c’est plutôt à elle de le remercier de leur trouver une activité de club où ils pourront bien s’amuser. Elle aurait bien aimé qu’il la rejoigne au club de natation, mais passer le trois quart du temps la tête sous l’eau n’est pas vraiment propice aux échanges. La tirant de ses pensées, Naoki lui propose un tour aux arcades. Un instant, les yeux de la jeune fille brillent d’intérêt avant qu’elle ne se mette à froncer les sourcils. S’ils y vont, il faudra marcher et elle n’est pas certaine d’avoir les cuisses assez solides et encore moins le mental. Les arcades, ce n’est clairement pas l’envie qui lui manque, surtout que ça lui ferait une belle coupure dans son quotidien cours, natation, révision, mais... Elle a la fatigue et, pire que tout, la flemme.

« Si on y va, tu me portes sur ton dos ? » Demande-t-elle, à moitié sérieuse.

Levant les yeux vers son ami, elle le trouve perdu dans ses pensées, le regarde fixe. Haussant un sourcil, elle se demande de qui il est encore tombé amoureux et cherche à suivre son regard quand il parle d’un certain Gareth. Et le seul « Gareth » qu’elle « connait » dans le secteur et qui marche dans leur direction est loin d'être un étudiant.

« Gar… Oh ? Tu connais personnellement Kobayashi-sensei ? » S'étonne-t-elle.

Encore surprise, elle lève la main, prête à faire un signe pour attirer l’attention de celui qui a été un de ses professeurs préférés, mais s’immobilise à mi-hauteur en sentant la tension de son ami. Étonnée, elle se tourne vers Naoki qui jure et n’a même pas le temps de lui demander ce qu’il se passe qu’il se cache dans son dos. Naoki ne la laisse cependant pas longtemps sans explication. Écarquillant les yeux, elle ne peut s’empêcher de lâcher une exclamation suraiguë :

« Quoi !? »

Dans toute cette histoire, Tsumugi se sent bien incapable de dire ce qui la choque le plus. Que Naoki ait couché avec son prof ? Que son prof soit potentiellement gay, adapte des jeux avant de passer a l’acte et potentiellement partisan du sadomasochisme ? Ou que ses croyances concernant le fait que les professeurs ne sont pas des êtres sexués sont en train de voler en éclats ? Naoki paniquant à ses côté, elle n’a pas le temps de réfléchir posément, encore moins classer les informations que son cerveau lui envoie en vrac. Se cacher ? Courir ? Go ? Mais si encore elle arrivait à cacher la vision de son professeur partageant le même lit que son ami… Mais qu’est-ce qu’il lui était passé par la tête ?! Oh elle le sait bien Tsumugi, qu’ils n’ont pas fait exprès. Mais, et si ça venait à se savoir ? Naoki aurait des ennuis et Kobayashi-sensei encore plus. Pour l’heure, il n’y a que deux personnes au courant… Et ce n’est pas elle qui ouvrirait sa bouche pour divulguer les secrets des autres. Il faut donc se montrer prudent et surtout discret ! La fuite comme Naoki l’entendait ne leur servirait pas, mais au moment où le corps de la jeune fille se décide enfin à sortir de sa pétrification, Naoki s’amuse à culbuter une poubelle. Pour la discrétion, ils repasseront.

“Mais… Mais qu’est-ce-que tu fous avec la poubelle ?!” S'étonne-t-elle.

Autour, les autres les regardent et la jeune fille se demande comment elle peut aider son ami et détourner les curieux. Les mains tremblantes sous l’appréhension, elle se baisse pour relever la poubelle. Heureusement qu’elle n’était pas pleine.

“Tu sais, ce n'est pas parce que tu as oublié ton téléphone que ta vie est fichue hein !”

Elle aurait pu faire mieux en termes d’impro, mais rien d’autre ne lui est venu. Regardant autour d’eux, elle remarque que les passants se dispersent, certains en ricanant. Son regard dévie vers son professeur. Cette fois, il ne lui est pas nécessaire d’essayer d’attirer son attention. Ils sont trois désormais à savoir. Baissant les yeux sur Naoki pour tenter de limiter l’afflux sanguin vers ses joues, ou du moins, cacher ses dernières aux yeux des autres, elle lui tend la main.

“Tu veux de l’aide ?”